Chez McDonald's France, les champs de blé de l'Oise seront régénérateurs

Si le blé de ses buns est 100% français, McDonald’s France teste et déploie en exploitations agricoles des méthodes d’agriculture innovantes en vue d'une agriculture régénérative. Dans l'Oise, la coopérative Val France teste le programme depuis septembre 2021. À Nanteuil-le-Haudouin, une exploitation céréalière est intégrée à ce projet pilote.

Émeric Duchesne, un exploitant céréalier de l'Oise, teste le programme pilote ARA-Blé de McDonald's France.
Émeric Duchesne, un exploitant céréalier de l'Oise, teste le programme pilote ARA-Blé de McDonald's France.

C'est une nouvelle étape pour McDonald's France et une nouvelle page pour l'agriculture industrielle française. Si en 2009 l'enseigne a adopté une stratégie agroécologique, depuis 2019 c'est vers la durabilité et la responsabilité environnementale que se tourne son avenir. Améliorer la résilience des systèmes de production et plus globalement l’impact environnemental des exploitations agricoles partenaires.... tels sont les objectifs que s'est fixé MacDonald's France jusqu'en 2030, en lançant, en septembre 2021, le programme ARA-Blé (Agriculture régénérative et agroforesterie dans la filière blé). Un projet pilote qui s'inscrit dans le cadre de sa Stratégie Filières Durables 2020-2030 pour la production du blé CRC® (Culture raisonnée contrôlée), qui sert à fabriquer sa farine Label rouge (une farine certifiée depuis 2021).

Et l'enjeu est de taille pour la chaîne de restauration rapide : avec 1 536 restaurants (331 franchises) et plus de deux millions de repas servis par jour en France, « nous avons une responsabilité, explique Éloi De la Celle, directeur achats/qualité/logistique/environnement chez McDonald's France. Nous travaillons avec des fournisseurs français depuis plus de 30 ans mais d'ici 2030 nous avons l'objectif de réduire nos impacts des activités et d'impulser une régénération des écosystèmes. Nous voulons aussi réprouver nos impacts faits par le passé. »

Une autre façon de faire de l'agriculture

Cet objectif s'étend à toutes ses filières d'approvisionnement, avec, par exemple, le bien-être animal comme credo pour ses filières bœuf, poulet et poisson. Mais du coté de la filière blé - concernant la confection de ses buns - c'est un engagement fort pour les 30 000 tonnes de blé récoltées par an, provenant de 724 agriculteurs. Car il entraîne les exploitants vers une autre façon de cultiver. L'agriculture régénérative représente cette filière d'avenir. Inspirée par des techniques provenant de la permaculture, elle fait du champs un écosystème harmonieux, productif, autonome, naturellement régénéré (par la plantation de plantes et de haies) et respectueux de la nature. Cette méthode holistique est à la croisée entre l'agriculture biologique et l'agriculture de conservation des sols, dont le but est de produire avec le vivant, en assurant la régénération des sols, la biodiversité ainsi que la qualité de l’eau et de l’air. « Pour avoir une filière résiliente », présente Élodie Boudet, responsable de la filière durable chez McDonald's France.

Une autre technique est utilisée, en associant des arbres et des culture ou des animaux d'élevage dans un même système de production agricole, ce qui permet de réintégrer la biodiversité dans et autour des parcelles agricoles : c'est le principe de l'agroforesterie. En créant des zones refuges et de circulation qui améliorent la résilience globale des systèmes de culture aux maladies et ravageurs, les exploitations agricoles deviennent un vrai lieu de biodiversité. L'enseigne ambitionne d'initier et d'accompagner la plantation de 20 000 arbres dont 16,5 kilomètres linéaires de haies en trois ans. Avec ses nouvelles techniques utilisées dans sa filière blé CRC®, McDonald’s France entend limiter ses impacts mais aussi participer à la régénération des sols... et réparer les écosystèmes abîmés par l’agriculture industrielle.

