Entreprendre au féminin

Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, a proposé fin août 2013 un plan de promotion de l’entrepreneuriat féminin. L’objectif est d’atteindre le taux de 40 % de femmes chefs d’entreprise en 2017. En Picardie, 29 % des entreprises créées en 2010 l’ont été par des femmes.

L’objectif est d’atteindre le taux de 40 % de femmes chefs d’entreprise en 2017.
L’objectif est d’atteindre le taux de 40 % de femmes chefs d’entreprise en 2017.
L’objectif est d’atteindre le taux de 40 % de femmes chefs d’entreprise en 2017.

L’objectif est d’atteindre le taux de 40 % de femmes chefs d’entreprise en 2017.

Alors que la deuxième édition de la semaine de sensibilisation des jeunes à l’entrepreneuriat au féminin vient de s’achever, une étude de l’Insee vient éclairer pour la première fois la situation en Picardie. En 2010, les femmes ont créé 29 % des entreprises et 31 % des auto-entreprises, des chiffres comparables à la moyenne nationale qui est de 30 %. Un taux qui stagne depuis de nombreuses années.

Faire progresser l’entrepreneuriat
Pour faire évoluer la situation, le plan comprend trois axes stratégiques : sensibiliser, orienter et informer, renforcer l’accompagnement des créatrices et faciliter l’accès des créatrices au financement. Au niveau local, Nadia Castain, déléguée régionale aux Droits des femmes et à l’égalité, un service directement rattaché à la préfecture, est chargée de réunir l’ensemble des acteurs (Caisse des dépôts, DIRECCTE, délégations institutionnelles, Insee…) pour conclure un accord. « L’objectif est de structurer au niveau régional les acteurs de la création d’entreprise et d’inclure des indicateurs qui permettront d’évaluer la situation chaque année », expliquet- elle. En plus d’apporter plus de lisibilité à l’accompagnement, l’idée est aussi de renforcer la communication autour des dispositifs existants, comme le Fonds de garantie à l’initiative des femmes, qui reste méconnu des femmes et des acteurs bancaires. Si les élus ont un rôle important à jouer, les entrepreneurs, hommes et femmes, sont également des éléments clés dans la sensibilisation des jeunes à la création d’entreprise. « Nous avons besoin de parrains et de marraines pour venir témoigner au sein des écoles et des universités. Je souhaite que les témoignages soient mixtes pour que tout le monde puisse s’identifier », commente la déléguée régionale. En plus de la sensibilisation à l’entrepreneuriat au féminin, des concours sont organisés chaque année dans les trois départements. Acti’femmes, créé dans l’Oise par la BGE Picardie en 2004, reste le plus emblématique. Il récompense des entrepreneuses dans différents domaines : artisanat, dynamique rurale, politique de la ville, économie sociale et solidaire, développement et création d’emplois. « Nous souhaitions promouvoir le parcours de ces femmes, les encourager et montrer que l’on pouvait réussir dans n’importe quel secteur », souligne Sébastien Dottin, directeur de la BGE Picardie. « Les femmes ne représentent qu’un chef d’entreprise sur trois alors qu’elles sont autant que les hommes à vouloir créer leur entreprise. Les risques liés à la création les freinent beaucoup et la gestion des temps de vie reste une contrainte. » Chaque année, la BGE Picardie accompagne en moyenne 1 500 femmes.

Des chefs d’entreprise solidaires
En Picardie, les chefs d’entreprises femmes sont cependant très actives et n’hésitent pas à s’impliquer. C’est le cas de Fany Ruin, fondatrice de FanyStyle, une entreprise installée à Aillysur- Noye, dans la Somme, qui propose des vêtements ainsi que des objets publicitaires et travaille aussi bien avec Boucheron qu’avec des associations. L’entrepreneuse est présidente du Club Diane depuis 2012, une structure qui dépend de la CCI Amiens-Picardie et qui regroupe des entrepreneuses. « Au début, j’étais réticente à l’idée d’intégrer ce club – je préfère la mixité – et, a priori, une assemblée exclusivement féminine ça ne m’intéressait pas trop, confie Fany Ruin. Mais j’ai beaucoup aimé l’ambiance et l’approche de Patricia Malterre, l’ancienne présidente », ajoute-t-elle. Si chacune exerce dans des secteurs différents, toutes ont les mêmes problématiques. Le club facilite les échanges et crée une solidarité entre les membres, en dehors de tout business. Fany Ruin souhaite continuer à développer ce club, notamment en créant un réseau national en s’appuyant sur les CCI de l’Hexagone. Sur la question de la création au féminin, la dynamique chef d’entreprise a un avis bien tranché : « Je pense que les femmes manquent beaucoup de confiance en elles et qu’elles sont co-responsables de la situation. Oui, monter une société c’est compliqué, mais les femmes sont habituées à gérer plein de choses à la fois et elles sont obstinées. »