Dans les Hauts-de-France, le tourisme se reconnecte à la nature

Alors que le Premier Ministre a présenté un plan d’aide interministériel au secteur du tourisme, Jean-Philippe Gold, directeur de la Mission attractivité Hauts-de-France Comité régional du Tourisme et des Congrès, revient sur ces annonces ainsi que sur le rôle important que la région et les territoires devront jouer dans la relance. Interview.

©Adobestock
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Picardie la Gazette : Que pensez-vous de la non-réouverture des bars, cafés, restaurants et hôtels ?

Jean-Philippe Gold : L’enjeu est d’avoir des mesures sanitaires. L’heure n’est pas à polémiquer car on ne peut pas négocier avec la sécurité. L’objectif est de savoir comment on s’adapte. Il semblerait que la règle de distanciation sociale de 4 mètres dans ces lieux serait supprimée ou revue. Dans ce cas, les restaurants pourraient rouvrir de façon plus simple. Mais je pense que les événements se font dans le bon sens. L’optique est à la préparation de ces ouvertures et de la reprise du tourisme.

Dans la région, où en est le tourisme ? Quel est son avenir ?

Les gens vont partir proches de chez eux, nous sommes en plus près de la région parisienne et nous sommes prêts à accueillir ce nouveau tourisme. Car c’est un nouveau tourisme qui est en train de naître. Avant, c’était la notoriété qui validait l’intérêt du lieu. Maintenant, on choisit un lieu pour le bénéfique personnel que le lieu est capable d’apporter. Et dans les Hauts-de-France, nous pouvons le proposer. Par exemple, dans la région, nous avons quatre parcs régionaux, entre autres, qui répondent à ces enjeux.

Le comité régional a mis en place un plan de relance touristique. Concrètement, que va-t-il apporter au territoire ?

Ce plan est une démarche en cinq étapes. Pendant le confinement, nous nous sommes interrogés sur l’impact des évolutions touristiques sur les visiteurs. Et nous avons déterminé que la reconnexion avec la nature est le premier élément. En famille, il y a cette idée avec notamment les enfants qui vont se dégourdir dans la nature. Et la distanciation sociale peut être facilitée avec des activités comme les accrobranches ou les bases nautiques. Pour les seniors aussi il y a cette volonté de se rapprocher du tourisme local. Ensuite, nous nous sommes interrogés sur la mise en place de cette pratique. On organise donc des ateliers avec les différents territoires afin d’élaborer des actions pour répondre aux attentes prioritaires à chaque cible avec les spécificités de chacun d’entre eux. Nous voulons répondre à cette promesse de reconnexion à la nature. Nous avons produit des vidéos, nous sommes en phase de production de ces vidéos et d’un marketing tourné autour de ce nouveau tourisme. Nous sommes dans le dynamisme. Une autre étape de notre réflexion s’est penchée sur ceux qui voulaient partir à l’étranger, loin, comme en Asie par exemple. Ces gens là recherchent un dépaysement. Nous réfléchissons : comment sommes-nous capables d’être vus par ces personnes qui recherchent une aventure ?

Jean-Philippe Gold prévoit une reconnexion à la nature.

Ce nouveau tourisme a changé les pratiques marketing ?

Oui, c’est un tourisme collaboratif. Nous sommes dans cette optique. Comment pouvons-nous faire participer les personnes dans leur aventure ? Nous sommes basés sur la demande et nous répondons aux besoins, notamment avec la collaboration de tout le monde.

Les bases nautiques respectent la distanciation sociale.©Adobe

La crise sanitaire du Covid-19 a t-elle transformé profondément le tourisme ?

Elle est un accélérateur d’un tourisme de bien-être qui était déjà enclenché avant la crise. Avec l’émergence du yoga, des spas, de la méditation par exemple. Il y a la notion du dépaysement avec la nature protectrice. Il y a une prise en compte de la conscience de préserver l’environnement car la nature ressource donc nous nous protégeons nous-mêmes. Il y a une interdépendance entre la nature et le bien-être qui est née depuis quelque temps et c’est cette notion qui s’accélère pendant la crise. Et un processus est déjà en cours dans la région. Ce bien-être passe aussi par la contemplation de la nature et de l’art. La deuxième tendance est une approche plus globale. Les vacances deviennent un moment de prendre soin de soi et les touristes ont besoin qu’on leur apporte des propositions. Il faut proposer des vacances avec des souvenirs.

Êtes-vous prêts ?

Rassurer, c’est incontournable en mettant en place des protocoles sanitaires. C’est nécessaire. En ça, nous le sommes. Il y a une part d’inconnu, également pour les professionnels. Les gens ont besoin de partir en vacances, et ce sera en France donc pas loin de chez eux. Nous verrons en fonction de l’avancement de la crise sanitaire. Être un territoire attractif, c’est aussi faire preuve d’adaptation. Et nous nous adaptons.