ARA-Blé accompagne les agriculteurs

Tout ce processus est intégré dans le projet pilote ARA-Blé, principalement construit et financé par l'enseigne. Il a été lancé en 2022 au sein d'une exploitation dans l'Isère, par la plantation d'une première haie de 265 mètres linéaires. Avec ce dernier, McDonald’s France, conjointement avec Bimbo QSR (son fournisseur de petits pains), accompagne les agriculteurs de deux de ses dix coopératives françaises de la filière blé (Val France et Oxyane). In fine, l’enseigne souhaite réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 35% par transaction, sur l’ensemble de son périmètre d’activité, à horizon 2030 et par rapport à 2005. Pour mener à bien le projet ARA-Blé, en expérimentation pour une durée minimale de trois ans, McDonald’s et Bimbo QSR se sont entourés d’un consortium d’experts : l'ONG Earthworm Foundation (qui accompagne les entreprises sur les problématiques de leur chaine d’approvisionnement et dans la transition vers l'agriculture régénérative avec son programme Sols Vivants), Agroof (spécialiste de l'étude et du développement des systèmes agroforestiers en France) et Icosystème (société de conseil et centre de formation professionnelle spécialisée dans l’accompagnement de la transition agroécologique).

Au total, 47 agriculteurs français ainsi que leurs équipes agronomiques dans les deux coopératives partenaires sont suivis et formés à travers ce programme. « Nous l'expérimentons à petite échelle dans le but d'un passage à grande échelle », note la responsable de la filière durable chez McDonald's France. Ces 47 agriculteurs représentent 232 hectares de couverts agronomiques diversifiés semés, plus de 8 000 mètres de haies plantées, près de 50 diagnostics carbone et sol réalisés et plus de 180 parcelles référencées. Déjà six projets d’agroforesterie, plus précisément de plantation de haies en bordure de parcelles, représentent 8,5 km de haies soit 8 571 arbres. Pour ce faire, le programme propose un accompagnement et des formations sur mesure, selon les exploitations de chaque agriculteur. Et deux ans après, les premiers résultats sont encourageants : la coopérative Oxyane enregistre une réduction des impacts carbone de 20% et Val France, 30%, pour les agriculteurs concernés.

À Nanteuil-le-Haudouin, on plante des tournesols après la moisson

Émeric Duchesne est un agriculteur céréalier à Nanteuil-le-Haudouin, dans le sud-est du département, à la tête d'une entreprise familiale, qui teste le programme ARA-Blé. Sur ses 230 hectares, 60 sont concernés par les nouvelles techniques de l'agriculture régénérative. « Oui nous avons un rôle à jouer, témoigne l'agriculteur. Il faut accentuer l'action de pompe à carbone de nos champs. Nos ancêtres n'avaient pas la problématique du réchauffement climatique, nous devons changer nos pratiques. »

À gauche, des tournesols poussent sur le champs moissonné, et à droite, de la silphie.

Cet exploitant utilise la technique de couverture de sol, dont le principal impact est de ne pas laisser le sol nu après une moisson. Et les effet sont multiples : couvrir un sol avec de l’enherbement naturel, ou avec des couverts végétaux choisis et semés (en associant diverses plantes) climatise naturellement les parcelles, les protège du soleil (et des fortes températures), accroît la fertilité du sol, et facilite l’infiltration de l’eau. La couverture des sols en hiver est désormais obligatoire pour les parcelles situées en zone vulnérable depuis 2023... alors pourquoi ne pas l'avoir fait avant ? « Parce que nous avons un objectif de rendement, nous travaillons beaucoup, nous n'avons pas accès à la formation, répond-il. Nous utilisons des techniques qui ne sont plus adaptées mais même si cette nouvelle philosophie est contraignante, elle permet une meilleure qualité des sols et tous les bénéfices que l'on connaît. »

Tournesols et silphies poussent donc désormais sur une parcelle moissonnée. Leurs missions ? Piéger le nitrate et conserver l'azote (vitamine C des plantes) dans le sol. En complément, Émeric Duchesne a planté 4 km de haie, servant de brise vent et offrant un habitat aux insectes pollinisateurs des cultures. Il a également instauré la rotation de culture, entre le blé et les betteraves, afin d'éviter le compactage du sol, améliorant ainsi l'état physique du sol dans sa structure et sa texture. Quant aux tournesols, ils serviront ensuite à alimenter son méthaniseur, qui alimente en gaz vert une partie de la ville de Senlis. « Nous sommes les soldats du climat, mais nous ne pouvons agir seuls », prévient-il.

Un soldat du climat désormais épaulé par McDonald's France, qui se veut engagé dans le défi du réchauffement climatique pour sa production de farine... et impulser une consommation responsable.

Val France en chiffres :

  • 1 493 agriculteurs.
  • 140 000 hectares.
  • 29 silos nouvelle génération.
  • 170 salariés permanents.
  • 800 000 tonnes de blé récoltées dans l'Oise (15 000 en bio).