L’agence de l’eau Artois-Picardie au cœur des politiques de territoire

L’Agence de l’eau Artois-Picardie est une entité peu connue du grand public, pourtant ses objectifs sont clairs : préserver la ressource en eau et les milieux aquatiques. Établissement public dépendant du ministère de l’Écologie, elle finance bon nombre de projets. Explications avec Pierre Branger, directeur des Interventions.

L’agence de l’eau Artois-Picardie a participé au financement de noues pour les villes d’Amiens et de Bruay (Pas-de-Calais) notamment. ©AEAP
L’agence de l’eau Artois-Picardie a participé au financement de noues pour les villes d’Amiens et de Bruay (Pas-de-Calais) notamment. ©AEAP

Préserver la ressource en eau et les milieux aquatiques, telles sont les missions de l’agence de l’eau Artois-Picardie. « Pour mener à bien ces missions, nous expertisons et finançons des projets menés par les acteurs du monde agricole, les industriels et les collectivités », introduit Pierre Branger, directeur des Interventions à l’Agence de l'eau Artois-Picardie. Et sur le territoire, les projets sont nombreux… En 2022, les équipes en ont accompagné près d’un millier pour un budget total de plus de 100 millions d’euros.

L’argent octroyé provient de redevances. « Les contribuables payent une redevance à notre agence lorsqu’ils payent leurs factures d’eau, nous recevons une redevance de ceux qui se munissent d’un permis de pêche également, mais aussi des agriculteurs qui achètent des produits phytosanitaires, par exemple… », simplifie Pierre Branger.

118 millions d’euros accordés en 2022

Sur les 118 millions accordés en 202, 10% du budget concernait le financement de projets industriels et entre 12 et 13% des programmes agricoles. « Une nouvelle tendance se dessine. Ces derniers temps, les industriels nous sollicitent pour le financement de projets qui permettent d’économiser la ressource en eau et de gérer les eaux pluviales », témoigne le directeur des Interventions. Pour donner un exemple concret, l’Agence de l’eau Artois-Picardie a accompagné l’industriel Tereos, ce groupe qui transforme des matières premières agricoles en sucre, en alcool et en amidon. « Le groupe a pour ambition de réutiliser l’eau rejetée par ses procédés industriels pour irriguer ses cultures plutôt que de simplement la rejeter. » Un projet intéressant, qui est encore en phase d’étude.

Côté agriculture, un sujet monte en puissance, c’est l’irrigation. « Toujours dans cette optique de préserver la ressource, de nombreuses idées autour d’une irrigation plus optimisée jaillissent. D’autres personnes réfléchissent à comment baisser les besoins en eau des cultures, confesse Pierre Branger, avant de poursuivre : Nous finançons régulièrement du conseil technique, des expérimentations et des conseillers agricoles. »

De nombreux projets de collectivités financés

Si l’Agence de l’eau Artois-Picardie épaule les acteurs du monde agricole et les industriels, la majorité de son budget annuel est intégré à des projets qui émanent des collectivités du territoire. « Amiens Métropole est l’un de nos bénéficiaires. Tous les ans, nous nous rencontrons pour échanger sur leurs projets. Ils nous déposent ensuite des dossiers et s’ils répondent à nos critères techniques, nous octroyons soit des subventions, soit des avances sur financements, des sortes de prêts à taux zéro », détaille Pierre Branger.

En ce qui concerne les collectivités, la plupart d’entre elles sollicitent l’Agence de l’eau pour des projets d’infiltrations des eaux de pluie pour recharger les nappes phréatiques et sur comment combattre les îlots de chaleur. « Ce sont des sujets récurrents, mais, par exemple, nous finançons également les remises en conformités des stations d’épuration et les réhabilitations des réseaux d’assainissement. »

La sécheresse : un sujet à ne pas négliger

Dans les années à venir, les missions de l’Agence de l’eau Artois-Picardie vont s’intensifier. En ce sens, avec les épisodes de sécheresse que connaît le territoire, l’entité s’est donnée pour objectif de sensibiliser les acteurs sur le partage de l’eau entre les besoins des industriels, du monde agricole et des collectivités. « Nous avons lancé une étude qui vise à estimer les volumes deau disponibles dans chaque sous-territoire pour que nous puissions entamer des discussions sur le partage de leau », conclut le directeur des Interventions.