Nouveaux débouchés

L’ortie, une opportunité pour les Hauts-de-France

L’association Urti-K souhaite créer une filière autour de l’ortie dans les Hauts-de-France avec des débouchés aussi divers que le textile, l’alimentation humaine ou animale ou encore la cosmétique. Le Plan de relance pourrait permettre de financer une première commercialisation de produits.

Hugues d’Hautefeuille, initiateur du projet Urti-K. © Aletheia Press/ DLP
Hugues d’Hautefeuille, initiateur du projet Urti-K. © Aletheia Press/ DLP

« Il y a 40 ans, je me suis intéressé aux protéines de feuilles, principalement celles développées par la luzerne et puis d’autres activités ont pris le dessus », raconte Hugues d’Hautefeuille, sylviculteur installé à Monsures (Somme). Au hasard d’une lecture, le spécialiste de l’exploitation des espaces forestiers découvre toutes les vertus de l’ortie, similaires à celles des espèces végétales étudiées 40 ans plus tôt. Avec Guillaume de Vogüé, sylviculteur dans le Val d’Oise, il commence à entrevoir le potentiel de la plante urticante jusqu’ici peu exploitée en France.

« Il n’existe aujourd’hui pas de culture organisée d’ortie, c’est une plante qui pousse avant tout de façon naturelle en lisière des forêts. Nous avons donc eu l’idée, dans un premier temps, de proposer aux agriculteurs d’exploiter la lisière de leurs champs avec de l’ortie », raconte-t-il. Une idée qu’il soumet en 2018 à AgriLab, le centre d’innovation d’UniLaSalle ainsi qu’aux chambres d’agriculture de l’Oise et de la Somme.

Des essais à taille humaine

Séduites, les chambres d’agriculture des deux départements accompagnent Hugues d’Hautefeuille dans sa volonté de créer une filière ortie dans les Hauts-de-France. L’association Urti-K, tête de pont de ce réseau réunit à présent 13 personnes, dont huit agriculteurs du territoire, convaincus par l’intérêt du projet.

« En 2019, nous avons commencé par faire des micro-parcelles d’orties pour essayer différentes techniques de culture », poursuit le sylviculteur. Graines, plans, rhizomes – tige souterraine – avec ou sans ajout d’azote… Hugues d’Hautefeuille et quelques volontaires testent la production d’ortie de façon organisée afin de déterminer la méthode la plus efficace, adaptable à plus grande échelle. « J’ai ici une surface de 1 000 m², l’objectif est de passer à trois hectares l’année prochaine et dix dans deux ans », détaille-t-il.

La culture d’ortie pourrait donner naissance à une nouvelle filière. © Aletheia Press/ DLP

Création d’une filière

Pour le moment, Urti-K a identifié six débouchés possibles pour la culture d’ortie : le purin, la cosmétique, la pharmacie, le textile ou encore l’alimentation animale et humaine. Des secteurs qui ne font appel que très peu pour le moment à l’ortie.

« Pour la cosmétique, la plante vient majoritairement des pays de l’Est, mais nous avons pour ambition de proposer une culture de qualité, à la traçabilité exemplaire », souligne Hugues d’Hautefeuille qui évoque le potentiel que représente l’ortie. « Pour le textile, par exemple, cela peut aller très loin : la fibre d’ortie était très utilisée en Allemagne par exemple au début du siècle. C’est une plante qui a suffisamment d’atouts pour remplacer le coton », pointe-t-il.

Dans un premier temps, Urti-K souhaite se concentrer sur l’alimentation animale avec la mise au point de granulés pour chevaux. Sous forme de complément alimentaire, la plante urticante peut améliorer le tonus et faire briller le poil des équidés. À la recherche de fonds, l’association compte sur le plan de relance pour bénéficier d’une aide financière lui permettant de commercialiser ses premiers produits d’ici 2022.