Des signes préoccupants pour les TPE du bâtiment

L’activité des entreprises artisanales du bâtiment continue de décliner, confirmant la tendance déjà observée depuis plusieurs mois. La baisse s’accélère dans la construction neuve, tandis que les travaux de rénovation stagnent.et que l’amélioration thermique des logements peine à décoller.

(c)Adobestock
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Sans surprise, la crise du logement pénalise l’activité des entreprises du bâtiment, en particulier l’effondrement de la construction neuve. Ce constat ressort de l’étude de conjoncture publiée le 19 octobre par la Capeb (Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment). Le repli d’activité des artisans du secteur est estimé à 1% ce troisième trimestre. La chute de l’activité de la construction neuve s’accentue à -3%, contre -1,5% au second trimestre. En cause, la diminution du nombre de permis de construire délivrés qui se poursuit. En septembre, la baisse atteint 28,3 % sur un an, selon les derniers chiffres du ministère de la Transition écologique (371 300 nouveaux logements ont été autorisés d’octobre 2022 à septembre 2023).

En parallèle, une décrue se fait sentir sur le marché des logements anciens. En recul, les ventes, devraient passer sous la barre du million de transactions réalisées cette année proches des -20 %. Cette tendance est en grande partie due au durcissement des conditions d’accès au crédit, conjugué aux contraintes budgétaires des ménages. Et ces pressions ne se limitent pas à l’acquisition de biens immobiliers, mais se répercutent progressivement sur le marché locatif. Conséquence, sur le segment de l’entretien-rénovation, les artisans parviennent à maintenir une activité stable, mais une diminution progressive est observée d’un trimestre à l’autre.

Un ralentissement national

La baisse d’activité de l’artisanat du bâtiment affecte l’ensemble des régions métropolitaines. Alors qu’au deuxième trimestre, certaines faisaient preuve de résistance, la situation s’est dégradée sur le semestre. L’enquête confirme une « uniformisation » du ralentissement, entre -0,5% et -1,5%. Tous les métiers sont touchées, mais à des niveaux différents. Les entreprises spécialisées dans la maçonnerie, particulièrement fragilisées en raison d’une forte implication sur la construction neuve, subissent une baisse plus prononcée de leurs volumes d’activité.

Globalement, les soldes d’opinion sur les carnets de commandes virent au négatif. Début octobre, les TPE du bâtiment disposaient de 77 jours de travail à prévoir, correspondant à une diminution de 22 jours par rapport à l’année précédente. Cette situation se répercute sur leur trésorerie : la baisse d’activité, associée à l’allongement des délais de paiement des clients contribuent à un indicateur de trésorerie défavorable (-13 points). Selon l’étude, 19% des entreprises interrogées se trouvent confrontées à des besoins en trésorerie de 30 000 euros au minimum, contre 22 000 euros, un an auparavant.

Des perspectives pessimistes

Signe d’un repli de l’activité, pour la première fois, les petites entreprises (moins de 20 salariés) du bâtiment connaissent un fléchissement de l’emploi-salarié (-0,8% sur une base annuelle). Cette réduction pourrait annoncer des défis plus importants à relever à l’avenir. La situation actuelle du logement renforce l’idée d’une baisse continue de l’activité courant l’année 2024, avec une dégradation accentuée sur le marché du neuf, qui souffre de conditions de financements moins avantageuses et du renchérissement des coûts de construction, les prix des matériaux dépassant le taux d’inflation.

De plus, contrairement aux attentes, les travaux visant à améliorer l’efficacité énergétique des logements « perdent du terrain » ce troisième trimestre, relève la Capeb. La dynamique ralentit, à +1,5% seulement, après une croissance de 2% au trimestre précédent. Une situation qui demeure préoccupante pour les artisans, en décalage avec les objectifs gouvernementaux d’aide à la transition écologique. La complexité du système en vigueur, notamment les règles changeantes concernant l’accès aux aides découragent à la fois les particuliers et les entreprises à s’investir dans ce marché « pourtant essentiel », pointent encore les professionnels du bâtiment.