L'Oise : sur la liste des prochaines vacances ?

Fermeture des frontières, couvre-feu, interdiction de sortir de sa région... la crise sanitaire a ébranlé le secteur du tourisme. Au-delà des fermetures des cafés et restaurants – et une baisse sans précédent des réservations dans les hôtels -, c'est véritablement une accélération des tendances qui est observée. Exit les grandes destinations, on part en vacances dans une yourte à la campagne la plus proche de chez soi ou on dort dans des cabanes dans la forêt d'à côté... car le dépaysement reste tout de même l'un des principaux critères de départ en vacances. Et l'enjeu est de taille pour les professionnels de l'Oise car à l'approche du beau temps, les réservations des locations de vacances augmentent très significativement : quelques jours avant le week-end de l'Ascension, par exemple, Gîtes de France comptait déjà 85% de taux d'occupation des locations de vacances. Une bonne nouvelle pour le secteur qui a enregistré, dans l'Oise, une baisse de plus de 50% des visites des étrangers et une baisse de 60% des visites totales (à l'instar de tout le territoire national). Chez Oise Tourisme - le comité régit l'attractivité et la compétitivité du territoire – on reste optimiste. « Il ne faut pas être pessimiste, assure Stéphane Rouziou, directeur d'agence d'Oise Tourisme. Si on adapte l'offre, l'Oise peut devenir une réelle destination. »

Et cette destination isarienne possède tous les atouts : nature, forêt... et hébergements insolites. « Les hébergements insolites, c'est la recherche numéro 1. Car les gens veulent faire une expérience quand il voyage. Cette tendance n'est pas nouvelle mais elle s'est accélérée avec la crise, précise Stéphane Rouziou. Et dans l'Oise, nous sommes toujours dans le top 10 des hébergements insolites car nous avons beaucoup d'offres dans ce domaine. » La proximité de Paris est aussi une véritable opportunité pour une clientèle urbaine désireuse de respirer au grand air proche de chez elle. « En ce sens, les locations de vacances à la campagnes devraient repartir cette année, c'est le produit star de 2021, prévoit le directeur d'agence d'Oise Tourisme. Surtout les logements de grande capacité. C'est le tourisme de retrouvailles. » Si la recherche de la nature en vacances est en vogue depuis quelques années, celle des circuits-courts également. Avec le réseau Bistrot de Pays – géré par Oise Tourisme – là aussi l'Oise peut se démarquer. Le tourisme de loisirs tend à repartir mais la reprise du tourisme d'affaires (représentant la principale clientèle du secteur de l’hôtellerie), quant à elle, est encore incertaine, surtout à cause de l'arrêt des séminaires et de tout type de rassemblement.

Et puis deux autres tendances touristiques se sont créées pendant cette crise sanitaire : la souplesse des réservations et l'ultra dernière minute. « Là ce sont vraiment des tendances qui sont arrivées. Il y a une rupture avant et après la crise. Les professionnels des hébergements et du tourisme en général devront véritablement s'adapter s'ils ne veulent pas passer à côté des nouveaux besoins », prévoit encore Stéphane Rouziou.

La revanche de la ruralité ?

Ce véritable chamboulement touristique dessine les traits du tourisme de demain. Les territoires ruraux français deviennent des destinations prisés même s'ils ne seront pour autant pas la destination phare de demain, au moment d'une reprise touristique « normale ». Chez Oise Tourisme, on prépare déjà la reprise avec des outils de communication pour présenter les atouts du département : l'Oise se fera à pied, à vélo, à cheval et à solex. « C'est le tourisme d'itinérance, on découvre un territoire à son rythme », note le directeur. Et puis, d'autres projets sont en cours. Oise Tourisme travaille avec les cinq collectivités de la Vallée du Thérain, qui s'étend du Pays de Bray jusqu'à la rivière de l'Oise, pour développer le tourisme à travers des activités de paddle ou de canoë tout en mettant en avant le côté historique. Un autre projet est en cours : celui de la V3, la véloroute qui part de la Suède jusqu'en Espagne, traversant l'Oise et l'Aisne, afin de valoriser des portions de cette route. Et puis, un autre projet dans la région de Compiègne est aussi en réflexion. Celui du « boat and bike ». Le développement d'un tourisme dit « lent » pour découvrir le territoire à vélo ou en bateau, à son rythme. Du côté des jeunes, là aussi l'Oise peut devenir un lieu attractif notamment avec le phénomène des "micro-aventures" où l'on se lance des défis dans la nature.

Ces tendances accélérées poussent les territoires à penser le tourisme de demain où la mobilité est cœur des préoccupations. Les campagnes auront leur carte à jouer. « Il faut adapter l'offre et adapter les lieux de visites, note Stéphane Rouziou. La ruralité va être à la mode mais il faut un minimum de service, il faut reconstruire l'offre. Notamment l'Oise et la Picardie, nous avons une ruralité accessible, mais il faut aller encore plus loin. » Oise Tourisme se penche sur la mobilité qui reste une problématique. « Développer la mobilité est un enjeu très fort. 86% des clients viennent en voiture, précise encore le directeur d'agence d'Oise Tourisme. Il faut développer par exemple l'offre de la mobilité à vélo et pour cela, il faut connecter les gares avec l'offre touristique, c'est-à-dire renforcer les offres de vélos dans les gares. L'objectif est de rendre l'activité touristique accessible avec d'autres mobilités ».

Même si l'Oise et la Picardie ne seront pas les destinations de très longs séjours, ces territoires peuvent dorénavant s'inscrire dans la liste des choix de vacances... et c'est un grand pas pour le tourisme picard !