Hollande-Cameron à Amiens : un sommet dominé par la crise des migrants

À Amiens, David Cameron et François Hollande ont réaffirmé leur volonté de coopérer dans de nombreux domaines.
À Amiens, David Cameron et François Hollande ont réaffirmé leur volonté de coopérer dans de nombreux domaines.

À Amiens, David Cameron et François Hollande ont réaffirmé leur volonté de coopérer dans de nombreux domaines.

À l’occasion du 34e sommet francobritannique, François Hollande et David Cameron se sont retrouvés à Amiens le 3 mars en présence de nombreux ministres pour réaffirmer leur volonté de coopérer dans de nombreux domaines. La crise des migrants était au centre des discussions.

À quelques semaines des commémorations du Centenaire de la bataille de la Somme auxquelles assisteront la Reine Elizabeth II, le Prince William et la Duchesse de Cambridge Kate Middleton, le choix de la ville d’Amiens pour accueillir le 34e sommet franco-britannique résonne comme un symbole. Ancienne capitale régionale déchue au profit de Lille, la ville n’en reste pas moins la préfecture de la Somme, département qui a été le théâtre en 1916 de l’une des plus féroces batailles de la Première Guerre mondiale. Cette année là, Français et Britanniques unissaient leurs forces pour combattre l’ennemi allemand. Cent ans après, cette amitié restée intacte a été renforcée par un programme de coopération bilatérale dévoilé à l’issue du sommet. Après s’être recueillis brièvement au cimetière-mémorial britannique de Pozières (voir encadré), François Hollande et David Cameron sont arrivés à la mi-journée à la préfecture de la Somme, où ils se sont entretenus au cours d’un déjeuner en présence de plusieurs ministres. Au menu : la coopération dans le domaine de la défense, du nucléaire civil, la lutte contre le terrorisme, la crise migratoire et les échanges économiques et humains.

Des conséquences en cas de Brexit

Des sujets particulièrement délicats compte tenu du contexte politique européen actuel. Le 23 juin, le peuple britannique, soumis à un referendum, décidera si oui ou non, le Royaume-Uni doit sortir de la zone euro. « Je ne voudrais pas faire peur, mais dire la vérité. Si le Royaume-Uni quitte l’Union européenne, il y aura des conséquences dans beaucoup de domaines : sur le marché unique, sur les places financières, sur le développement économique entre nos pays, y compris sur la question des personnes », a affirmé le Président de la République. Des déclarations qui font écho à celles d’Emmanuel Macron publiées quelques jours plus tôt dans le quotidien financier britannique Financial Times. Le ministre amiénois de l’Économie avait alors affirmé qu’en cas de Brexit (abréviation de “British exit”), les migrants ne seraient plus retenus à Calais et les banquiers français travaillant outremanche appelés à rentrer. « La France n’entend pas faire pression sur le peuple britannique pour lui dicter ses choix (…) J’ai vécu, moi aussi, ce qu’était un referendum. Je pense que c’est d’abord aux Britanniques de décider pour leur avenir (…) Ma responsabilité c’est de travailler avec le gouvernement britannique pour que nous puissions trouver les meilleures solutions pour traiter la question
des réfugiés, notamment ceux qui sont à Calais et à Dunkerque », a répondu François Hollande à un journaliste de la BBC qui l’interrogeait à ce sujet.

Un coup de pouce financier pour Calais

Des réfugiés, il en a beaucoup été question lors de ce 34e sommet franco-britannique. Le Président de la République a évoqué la « difficulté vécue depuis des mois, aussi bien pour les autorités locales que pour la population » dans les villes de Calais, Dunkerque et Grande-Synthe (Nord et Pas-de-Calais). Afin d’intensifier les actions entreprises pour réduire les pressions migratoires, lutter contre les routes d’immigration illégale à Calais et y améliorer l’accueil des migrants, François Hollande a sollicité l’aide de son homologue britannique : « Il y a des efforts financiers qui doivent être consentis. » Un appel entendu par David Cameron qui a promis une enveloppe de 22 millions d’euros en plus des 60 millions déjà attribués à la gestion de cette crise. Pour le moment, il n’est donc pas question de remettre en cause les accords du Touquet datant de 2003 qui prévoient la gestion de la frontière par la France moyennement une contrepartie financière de Londres. Sur la question des mineurs isolés à Calais, le Président de la République s’est montré là aussi très ferme : « Nous avons été clairs avec le Premier ministre britannique. Quand ces personnes, quand ces jeunes non accompagnés, ces mineurs isolés ont un lien familial au Royaume-Uni, ces jeunes doivent pouvoir rejoindre le RoyaumeUni, de manière rapide et efficace. »

Loretta RIZZUTO