L'année des défis pour les endiviers des Hauts-de-France

La récolte 2023 restera dans les annales des producteurs d’endives, mais pas pour les bonnes raisons… Jamais les conditions climatiques n’auront été aussi défavorables pour la culture de ce légume emblématique des Hauts-de-France, la faute aux cumuls des précipitations, qui ont dépassé localement ces mois derniers les 500 millimètres. Pierre Varlet, Directeur général de l’Association des producteurs d’endives de France (Apef) basée à Arras, revient sur cette difficile conjoncture et les défis qui attendent les producteurs de la région.

 L’endive est le premier légume frais produit en Hauts-de-France. (c)Apef
L’endive est le premier légume frais produit en Hauts-de-France. (c)Apef

Les conditions d’arrachage très difficiles de la cette fin d’année 2023 auront des conséquences sur le potentiel de production d’endives en sortie de salle de pousse, et sur l’offre jusqu’à la prochaine saison.

Un niveau d’offre expliqué par la conjoncture : frigos de racines non remplis en raison de rendements par hectare plus faibles, grosses racines entraînant moins de plantation au bas et donc moins de chicons par cycle de pousse et des racines "contrariées" par les conditions d’arrachage, n’exprimant pas leur plein potentiel. S’ajoutent des causes structurelles, dont l’arrêt d’endiveries faute de repreneurs, la pénurie de main d’œuvre, des coûts énergétiques trop élevés et la concurrence d’autres cultures, plus rémunératrices et moins exigeantes.

Les endiviers doivent faire face à de nombreux défis

Ce contexte ne doit pas selon le Directeur général de l’Association des producteurs d’endives de France « venir occulter les défis que doivent relever les endiviers à court terme : alternatives à la suppression de molécules clés, renouvellement des générations, coût de l’énergie, disponibilité en main d’œuvre, compétitivité de la filière face à d’autres productions, changement climatique, attentes du consommateur… ».

L’Apef, qui existe depuis 2008, fédère l’ensemble des 300 endiviers français (essentiellement implantés en Hauts-de-France, qui représentent 95% de la production nationale). « Nous avons un rôle de représentation de la filière auprès des pouvoirs publics et menons des actions de communication en soutien à la consommation d’endives », rappelle Pierre Varlet.

L’Association des producteurs d’endives de France dispose également d’une station d’expérimentation accolée à ses bureaux arrageois, qui permet à ses collaborateurs de travailler sur l’évolution des pratiques agricoles des endiviers – du choix de la variété au conditionnement des endives.

Les Hauts-de-France représentent 95% de la production nationale d'endives. (c)Apef

Le programme d’expérimentation évolue en fonction des enjeux de la filière, « actuellement nous avons plusieurs défis pour maintenir la production d’endives, qui est en baisse. Un défi agroécologique d’abord, avec des matières actives anciennement utilisées qui ont été supprimées, nous devons trouver des méthodes de production plus respectueuses de l’environnement, qui répondent aux attentes des consommateurs et permettent de maintenir un revenu décent pour l’endivier. Nos 8 000 hectares et nos 130 000 tonnes produites ne pèsent pas grand-chose par rapport à d’autres cultures, comme celle du blé ou de la pomme de terre, qui ont un meilleure retour sur investissement. Et ce même si l’endive est le premier légume frais produit en Hauts-de-France et le quatrième légume consommé en hiver en France, nous restons une petite filière. D’où le soutien de l’Apef pour trouver des solutions aux problématiques des endiviers », reprend le Directeur général.

Les producteurs d’endives sont également fortement impactés par la flambée des prix de l’énergie, l’Apef est en discussion avec les pouvoirs publics pour diminuer ces coûts de production. « Nous cherchons des solutions pour rester concurrentiels et que notre marché ne diminue pas davantage, entre janvier 2022 et janvier 2023, la filière a perdu cinq points d’acheteurs », pointe Pierre Varlet.

L’idée étant aussi d’inciter au renouvellement des générations et de trouver des salariés. « On essaie de soutenir et de valoriser un maximum le marché pour que les prix restent économiquement viables, et que les jeunes qui veulent rejoindre la filière puissent se lancer correctement ».