Hauts-de-France : en 2022, l'activité économique se stabilise au-dessus de son niveau d’avant-crise

L'Insee Hauts-de-France a dressé le bilan économique régional de l'année 2022, le 1er juin à Lille. Et après le retour à une situation d’avant-crise en 2021, l’activité économique en 2022 - mesurée par le volume d’heures rémunérées - se stabilise dans la région, avec un contexte économique inflationniste, amplifié par le contexte géopolitique. Si le secteur de l'industrie enregistre une baisse et celui de l'agriculture demeure en tension, le tourisme régional connaît une année exceptionnelle.

(c)ArLawKa
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C'est une année 2022 particulière car année suivant celle de 2021, marquée par une conjoncture économique au dynamisme contrasté, suite à la crise sanitaire de 2020, concrétisée par une diminution drastique du nombre de procédures collectives et une année record des créations d'entreprises. Au niveau national, l'année 2022 est aussi celle de la forte augmentation de l'inflation déjà présente en 2021 (+5,9% en décembre 2022, après +2,8% en décembre 2021), celle aussi de la hausse des prix de l'énergie et pour finir, celle de la hausse globale des prix, notamment ceux alimentaires.

L'Insee Hauts-de-France* remarque donc une croissance limitée du PIB français (+2,5% en 2022 contre +6,4% en 2021). Un ralentissement notamment expliqué par la croissance exceptionnelle post-Covid en 2021, l’inflation qui contraint la consommation des ménages, la hausse du coût des crédits qui pèse sur l’investissement des ménages ainsi que les échanges extérieurs avec plus d’importations que d’exportations.

La région Hauts-de-France suit ce contexte économique national, avec toutefois quelques particularités. Après le retour à une situation d’avant-crise en 2021, l’activité économique en 2022 n'a pas beaucoup évolué, se stabilisant donc. En décembre 2022, elle est supérieure de 2,9 % à son niveau de décembre 2019 (contre +2,8 % un an plus tôt).

Les emplois salariés contrastés

La région compte 2 139 000 salariés fin 2022, soit 7 600 de plus que fin 2021 (+0,4 % mais après +3,0 % fin 2021). La hausse est toutefois contrastée selon les secteurs et progresse moins rapidement. Cette hausse est plus marquée dans les services marchands (+1,3 % soit +11 300 salariés) et l’industrie (+0,8%, soit +2 300 salariés), tandis que l’emploi dans la construction évolue peu (+ 0,3 %). Le taux de chômage dans les Hauts-de-France diminue quant à lui de 0,2 point en 2022 pour atteindre 8,7% en fin d’année (contre 7,2% à l’échelle nationale) mais reste l'un des taux de chômage les plus élevés en France métropolitaine.

À l'échelle départementale, c'est le Pas-de-Calais qui enregistre la plus forte hausse de l'emploi salarié (+0,6%, soit + 2 800 emplois), puis le Nord (+0,5% soit +5 200 emplois) et l'Aisne (+0,4%, soit +700 emplois). Cependant, les deux autres départements enregistrent une baisse : l'Oise (-0,1%, soit -400 emplois) subit une baisse de l'emploi dans l'industrie, et la Somme (-0,3%, soit -700 emplois) connaît une forte baisse dans les services non marchands.

Quant à l'intérim, il perd des emplois : -7,4 % fin 2022 sur un an en Hauts-de-France, après +7,1% fin 2021 alors qu'au niveau national, l'évolution est de -1,2 % après +12,2 %). L'Insee Hauts-de-France remarque que l'évolution de l'intérim en 2022 efface la hausse observée en 2021 et retrouve le même niveau que fin 2019. Là aussi, il y a des variantes selon les secteurs. Ceux les plus concernés par cette baisse sont le Tertiaire (-2 900) et l'Industrie (-1 800). Même si l'Insee constate des hausses dans quelques sous-secteurs tels que l'hébergement/ restauration, la fabrication de matériel de transport et l'agroalimentaire.

Moins de créations d'entreprises

Dans la région, si 65 900 entreprises ont été créées, les créations d'entreprises baissent de 2,1% sous l'effet d'un repli des créations de micro-entreprises et d'entreprises individuelles, alors qu'elles augmentent à l’échelle nationale (+1,1 %). Ce constat s'accompagne d'une forte hausse de défaillances d’entreprises (3 500, soit +78 %), expliquée par le rattrapage de l'année 2021, n'enregistrant que très peu de défaillances suite aux aides du gouvernement, tel que le Prêt garanti par l’État (PGE).

L'agriculture et la construction : secteurs en tension

En 2022, les marchés agricoles sont sous forte tension enregistrant une hausse des coûts : en raison du contexte géopolitique pour les cultures végétales, en raison des hausse des coûts de production pour les filières animales. Tandis que la météo défavorable réduit certaines productions. En effet, les betteraves, les pommes de terre et le blé ont subi la sécheresse quant aux fruit, les gelées, enregistrant qui plus est une baisse de la production. Et seule la production de colza est en nette hausse.

Dans le secteur de la construction, avec moins de logements neufs vendus et plus de logements mis en vente, le stock de logements neufs invendus augmente fortement. Et pour autant, les prix immobiliers sont en hausse. Le secteur connaît également une baisse de mises en chantier et plus d’autorisations de construction. Du côté des immatriculations de véhicules, avec 224 000 véhicules neufs immatriculés dans les Hauts-de-France en 2022, les immatriculations subissent une forte baisse pour atteindre un niveau 40% inférieur à celui de 2019. À l’inverse, la fréquentation des aéroports régionaux a presque doublé en un an pour dépasser le niveau de 2019 (+3,6%, contre −19 % au niveau national).

Une année exceptionnelle pour le tourisme

2022 est une année exceptionnelle pour le tourisme régional. Avec 14,8 millions de nuitées dans les hôtels, campings et autres hébergements collectifs, le niveau record de 2019 est dépassé (+1,1 %). Ce chiffre est à relativiser car le secteur connaît une baisse de 32% en 2021 par rapport en 2019. Quant à la fréquentation des campings, elle progresse fortement (+12,9 % par rapport à 2019).

À l’inverse, la fréquentation dans les hôtels est encore en deçà du niveau de 2019 (−1,8 % par rapport à 2019). Un tourisme régional porté notamment par les français et encore très peu par les étrangers (21,1% des nuitées dans les hôtels mais 24,7 % en 2019 et 34,5% des nuitées dans les campings mais 41,5 % en 2019).

En somme, dans un contexte d’inflation, l’activité économique des Hauts-de-France se maintient en 2022 avec une activité supérieure à son niveau d’avant-crise (comme en 2021), un marché de l’emploi favorable avec une baisse du chômage, des créations d’entreprises en léger repli et une fréquentation touristique exceptionnelle. L'année 2023 suit la même tendance, la note de conjoncture sera publiée en juillet. Toutefois l'Insee Hauts-de-France note au premier trimestre 2023 une hausse de 5,1% de l'inflation (dont +14% pour les produits alimentaires), un ralentissement de l'emploi et de l'activité économique et un un recul de 0,6% du pouvoir d'achat.

* Avec le concours de : La Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf) Hauts-de-France, la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) Hauts-de-France et la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Dreets) Hauts-de-France.

(c)Insee Hauts-de-France