Hauts-de-France : pour soutenir la dynamique export des entreprises, les acteurs économiques doivent se mobiliser

Quatrième région exportatrice de France*, les Hauts-de-France ont développé tout un arsenal de solutions pour que les entreprises enclenchent la vitesse supérieure à l'export. Car sur les 180 000 entreprises présentes en Hauts-de-France, seules 7% exportent. Un chiffre bien mince par rapport au potentiel économique régional. Entretien avec Virginie Blida, directrice CCI International Hauts-de-France, Team France Export Hauts-de-France et Directrice générale du World Trade Center Lille.

Dans des marchés de plus en plus fragiles, l'export permet à une entreprise de ne pas dépendre d'un seul marché selon Virginie Blida. ©Lena Heleta
Dans des marchés de plus en plus fragiles, l'export permet à une entreprise de ne pas dépendre d'un seul marché selon Virginie Blida. ©Lena Heleta

Picardie La Gazette. Après la crise sanitaire, économique, géopolitique et aujourd'hui, énergétique, l'export semble-t-il vraiment une priorité pour les entreprises ?

Virginie Blida : Exporter n'est pas si simple. C'est à nous de soutenir les entreprises et de les accompagner au mieux vers le bon business, le bon timing, la bonne zone géographique... Notre objectif, c'est de faire monter une marche à celles et ceux qui n'osent pas se lancer. Je ne dirais pas qu'il est plus difficile aujourd'hui d'exporter : on peut innover et exporter des solutions d'usage, il n'y a pas que les innovations technologiques. On confond souvent innovation et exportation. Certes les entreprises innovantes – du numérique, de la santé... – exportent plus mais il n'y a pas que la technologie qui s'exporte. L'exportation, c'est l'anticipation sur un nouveau marché et anticiper est le propre du chef d'entreprise.

Pour autant, il n'est pas toujours facile de s'y retrouver dans l'armada des dispositifs mis à disposition des entrepreneurs. Quels sont les différents types d'accompagnement ?

Dans un premier temps, il y a l'accompagnement, du primo-exportateur jusqu'à l'exportateur confirmé. Cela va passer par du conseil individuel ou collectif, des diagnostics export... Ensuite il y a le volet financier. Dans les Hauts-de-France, nous avons avons la chance d'avoir une région qui mise beaucoup sur le développement international, avec des dispositifs qui font leurs preuves : la Team France Export Hauts-de-France (alliance régionale de Business France et de CCI International) est à la confluence de tout cet écosystème et fonctionnons avec de nombreux autres acteurs comme les Douanes, la Chambre de métiers et de l'artisanat, les conseillers du commerce extérieur, etc.

Il y a également des opérations collectives, sur la base du programme national de Business France, ainsi que le dispositif du Volontariat international en entreprise (VIE) financé par l'État et la Région. Je pense aussi au Compte individuel export (CIE) - Booster exportation pour les PME régionales primo-exportatrices ou primo-accédantes à un nouveau marché. Il s'agit à la fois de conseils juridiques, de traductions, de prestations intellectuelles... Chaque année, la Région Hauts-de-France y alloue un budget de 800 000€, ce qui est loin d'être négligeable ! Quel que soit le dispositif, une TPE, une PME ou une ETI qui veut se développer à l'export doit être accompagnée.

Vous venez également de lancer l'Accélérateur Export Hauts-de-France, une première !

En effet, pour l'instant, seules deux régions ont lancé cet accélérateur : la Bourgogne France-Comté et les Hauts-de-France ; c'est une vraie fierté ! Nous testons le dispositif sur 15 entreprises – neuf du Nord-Pas-de-Calais et six de Picardie – identifiées par le réseau des CCI territoriales. Jusqu'au mois d'octobre, elles seront accélérées et à la fin de cet accompagnement de presque un an, on leur proposera une learning mission. L'idée c'est de travailler avec elles sur les pays et les marchés, le développement commercial ou encore le co-design.

Selon vous, en quoi l'export permet-il aux entreprises d'être plus compétitives ?

Souvent les entreprises sont absorbées par le marché français : c'est certain qu'il y a du potentiel sur notre territoire mais les marchés sont de plus en plus fragiles ; les crises successives nous l'ont rappelé. La clé ? Anticiper pour échapper aux crises. Si l'entrepreneur n'a pas une seconde corde à son arc, comme l'export, il peut se mettre plus rapidement en danger qu'il ne le pense. Lorsqu'un marché s'écroule, l'autre prend le dessus, ce qui permet de lisser l'activité et de maintenir les emplois.

Avec la digitalisation, de nouvelles façons d'exporter ont été développé. Développer une marketplace, c'est faire de l'export. Nous avons par exemple développer un partenariat avec la marketplace mondiale Alibaba pour que des PME régionales puissent y être référencées, à des prix ultra compétitifs.

Quels sont les pays vers lesquels les Hauts-de-France exportent le plus ?

Historiquement, il y a une surpondération des pays frontaliers : Belgique, Allemagne, Royaume-Uni, avec une proportion plus importante que sur la moyenne nationale. Sur le grand export, on constate que la zone Amérique du Nord séduit, ainsi que les Émirats Arabes Unis, l'Asie et la Chine, qui reste notre troisième pays d'importation.

Il faut aussi rappeler que les Hauts-de-France sont la première région exportatrice de produits alimentaires de France et la quatrième région exportatrice de France, soit 11,5% des exportations nationales. Sur les 180 000 entreprises répertoriées à la CCI, 12 000 exportent, c'est finalement assez peu, il y a encore du travail à faire. La force des Hauts-de-France, c'est la diversité de ses secteurs d'activités, il faut miser là-dessus.

*Après l'Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur.