Guerre en Ukraine : la croissance stoppée

Croissance zéro. Le PIB a stagné ce premier trimestre 2022, selon les estimations de l’Insee. Principalement, c’est la baisse de la consommation qui a fait caler la reprise post-Covid. La poursuite de l’inflation, conséquence de la guerre en Ukraine, pèse sur le moral des ménages et grève leurs dépenses.

(c)Adobestock
(c)Adobestock

Le « choc de confiance » a eu raison de la reprise. « Les très fortes incertitudes » liées aux retombées du conflit russo-ukrainien, qui pesaient sur les prévisions de croissance se sont brutalement concrétisées. Ce premier trimestre, l’activité a stagné avec une croissance nulle du produit intérieur brut (PIB), a annoncé l’Insee, fin avril. Lors de la présentation de sa note de conjoncture de mars 2022, l’Institut de conjoncture tablait sur une croissance de 0,3 %, après la hausse de 0,8% enregistrée au quatrième trimestre de 2021 et la nette reprise sur l’ensemble de l’année (7%).

La forte poussée de l’inflation, qui s’est accélérée en avril à 4,8% sur un an ( vs 3,6% en février et 4,5% en mars), nourrie essentiellement par la flambée des prix de l’énergie,(+26,6%), en lien avec la guerre en Ukraine, et la dégradation de l’opinion des ménages ont pesé sur la consommation. D’autant, que la hausse est désormais aussi entretenue par une accélération des prix des services (+2,9% sur un an ), de l'alimentation (+3,8%) et des produits manufacturés (+2,7 %), précise l'Insee.

Dans ce contexte, le moteur traditionnel de la croissance s’est grippé : la consommation a « nettement reculé », de 1,3 % de janvier à mars 2022. La vague Omicron très forte en janvier, la hausse des prix, principalement ceux de l'énergie, accentuée depuis le déclenchement du conflit fin février, ont ainsi contraint les dépenses des ménages, notamment, en début d’année, dans l'hébergement-restauration et l'habillement-textile. Pour adapter leur budget, les ménages ont réduit de 2,5 % leurs dépenses alimentaires et de 1,6 % celles d'énergie, au mois de mars.

Le moral des ménages à l’épreuve de la guerre et de l’inflation

Guerre, inflation, détérioration de leur pouvoir d’achat...De fait, selon l’enquête mensuelle de l’Insee, publiée le 27 avril, la confiance des ménages continue à se détériorer. Après une première chute de six points en mars, l’indicateur synthétisant leur niveau de confiance fléchit encore de deux points en avril, pour se situer à 88 points, soit bien au-dessous de sa moyenne habituelle. Il se situe désormais « à un niveau voisin des points bas atteints fin 2018, lors du mouvement des ‘gilets jaunes’ et en 2020 lors des confinements », souligne l’Institut de conjoncture.

Sur l’inflation, sans surprise, la part des ménages estimant que les prix ont augmenté ces 12 derniers mois a bondi de sept points s’établissant « au plus haut depuis l’été 2008 », selon l’Insee. En revanche, la proportion de ceux prévoyant une accélération des prix au cours des 12 prochains mois diminue nettement, mais elle reste toujours bien supérieure à sa moyenne de long terme.

Résultat, les Français sont de plus en plus prudents dans leurs dépenses. Ils sont nettement moins nombreux à juger opportun de faire des achats importants (-9 points par rapport à mars). En parallèle, la part des ménages estimant qu’il est opportun d’épargner progresse de deux points, comparativement avec le mois précédent.

Quant à l’évolution du niveau de vie futur en France, ils se montrent encore pessimistes, même si l’indicateur correspondant s’améliore légèrement, après une chute brutale en mars. En ce qui concerne les craintes liées à l’évolution du chômage, celles-ci augmentent sensiblement, en avril.

A.B  et B.L