Florian Strub, un agriculteur habité par la soif d’entreprendre

Dans l’Oise, la filière agricole pèse 645 millions d’euros et compte 28 000 emplois locaux. Le secteur, qui regroupe 3 200 exploitations, participe donc activement à l’économie départementale. Rencontre avec Florian Strub, exploitant à Estrées-Saint-Denis, engagé dans la diversification et l’agriculture biologique, dont le parcours illustre le dynamisme du secteur.

Florian Strub, exploitant à Estrées-Saint-Denis, engagé dans la diversification et l’agriculture biologique. (© Aletheia Press  / L. Brémont)

Florian Strub, exploitant à Estrées-Saint-Denis, engagé dans la diversification et l’agriculture biologique. (© Aletheia Press / L. Brémont)


C’est à la fin des années 1980, à Estrées-Saint-Denis, que le père de Florian Strub s’installe sur une exploitation agricole, vouée aux grandes cultures, sur une surface de 200 hectares. « Ma famille est Allemande et, depuis plusieurs générations, a des activités agricoles, en complément d’autres activités. Nous avons cela dans le sang, sourit Florian Strub. Mon père était sélectionneur de céréales et travaillait régulièrement avec la France. »

Dans ces conditions, rien d’étonnant que la famille Strub choisisse l’Oise, car un peu plus de 50 % de la surface utile agricole est consacrée aux céréales. De son côté, Florian Strub suit des études en agronomie en Allemagne, fait un stage en Australie, avant de concrétiser son désir de s’installer en France, en 2003. En parallèle, il s’implique, aux côtés de son père, dans la gestion de l’exploitation.

« Les aides que l’on peut toucher, ce ne sont pas négligeables » souligne Fabien Strub. (© Aletheia Press / L. Brémont)

Des activités équines

En 2007, le père de Florian Strub prend sa retraite. « Avec mon épouse, ingénieure agronome qui m’a rejoint en 2005, nous avons commencé à réfléchir à l’avenir », poursuit l’agriculteur. C’est le début d’une profonde évolution. Jusqu’en 2012, le couple réhabilite progressivement des bâtiments inoccupés pour les transformer en bureaux et en gîtes pour une clientèle professionnelle. Au passage, l’exploitation prend, très tôt, un virage « vert » : « En 2010, nous avons installé une chaudière biomasse et des panneaux photovoltaïques ».

En 2012, Daniela Strub, qui avait une activité salariée, s’installe aux côtés de son mari en ouvrant un centre équestre, complété par une écurie active, fin 2020, centrée sur le bien-être animal. Une idée en provenance d‘Allemagne. L’exploitante rejoint ainsi les 700 entreprises isariennes centrées sur les activités équestres, un secteur prégnant dans l’Oise.

Mais les projets sont loin de s’arrêter là ! Quatre ans plus tard, une plate-forme de compostage est mise en place, elle traite aussi du fumier en provenance des haras de Compiègne. Les 1000 tonnes de compost annuelles servent ensuite à fertiliser les parcelles.

Légumes et poules pondeuses

Un mode de fertilisation qui devient un véritable atout, quand les exploitants décident de s’engager vers la bio, en 2018 et de démarrer la production de légumes plein champ. Sur les 250 hectares, l’exploitation a connu deux agrandissements, 88 sont convertis, « avec l’objectif d’atteindre 100 hectares en 2023 », précise Florian Strub.

Carottes, oignons, haricots verts, pommes de terre, panais et potimarrons sont commercialisés en vente directe ainsi qu’auprès de grossistes locaux. « En 2021, nous avons investi dans une ligne de conditionnement », poursuit l’agriculteur qui précise également avoir installé un distributeur automatique l’année dernière. Pour faire bonne mesure, un élevage de poules pondeuses, également AB, est lancé en 2021. Là encore, l’exploitation est en phase avec les tendances locales. En effet, l’Oise détient les deux tiers du cheptel de poules pondeuses des Hauts-de-France et produit plus de 430 millions d’œufs chaque année.

« Nous avons 200 poules dans un poulailler mobile, c’est un concept qui vient d’Allemagne », explique Florian Strub. Selon le calibre, les œufs sont vendus 42 à 45 centimes d’euros. « Ce sont seulement deux à trois centimes de plus que dans un supermarché, note le producteur. Mais les clients ont eu du mal à les acheter au début ».

Patience et pédagogie ont permis de conquérir la clientèle. Malgré des marchés chahutés pour les produits bio, Florian Strub reste optimiste pour l’avenir. « En 2018, nous avons fait le constat que les systèmes conventionnels étaient au pied du mur et nous nous sommes dirigés vers un modèle diversifié, pas parfait, mais plus résistant », conclut l’exploitant qui a encore des projets en tête.