Commerce 2020 : l’activité bouleversée

Au printemps 2020, les secteurs commerciaux ont subi de plein fouet les conséquences de la crise sanitaire engendrée par la Covid-19. Si les commerces de produits alimentaires semblent avoir bénéficié de la situation, les autres risquent leur pérennité.

(c)Adobestock
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Dans une étude consacrée au commerce, publiée le 10 juillet dernier, l’Insee esquisse les premières tendances pour 2020, et revient sur la situation du secteur pendant le confinement.

Dans le commerce de gros, les ventes en produits alimentaires ont légèrement diminué en mars dernier, par rapport au même mois de l’année 2019, de façon plus nette en avril. Cette situation s’explique par l’arrêt complet de l’approvisionnement de la restauration, mais aussi l’engagement des centrales d’achats dans la gestion de la chaîne d’approvisionnement alimentaire des magasins. Pour les produits non alimentaires, les ventes des grossistes ont en revanche plongé, mais de façon moins marquée que dans le commerce de détail.

Dans le commerce de détail, le stockage de denrées par crainte de pénurie pendant le confinement, le risque de contamination, ainsi qu’une restauration à domicile plus importante ont entraîné une forte hausse des ventes de produits alimentaires (+5,7% en mars par rapport à 2019). Les ventes du commerce non alimentaire spécialisé, en revanche, ont fortement régressé, à l’exception des pharmacies.

Le chiffre d’affaires des supermarchés bondit au printemps

Le commerce alimentaire, en particulier dans les grandes surfaces non spécialisées, s’est nettement ralenti en 2019. La loi Agriculture et alimentation (Egalim), mise en place le 1er janvier 2019, dont l’une des dispositions encadre les promotions pour les produis alimentaires a eu un impact modéré sur l’indice des prix des produits de grande consommation dans la grande distribution, note l’Insee. Pour 2020, la crise confirme le recul des hypermarchés. Les ventes y sont restées globalement stables en mars et ont diminué en avril.

En revanche, les ventes des produits alimentaires se sont envolées dans les supermarchés. Ces derniers ont également enregistré une croissance inédite de leur chiffre d’affaires pour les produits non alimentaires, depuis mi-mars. Cette hausse s’explique probablement par la fermeture des magasins spécialisés sur fond d’épidémie. D’autre part, pendant la crise sanitaire, les consommateurs ont tenté de trouver des alternatives aux sorties divertissantes interdites pour cause de confinement. Ce qui a permis de booster fortement les ventes de livres, jeux et accessoires de bricolage.

Les magasins bio ont aussi bénéficié d’une hausse marquée de leurs ventes en avril et mai.

L’emploi s’adapte

Le marché de l’emploi a lui aussi été fortement touché par la crise sanitaire : au premier trimestre 2020 l’ensemble du secteur commercial a perdu 22 000 salariés. Mais, en mars et avril, les commerces de produits alimentaires généralistes, qui ont dû répondre à une forte demande, ont augmenté leurs effectifs, avec des embauches en CDD et intérim, contrairement aux enseignes non alimentaires. Ces dernières ont été contraintes de recourir au dispositif de chômage partiel, après leurs fermetures administratives, en vertu du décret n°2020-293 du 23 mars 2020 (68% des salariés du commerce concernés au 22 juin). Les effets à court terme sur l’emploi pourraient être positifs pour deux secteurs non concernés par ces mesures d’urgence sanitaire, la vente à distance et le commerce alimentaire, note l’Insee.

La vente en ligne de plus en plus prisée

Tandis que certaines boutiques physiques sont confrontées à de réelles difficultés (une cinquième année consécutive de baisse pour les ventes en magasins spécialisés dans l’habillement et la chaussure, par exemple), la vente en ligne poursuit sa progression (+3,2% en 2019 après +2,1% en 2018). Et la crise a accentué la tendance, comme en témoigne la forte hausse, au mois de mars, des achats par carte bancaire. Toutefois, les difficultés de livraison dans le secteur de l’e-commerce pendant la période du confinement ont constitué un frein non négligeable à l’achat en ligne.

La conjoncture a imposé de nouveaux paradigmes de consommation et d’usage. Les Français sont aujourd’hui plus nombreux à vivre l’expérience de l’achat sur Internet. Les différents secteurs commerciaux doivent trouver des solutions adaptées à ces nouvelles tendances.

Repères : en volume, la consommation des ménages en biens a reculé de 17 % en mars et de 34% en avril par rapport au même mois de l’an passé, avant de se redresser en mai (-8%).

Jihane MANDLI et B.L