Cet été, c’est camping !

Comment ne pas renoncer aux vacances en dépit des baisses de pouvoir d’achat ? Pour les Français, les campings constituent l’option la plus efficace, et les professionnels s’attendent à une bonne saison. Ils n’en font pas moins face à des défis cruciaux pour adapter leur activité aux changements climatiques et les rendre plus durables.

(© Adobe Stock)
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Encore mieux qu’en 2022 ? Fin avril, à Paris, la FNHPA (Fédération nationale de l’hôtellerie de plein air) tenait une conférence de presse sur l’actualité du secteur. En vue, une saison estivale qui s’annonce « encore plus spectaculaire » que celle de l’année précédente, selon Nicolas Dayot, président de la FNHPA. Déjà, le week-end de Pâques, les campings ont connu un bon taux d’occupation. Et pour la saison d’été, les carnets de réservation sont remplis à hauteur de 63 millions de nuitées, en hausse de 21% par rapport aux réservations à la même date en 2022, d’après le baromètre de l’hôtellerie de plein air d’Atout France. Fréquentations de la clientèle internationale et domestique sont toutes deux en hausse : 22 millions de nuitées (+33%, par rapport à 2022) pour la première et 41 millions (+15% vs 2022) pour la seconde. Le retour des étrangers déjà amorcé depuis la crise du Covid se confirme donc.

Et concernant les Français, une étude Ifop, réalisée en mars dernier, illustre combien le camping entre en adéquation avec leurs besoins actuels. En effet, dans un contexte inflationniste, 87% des Français estiment que le camping permet de mieux maîtriser les dépenses en limitant notamment celles alimentaires (92%) et en permettant de partir avec un grand nombre de personnes à un prix raisonnable (89%). Le camping est donc perçu comme un mode d’hébergement moins cher que les autres (87%) et qui permet d’aller en vacances, malgré la baisse du pouvoir d’achat (86%). Et de fait, pour 61% des personnes qui le pratiquent, le rapport qualité-prix constitue la motivation principale du choix du camping comme mode d’hébergement, contre 49%, il y a deux ans.

Au delà de cette évolution conjoncturelle, l’étude montre également une réalité sociologique qui a été un peu occultée par la visibilité donnée à une tendance assez récente, le « glamping » ou « glamorous camping ». Ce dernier consiste à faire du camping dans une location de luxe, équipée de draps de lin, lave-vaisselle, voire jacuzzi… Plus globalement, le secteur est monté en gamme, et des populations plus aisées se sont mises au camping. Néanmoins, « en France, nous sommes restés sur une clientèle très populaire par rapport à d’autres pays européens », explique Nicolas Dayot. Ainsi, d’après l’étude Ifop, 43% des campeurs réguliers sont issus de catégories sociales modestes. Certaines de leurs attentes sont spécifiques par rapport aux autres segments de clientèle. C’est notamment le cas de la possibilité de séjourner dans un hébergement « équipé comme à la maison » : elle s’avère fondamentale pour 55% des répondants issus des catégories populaires, contre 43% des catégories supérieures. C’est aussi le cas de la présence d’un centre aquatique et autres animations pour les enfants.

Parmi tous les campings de France qui se préparent actuellement pour accueillir au mieux leurs visiteurs de l’été figure aussi celui des « Flots Bleus », en Gironde. « Il retrouve une clientèle qui revient pour montrer sa solidarité », souligne Gé Kusters, vice-président de la FNHPA. Les « Flots Bleus » fait en effet partie des cinq campings proches de la dune du Pilat, qui ont quasiment disparu dans les flammes l’été dernier, dans le gigantesque incendie qui a ravagé la région. Un exemple qui rappelle que si les mois à venir s’annoncent profitables, la profession fait face à des enjeux majeurs. Tel est le prix de leur privilège : sis dans des espaces naturels, les campings doivent être capables de faire preuve de résilience, de capacité à gérer des événements extrêmes. Et ils doivent aussi adapter leur fonctionnement pour respecter au mieux leur environnement. Dans ce cadre, La FNHPA mène diverses actions : elle vient de publier une mise à jour de son « Guide pratique sur la sécurité des terrains de campings », réalisé avec le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Par ailleurs, elle participe aux travaux du Comité national du trait de côte pour tenter de préserver les capacités d’accueil des campings exposés à l’érosion côtière.

En outre, la profession s’est engagée dans un « plan Camping durable » avec l’Ademe, Agence de la transition écologique. Par exemple, un « Livret Zéro Déchet » récapitule 13 bonnes pratiques à mettre en œuvre. Le document a été réalisé suite à une expérimentation menée ces trois dernières années, notamment en Bretagne. Là, en 2021, l’initiative a permis de réduire la production d’ordures ménagères jusqu’à 80%, alors même que la fréquentation avait augmenté. Exemple d’astuces : le sac à ordures transparent distribué aux clients, qui met à nu le fautif n’ayant pas trié ses ordures...« Les campeurs sont intéressés par la transformation durable. Mais l’efficacité n’est pas toujours là, car dans les priorités, celle de réussir ses vacances passe avant ! En général, les vacances sont le moment où l’on est le moins vertueux sur le plan écologique », explique Nicolas Dayot.

La sensibilisation des clients est loin d’être le seul axe d’amélioration visé. En Bretagne, l’expérimentation a permis une montée en compétence des gestionnaires de camping sur les sujets liés à l’énergie et au changement climatique, en particulier sur la consommation d’eau et d’énergie. Et un tiers des campings en Bretagne ont été identifiés comme ayant un potentiel de développement de solaire thermique. Cet enjeu là est majeur, pointe Nicolas Dayot. Pour accompagner le développement du parc automobile électrique, les campings, souvent isolés, vont devoir renforcer leur capacité de production électrique. « Il va être nécessaire d’installer des panneaux solaires. Or, la loi interdit d’en installer dans certains camping littoraux », note Nicolas Dayot, qui plaide pour « plus de souplesse ». Les contraintes réglementaires, un autre prix à payer pour le privilège d’être situé dans des lieux d’exception…

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