La Calira au fil du lin…

Le lin arrive en ballots à la coopérative.
Le lin arrive en ballots à la coopérative.

Le lin arrive en ballots à la coopérative.

Fondée en 1955, la Calira de Martainneville est l’une des dix coopératives linières de France. Elle occupe 80 salariés et compte 430 livreurs, qui cultivent 5 600 hectares de lin, une matière noble utilisée à 100%. La fibre, qui donnera notamment naissance à des vêtements, est exportée à 100% vers la Chine.

Fin août : le ballet de camions et autres engins est incessant dans la cour de la Coopérative agricole linière de la région d’Abbeville (Calira), à Martainneville. C’est la haute saison de l’arrivée en ballots du lin, mais surtout du rouissage, permettant de retirer les fibres du bois et de l’écorce. Dès qu’il est jugé optimum, le lin est ramassé en grosses balles, il arrive à la Calira pour être ensuite teillé, la fibre est alors séparée de la paille et des poussières, et le lin enfin peigné.

Une culture particulière La culture du lin est particulière. Elle est dépendante de la météo, mais aussi de l’offre et de la demande. « Nous ne savons jamais ce qu’on produit à l’hectare, explique Vincent Delaporte, le directeur de cette coopérative qui compte 80 salariés et 430 livreurs cultivant 5 600 hectares de lin. C’est une culture d’excellence, de savoir-faire. Il faut être attentif, avoir la main verte, se rendre quasi quotidiennement sur les parcelles, car c’est une plante qui pousse en 110 jours. Cette année, 85% des lins étaient versés, nous allons faire une culture correcte mais pas extraordinaire, car les fibres longues ont été abimées. » L’an dernier, la Calira – qui se développe sur 10 hectares, dont trois construits – a affiché un chiffre d’affaires de 23 millions d’euros contre 18,3 en 2014. La France est le premier pays producteur de lin, deux coopératives se trouvent en Picardie, l’une à Martainneville et la seconde à Grandvilliers.Tout au long de la pousse, de la mise en œuvre de la récolte et du rouissage, deux techniciens de la Calira se rendent sur place pour aider les agriculteurs au maximum. Pour ces derniers, cultiver de lin est une valeur ajoutée certaine à leur activité et chiffre d’affaires. « Il faut vraiment être spécialiste, répète Vincent Delaporte. C’est aussi une démarche qui demande beaucoup d’investissement en termes de matériel, car celui-ci est spécifique à la culture du lin. »

Une fibre 100% utilisée La Calira fournit les semences, désherbants, produits de traitements et ficelles aux adhérents. Elle organise chaque année des journées linières où elle présente à ses adhérents ses diverses expérimentations réalisées dans les champs d’essais. Elle assure également des journées de formation technique pour les adhérents, après la transformation de leur lin, sur divers thèmes – techniques de culture, traçabilité et teillage de paille, analyse des résultats techniques… –, afin d’améliorer les travaux et les recettes des adhérents. Ainsi, pour éviter la fatigue du sol et la prolifération des maladies, il faut respecter un intervalle d’au moins sept ans entre deux cultures de lin sur lamême parcelle. « Comme dans le cochon, tout est bon dans le lin », assure le directeur, 17 à 25% du lin donnera de la filasse, puis du fil (à 75% pour l’habillement, 6% pour le linge de maison, 12% pour l’ameublement, et 7% d’utilisation technique), 13 à 20% seront alloués aux étoupes ou fibres courtes pour la filature, le papier, l’isolation, 4 à 7% aux graines pour la peinture, l’huile de lin, l’alimentation animale, 45 à 50%, aux anas (fragments de paille récupérés lors du teillage), qui donneront naissance à des panneaux de particules, de la litière pour chevaux, des granulés pour du paillage horticole, du combustible (2,5 kg d’anas représentent un litre de fioul). Quant à la poussière (10%), elle est compostée. « La fibre longue est 100% exportée en Chine et repart dans le monde entier, présente Vincent Delaporte. Elle représente 85% de la recette des producteurs. Les plus gros consommateurs sont les États-Unis, puis l’Europe de l’ouest et le Japon. Le lin représente 1% du textile mondial. Ce n’est rien par rapport au coton, au polyester… C’est un produit en vogue. Les gens sont moins focalisés sur le fait de le porter froissé. C’est chic le lin. C’est une matière qui évoque la nature, la fraîcheur, le confort, le raffinement… » Des chercheurs travaillent actuellement sur les possibilités d’utiliser du lin qui ne froisserait pas, en réduisant par exemple l’épaisseur des fils, on trouve déjà du jersey en lin. Avec un hectare de lin, on produit en moyenne 800 chemises, 1 500 chemisiers et 500 jupes, 100 litres d’huile de lin, 300 m² de paillage écologique, 1 000 panneaux de portières, 100 draps, 100 nappes, 100 rideaux et 200 kilos d’aliments pour bétail.