Le site Biométhaval produit du gaz vert dans l'Oise

À Levingen, le site de production de gaz vert Biométhaval a été inauguré le 23 septembre par les 18 sociétés d’exploitations agricoles, propriétaires rassemblés autour de ce projet vertueux d’économie circulaire locale : le gaz produit localement est consommé localement. En route depuis le 19 mai, le site injecte son gaz vert dans le réseau de distribution GRDF... il représente, alors, le 64e site de méthanisation raccordé en région Hauts-de-France et 19e dans l'Oise.

Le site a été inauguré par : (de g. à dr) Frédéric Delormel, délégué territorial GRDF Oise, Sylvain Collard et Alain Bizouard, agriculteurs et porteurs du projet, Claude Dulamon, sous-préfète de Senlis et Didier Doucet, président du Pays du Valois.
Le site a été inauguré par : (de g. à dr) Frédéric Delormel, délégué territorial GRDF Oise, Sylvain Collard et Alain Bizouard, agriculteurs et porteurs du projet, Claude Dulamon, sous-préfète de Senlis et Didier Doucet, président du Pays du Valois.

Participer à la transition écologique, énergétique mais aussi à l'économie locale, voilà tous les enjeux du site de production de gaz vert Biométhaval, installé route de Gondreville à Lévignen (au sud-est de Crépy-en-Valois), une localisation déterminée par la proximité du carrefour de la N2, permettant l’apport des déchets issus des industries agro-alimentaires.

Initié par Alain Bizouard et Sylvain Collard, agriculteurs, ce projet est pensé pour palier à la baisse des revenus agricoles tout en créant un cercle vertueux. Dans le secteur, l'idée plaît... si bien qu'en janvier 2019, la SAS Biométhaval est créée avec 18 exploitants dont la participation au capital social est à hauteur des surfaces agricoles qu’ils souhaitent apporter, en fonds propres et prêts bancaires, sans apport de subventions.

Et depuis, le projet est devenu une véritable économie circulaire sur le Pays du Valois. Si le projet est vertueux, il est parfois mal compris et mal accepté par les riverains. « Il y a souvent des problèmes d’acceptabilité sociale des projets (peur des mauvaises odeurs, du bruit, c’est dangereux …), ces craintes ne sont pas fondées. Quand on visite le site, on voit bien que c’est vraiment très propre. Alors pour rassurer la population, je vous le dis : les procédures administratives (installations classées, code de l’urbanisme, agrément sanitaire, code de l’énergie…) sont là pour garantir la qualité des projets ; nous avons également co-signé une charte départementale avec la chambre d’agriculture le 6 décembre 2021 », a précisé Claude Dulamon, sous-préfète de Senlis. Au total, les 18 exploitants apportent 2 900 hectares et fonctionnent comme une coopérative agricole, et l'investissement de 8,8 millions d’euros.

Du gaz vert pour le territoire

Depuis le 19 mai 2022, l'énergie produite localement est consommée localement. Le site Biométhaval produit du gaz vert permettant d’alimenter les communes de Crépy-en-Valois, Le Plessis-Belleville, Nanteuil-le-Haudouin, Lagny-le-Sec et Silly-le-Long, situées sur la Communauté du Pays du Valois. Cette production de gaz renouvelable (45GWh) équivaut à la consommation de 3 750 logements (en consommation gaz chauffage, eau et cuisson). Du côté de l'environnement, cette énergie vertueuse et locale évite l’émission de 8 460 tonnes équivalent CO2 de gaz à effet de serre (GES).

Ce nouveau méthaniseur participe ainsi au fort engagement régional de faire des Hauts-de-France la première région européenne de biométhane injecté par sa valorisation économique et écologique du territoire. « À l’échelle de la communauté de commune du Pays de Valois la production de gaz vert issue des méthaniseurs positionnés sur le secteur permet de couvrir 75% de la consommation locale, il faut d’ailleurs souligner que la CCPV est ainsi la première au niveau des Hauts de France », précise Frédéric Delormel, délégué territorial GRDF Oise.

De l'énergie verte

Du côté du fonctionnement, le méthaniseur reçoit des déchets issus des industries agro-alimentaires (10% des intrants : glycérine…) et de la sucrerie (30% des intrants : pulpes de betteraves) et les exploitations agricoles, basées dans un rayon moyen de 8km, fournissent au méthaniseur les 60% d’intrants restants en CIVEs (cultures intermédiaires à vocation énergétique). Et ces dernières ont toutes leur intérêt : elle sont semées entre deux cultures principales alimentaires (plantations de printemps et d’hiver). Sous l’effet de l’énergie solaire, elles captent le CO2 grâce à la photosynthèse et le transforme en gaz vert par la méthanisation. Les CIVEs permettent de lutter contre l’érosion des sols (la végétation protège le sol de la pluie), contre le lessivage des nitrates (élément fertilisant nécessaire pour les cultures mais néfaste pour les cours d’eau), contre les mauvaises herbes. Au total, cela constitue 99 tonnes de co-produits qui alimentent le méthaniseur par jour.

En plus de l’aspect énergétique, le méthaniseur produit également du digestat. C’est un fertilisant naturel issu de la décomposition des matières biodégradables qui permet aux exploitations de produire leur propre engrais et ainsi réduire leur dépendance aux produits phytosanitaire.

Outre sa valeur énergétique locale, le méthaniseur participe à l'économie locale : en plus d’un emploi plein temps créé sur le site, la méthanisation a permis le maintien des emplois sur les exploitations agricoles, mais également le travail de prestataires locaux qui participent à l’épandage, au transport, à l’entretien et la maintenance du site. De même, lors de sa construction, les entreprises locales ont été sollicitées, à l'instar de la fourniture de béton (Cemex 60), la construction du bâtiment agricole (Baudoux 02), le terrassement (Oise TP), le bâtiment administratif (Kubicki 60 à Étavigny), l’électricien David à Crépy-en-Valois, les clôtures (Valois Paysage 60 à Rouville), traitement biogaz (Biome 02 à Villers Cotterêts).

C'est donc un nouveau projet vert et local qui est désormais implanté sur le territoire.