La baisse de la consommation s’accentue, les patrons s’inquiètent à nouveau

Le contexte inflationniste et la baisse de leur pouvoir d’achat amènent les Français à modifier leurs comportements de consommation, voire à réduire leurs dépenses. Selon les dernières données de l’Insee, publiées fin mai, la baisse de la consommation des ménages en biens s’est accentuée en avril, en repli de 1%, par rapport au mois précédent, contre -0,8% en mars et à -0,3% en février. Sur un an, la baisse est estimée à 4,3%. Cette tendance est tirée principalement par deux postes : l’énergie et l'alimentation.

Les dépenses en énergie, ont diminué de 1,9% en avril, après une augmentation de 0,6% en mars. « Ce repli s’explique principalement par la baisse de consommation de carburants, notamment en gasoil, tandis que la consommation en électricité et gaz rebondit », explique l’Insee. Quant aux dépenses alimentaires, elles ont reculé de 1,8% en avril, après un fléchissement de 2,4% en mars, ce qui s’explique par l’explosion des prix. Sur un an, d’avril 2022 à avril 2023, elles chutent de 10,1%! Du côté des biens fabriqués, la consommation est quasi stable ( +0,1% en avril).

Le climat des affaires se détériore

La demande des ménages, principal moteur de la croissance, qui se grippe, préoccupe les chefs d’entreprise. L’Insee constate une dégradation de leur moral pour le troisième mois d’affilée. L’indicateur le synthétisant perd deux points : il passe de 102 en avril à 100 en mai, atteignant son niveau le plus faible depuis avril 2021. Cette dégradation du climat des affaires affecte l’ensemble des secteurs d’activité, tant  sur l’appréciation de la situation actuelle que sur celle des perspectives d’activité.

Dans le bâtiment, confronté à la crise du logement, les chefs d’entreprises interrogés sont nettement pessimistes quant à la production, aux effectifs et carnets de commandes. Dans l’industrie, les craintes des patrons sont surtout liées à la production passée et au niveau des commandes. Dans le commerce de détail, le climat de confiance est aussi affecté par les intentions de commandes. Les grossistes se disent, quant à eux, inquiets sur les ventes passées et les livraisons reçues de l’étranger.

Les services durement impactés

La baisse de moral des chefs d’entreprise est palpable partout, et atteint nettement le secteur des services. Maintenu tout juste au-dessus de sa moyenne de longue période, l’indicateur dédié ressort à 101 en mai 2023, en recul de deux points par rapport à avril. Les patrons se montrent plus inquiets sur « leurs perspectives personnelles d’activité et sur celles du secteur ». Les impressions liées à l’incertitude économique se stabilisent. Les soldes relatifs à l’évolution récente et à venir des prix fléchissent toutefois, mais restent supérieurs à leur moyenne de longue période. Tous les sous-secteurs des services sont concernés par cette tendance, sauf l’information-communication où les chefs d’entreprise sont moins pessimistes sur l’activité et la demande prévues. Dans l’hébergement-restauration, impacté par la baisse de pouvoir d’achat des ménages, le climat des affaires fléchit nettement. Il se dégrade aussi fortement dans les activités immobilières, dans la tourmente avec la crise du logement, en lien notamment avec la hausse des taux d’intérêt.

Par ailleurs, globalement, les perspectives liées à l’emploi sont également affectées par cette dégradation. L’indicateur du climat de l’emploi perd trois points en mai, à 106. S’il demeure au-dessus de sa moyenne de longue période. « Il s’agit de son niveau le plus bas depuis septembre 2021 », relève l’institut de statistique, qui attribue cette détérioration en mai « principalement au recul des soldes d’opinion sur l’évolution récente et à venir des effectifs dans les services. »