Exploration au coeur de la maison de demain

A quoi ressemblera la maison du futur ? C’est ce qu’explore l’exposition « habiter demain, re-inventons nos lieux de vie », qui se déroule actuellement à la Cité des sciences et de l’industrie, à Paris.

Exploration au coeur de la maison de demain

Demain, nous serons 9 milliards d’êtres humains, dont deux milliards auront plus de 60 ans. Les deux tiers d’entre nous vivront dans des villes, des villes toujours plus soumises à des sècheresses, des inondations, des tempêtes issues des dérèglements climatiques… Demain, c’est en 2030, et c’est l’horizon auquel invite à se projeter l’exposition « habiter demain, re-inventons nos lieux de vie », qui se déroule à la Cité des sciences, à Paris, jusqu’au 10 novembre 2013. Ces évolutions climatiques et sociétales seront lourdes en conséquences sur l’habitat. Elles le sont déjà, montrent les photographies de ces immenses tours de Hong Kong devant lesquelles passe le visiteur, avant de rentrer dans le coeur de l’exposition. Par petits modules successifs, celle-ci explore plusieurs directions, des matériaux utilisés aux utopies des architectes, en passant par les systèmes d’économie d’énergie ou encore les questions de santé suscitées par l’habitat. Des textes introductifs sont accompagnés d’animations qui permettent de toucher le propos du doigt… ou de l’oreille. Le bruit dans la maison, par exemple, dont se plaignent le tiers des Français : trois cabines mises côte à côte permettent de tester l’acoustique d’un appartement, en fonction la manière dont a été réalisée l’isolation sonore, par rapport à la rue et à l’intérieur de l’immeuble.
Mais c’est par les matériaux dont sont réalisés les murs – et que l’on peut toucher – que le visiteur rentre dans la maison de demain. Pour l’instant, les matériaux les plus utilisés demeurent la terre cuite, l’acier ou le bois. Mais la recherche est très active pour les rendre plus performants, par exemple du point de vue énergétique, ou pour trouver de nouveaux matériaux. Dans le futur, donc, les vitres modifiées pourraient changer de couleur en fonction de l’ensoleillement.… Quant aux murs, ils pourraient inclure des fibres végétales qui rendraient l’isolation écologique. Déjà, avec des matériaux traditionnels, la différence peut être énorme : une même famille passe du pull, à la parka, à la tenue d’esquimaux, en fonction de la structure du mur de sa maison. Celle qui contient de la paille atteint 15 degrés, la deuxième, en bois, 11 degrés, la troisième en brique, 5,5. L’isolation est un enjeu important.
Autre enjeu, lié à la consommation électrique des ménages qui a doublé en 25 ans : celui de l’économie d’énergie. L’exposition fait un focus sur un changement de paradigme qui verrait les ménages devenir producteurs d’énergie, au-delà même des besoins de leur maison, avec des solutions comme la géothermie. L’habitat n’est pas neutre non plus sur la santé de ceux qui l’habitent, comme le montre le test du bruit, qui engendre fatigue et stress, mais aussi les tests olfactifs qui permettent de déceler des odeurs de chien, de tabac froid ou de produits ménagers. Toute une batterie d’outils devrait permettre de mesurer et de surveiller ces nuisances dans la maison.

La société dans et autour de la maison

Par ailleurs, la maison, c’est aussi un fait sociétal montre une vidéo où se transforme un habitat au fil du temps et des usages : la salle à manger disparaît, qui se confond avec le salon – voire avec la cuisine, avec la cuisine américaine… Et la famille du futur se regroupe autour d’un vidéoprojecteur – même si chacun est doté d’un écran personnel. Dans les années 50, cette même famille au salon se réunissait devant une télévision massive. Avant que cette dernière ne laisse la place à une multiplicité de télévisions, un peu dans toutes les pièces… C’est certain, la famille montrée dans la vidéo habite dans un pays où existent des normes d’habitat : elles sont illustrées par un module de 9 m², avec 2,20 m sous plafond pour un volume de 20 m3. C’est la surface qui définit, avec d’autres critères, un « logement décent », dans le décret du 30 janvier 2002, en France.
Sur un écran, défilent des images d’habitats insalubres et dangereux, au Bangladesh, en Russie, au Honduras et ailleurs … Au sortir de ce module de 9m², on se trouve nez à nez avec la maquette d’un « pavillon multiconfort », à basse consommation et à énergie positive, construit en 2011 près d’Angers. Grandes verrières, terrasses agréables et panneaux solaires… le rêve écologique ? Le cauchemar, plutôt, nous enseigne le module suivant : car comment nourrir 9 milliards de personnes, si la ville s’étend parce que chacun construit son pavillon – fut-il à basse consommation – sur des terres qui pourraient être cultivées, et doit se déplacer pour aller travailler ? Repenser l’habitat, c’est aussi repenser l’espace urbain dans lequel il s’inscrit, les transports… Des images et textes explorent des utopies d’architectes, l’hypothèse d’une « ville vivrière » avec des fermes intégrées dans l’espace urbain…