Écotaxe : les transporteurs picards disent non !

Les transporteurs picards s’opposent au péage de transit.
Les transporteurs picards s’opposent au péage de transit.

D’abord appelé écotaxe, cet impôt, qui donne le droit aux transporteurs routiers d’utiliser les routes, a fait réagir de nombreuses entreprises de transport. La Fédération nationale des transports routiers (FNTR) de picardie a rappelé sa position lors de son assemblée nationale sur cette taxe désormais baptisée péage de transit et qui sera applicable dès janvier 2015.

Les transporteurs picards s’opposent au péage de transit.

Les transporteurs picards s’opposent au péage de transit.

L ’écotaxe définitivement oubliée ? Non, pas tout à fait. Après la vague de contestations intervenue dans toute la France et notamment en Bretagne avec ses bonnets rouges, l’écotaxe est au cTmur de tous les débats, encore une fois : l’exécutif ayant déposé un amendement pour modifier son régime. Pour l’État, l’écotaxe n’est pas seulement un nouvel impôt mais une mesure de justice visant à faire payer le fret routier (et non le contribuable), le droit d’utiliser les routes, dans l’idée de com- penser financièrement la pollution des transporteurs routiers. L’idée est aussi d’inciter ces derniers à utiliser d’autres moyens moins polluants que la route. Suspendue le 20 octobre 2013, l’écotaxe est de retour, mais sous un autre nom, le péage de transit, pour les poids lourds de plus de 3,5 tonnes, limité à 4 000 kms de route, contre 15 000 prévus initialement. Les recettes de cet impôt doivent financer de nouvelles structures.

Même si avec cette deuxième version l’écotaxe semblerait moins toucher la Picardie, les transporteurs routiers picards, qui sont souvent sur les routes parisiennes, ont un avis très tranché sur la question, entre insatisfaction et questionnement. « Nous sommes contre. Il y a un décalage entre le discours pro entreprise du gouvernement et la réalité des mesures prises. En plus, le délai est bien trop court car janvier 2015, c’est demain, et aucune PME n’est capable d’être prête et aucune modalité n’a encore été donnée », note Nicolas Paulissen, délégué de la FNTR.

Un secteur en crise

Cette mesure est d’autant moins acceptée que le secteur du transport routier subit la crise de plein fouet : entre 2007 et 2013, le secteur à connu une baisse d’activité de l’ordre de 21,3 %, une baisse des immatriculations de 17,3 % et une baisse des créations d’entreprise de 22,7 %. Seul l’emploi est préservé avec une baisse de seulement 1,8 %. Selon la FNTR, « en 2015, la situation devrait être plus positive ». Pour le moment, les entreprises de transport picardes sentent la crise et subissent un contexte peu favorable pour la croissance. « Nous avons un retour très négatifs des chefs d’entreprises avec la dureté des contrôles et une exaspération des chefs d’entreprises. Désormais, il faut qu’ils revoient leur organisation même de leur entre- prise car la réalité de la crise va soit nous amener vers une mutation soit par une reprise d’activité, dans tous les cas, la solution sera l’adaptation », explique Nicolas Paulissen.

Une AG sous le signe du changement  

Dès 2015, les entreprises de transport routier et de transport voyageurs vont connaître de nombreux changements. Entre les nouveaux contrats, les négociations salariales en cours et la décentralisation, la Fédération nationale des transporteurs (FNTV) de Picardie a su rassurer ses adhérents sur l’avenir de la profession. Du côté de la FNTR, l’actualité professionnelle est dense  : écotaxe, nouveau plan de compétitivité, nouvelles formations. Mais c’est le nouveau compte de pénibilité qui a fait réagir l’ensemble des entreprises de transport routier présentes lors de cette assemblée. Dès janvier 2015, un compte de pénibilité sera introduit dans toutes les entreprises. Ce compte concerne les salariés exposés à un ou plusieurs facteurs de pénibilité (il y en a 10 au total). L’entreprise sera alors obligée de suivre individuellement le salarié concerné et de remédier aux facteurs de péni- bilité qui l’empêcheraient de travailler, soit par une compensation de salaire, soit par le financement d’une formation, soit par un départ en retraite anticipée. Toutes les entreprises seront obligées de payer une cotisation de l’ordre de 0,2 % sur l’ensemble de la masse salariale et des cotisations supplémentaires selon le nombre de salariés concernés par ce problème. « C’est un nouveau dispositif de compensation de la pénibilité qui s’accumule avec la loi de 2010 sur la prévention de cette dernière. Alors, vaut-il mieux la prévenir ou la compenser ? Et l’avenir juridique des PME est en jeu ». Une pétition circule sur Internet contre cette mesure. « Nous ne sommes pas pour la pénibilité mais contre un projet qui est bancal. Venez dans nos entreprises, nous faisons en sorte que le métier soit le moins pénible possible au quotidien  », s’est exclamé un chef d’entreprise.