Fromagerie Beaudoin

Grandir pour préserver et transmettre un patrimoine

La Fromagerie Beaudoin s’agrandit et s’implante à Villers-sur-Auchy. Ancrée dans son territoire, elle voit dans cette évolution un moyen de préserver durablement un riche patrimoine local.

Jean-Marie Beaudoin et sa célèbre tomme au foin quitteront bientôt les locaux situés à Héricourt.© Aletheia Press / B.Delabre
Jean-Marie Beaudoin et sa célèbre tomme au foin quitteront bientôt les locaux situés à Héricourt.© Aletheia Press / B.Delabre

« Dans trois mois, on y sera… » Penché sur ses faisselles qu’il moule patiemment à la louche, Jean-Marie Beaudoin ne cache pas une certaine impatience. Ce fromager artisanal, actuellement basé à Héricourt-sur-Thérain, dans le pays de Bray, rénove actuellement un ancien bâtiment de brique pour en faire sa nouvelle fromagerie, à Orsimont, un hameau de Villers-sur-Auchy, près de Gournay-en-Bray. Un investissement de 730 000 euros qui peut paraître surprenant pour cet ancien informaticien de 63 ans, dont la carrière est plutôt derrière lui. L’enjeu est pourtant essentiel à ses yeux : préserver à la fois un savoir-faire, un bâtiment traditionnel, et surtout une vie harmonieuse avec le doux terroir brayon.

Des recettes (presque) oubliées

En effet, lors de son retour à la vie paysanne, Jean-Marie est allé chercher de la valeur ajoutée en se tournant vers les circuits courts. La qualité de l’herbe brayonne l’a vite orienté vers la transformation fromagère. « J’ai cherché des recettes de fromages qui avaient disparu », raconte-t-il. Aidé par l’écomusée de l’Oise, il part en quête auprès des anciens. « Ce sont des fromages qui n’avaient pas de nom, des recettes un peu aléatoires qui m’ont été données par des personnes de 80 ans ou plus… » D’abord éleveur conventionnel, il se convertit au bio en 2001, avant de laisser l’élevage de côté pour se consacrer à l’artisanat à partir de 2009. Mais, transformant 192 000 litres de lait par an, il est à l’étroit dans sa petite fromagerie. Ou plus exactement s’inquiète de ne pas pouvoir transmettre son affaire.

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Annabelle Beaudoin, l’épouse de Jean-Marie Beaudoin, dans l’actuelle cave d’affinage : la nouvelle lui ressemblera, mais sera plus spacieuse. (c)Aletheia Press / B.Delabre.

Une approche pédagogique

Soutenu par les collectivités locales et l’Europe, il décide donc de rénover une ancienne grange datant de 1850 à Orsimont. Son frère, éleveur dans le hameau se convertit au bio, et pourra ainsi alimenter la fromagerie. Désormais donc, Fontenot, Sullybert, tomme au cidre, tomme au foin… seront affinés dans la nouvelle cave voûtée de la fromagerie, réalisée par des artisans locaux. « Nous allons faire de la vente directe et de l’accueil, avec des visites de la ferme et de la fromagerie, poursuit Jean-Marie. L’aspect pédagogique nous intéresse beaucoup. C’est le moyen de faire vivre ces traditions, comme ces fromages qui auraient pu disparaître… »

Au point que la fromagerie s’intéresse aussi à la restauration scolaire. Un marché jusqu’alors difficilement accessible, mais qui devrait le devenir avec les nouveaux locaux. Avec la création d’un emploi, « on va pouvoir transformer jusqu’à 300 000 litres », note Jean-Marie Beaudoin. De quoi ouvrir des perspectives.