Tourisme

Face au réchauffement climatique, 1,2 million d’euros a été investi pour la forêt de Chantilly

Sur les 6 300 hectares de forêt que contient le domaine de Chantilly, certains arbres multicentenaires sont menacés de disparition. Une situation inédite pour le site dont le chiffre d’affaires repose en partie sur les espaces boisés.

Avec un réchauffement climatique de 1,5 °C, les arbres du Domaine de Chantilly ont du mal à survivre. (© Aletheia Press/LB/archives)
Avec un réchauffement climatique de 1,5 °C, les arbres du Domaine de Chantilly ont du mal à survivre. (© Aletheia Press/LB/archives)

« C’est une urgence, une situation inédite que rencontre le Domaine de Chantilly. Nous avions prévu ce phénomène mais pour les années 2050-2080 pas en 2022… Il y a une accélération importante et un effondrement général de la biodiversité… » La directrice du domaine forestier et immobilier du Château de Chantilly, Daisy Copeaux, s’inquiète fortement de la situation qui pourrait être amenée à empirer. Le réchauffement climatique provoque des sécheresses plus intenses, plus souvent, mais aussi des grands froids, ce qui abîme les arbres et les rends malades. Ce dérèglement permet aussi à d’autres insectes de proliférer plus rapidement, « les hannetons par exemple, pondent et s’attaquent aux racines jusqu’à les détruire. »

Si tout s’accélère, c’est que tout un écosystème se transforme. Et pour y remédier, le domaine de Chantilly a besoin de l’aide de nombreux acteurs. Scientifiques, forestiers, chasseurs, mais aussi l’État, l’Inra, l’ONF et la Région. Déjà 1,2 million d’euros a été mobilisé pour financer l’action des chercheurs. Au total, une enveloppe de trois millions d’euros, sur trois ans, devrait être déployée.

Une course contre la montre

En 2019, le domaine a lancé un « appel à l’aide » sur Facebook et a contacté l’Inra qui a aidé à déployer des plans d’actions. Par ailleurs, le site a réussi à mobiliser 140 bénévoles, qui forment maintenant un collectif appelé « Ensemble, sauvons la forêt de Chantilly ». Ils viennent ponctuellement sur le domaine pour analyser et décrire les arbres. « Ils ont été formés au préalable par nos forestiers afin qu’ils puissent faire des constats eux-mêmes. Ils nous font ainsi gagner du temps », détaille Daisy Copeaux, avant de se réjouir : « D’ailleurs, les bénévoles ont été plus qu’efficaces, ils ont réalisé, en un hiver, 60 fosses de 2,5 mètres pour analyser le sol. Ce que les chercheurs auraient fait en deux ans. »

Mais toutes ces analyses ont un coût. De plus, le site, qui réalise 1,2 million d’euros de recette en moyenne par an, doit racheter des arbres pour remplacer les chênes morts. L’année dernière, 60 000 arbres ont été replantés. « Cette année, on monte à 88 000 arbres replantés grâce au mécénat et au plan de relance. On va garder cet objectif pour les années à venir. Et faire un constat tous les dix ans », note la directrice.

Spectrométrie à infrarouge

Dès cet hiver, grâce aux bénévoles, « tous les 75 mètres, nous allons analyser le sol, en utilisant la spectrométrie à infrarouge. C’est inédit. Nous aurons un laboratoire sur le parking du Château. » Après cette analyse, les chercheurs auront une cartographie très fine, permettant d’évaluer la réserve d’eau dans le sol et sa composition en carbone. Aussi pour la fin d’année, des scan 3D vont être faits pour chaque arbre. En parallèle, des ateliers seront organisés sur le thème « Quelle forêt vous imaginez dans 50 ans ? » dans le but de sensibiliser et de définir un cap.