La CCI Hauts-De-France : l’autonomie pour la survie

David Brusselle, directeur général CCI Hauts-de-France, Philippe Hourdain, président CCI Hauts-deFrance et François Lavallée, président CCI Littoral Hauts-de-France
David Brusselle, directeur général CCI Hauts-de-France, Philippe Hourdain, président CCI Hauts-deFrance et François Lavallée, président CCI Littoral Hauts-de-France

À mi-mandat, Philippe Hourdain, président de la CCI Hauts-de-France, a dressé un bilan de la chambre consulaire. Toujours sous le poids des coupes budgétaires, la CCI régionale n’en reste pas moins active auprès des entreprises et se crée un avenir ambitieux.

Elle a été le premier établissement consulaire de France à avoir totalement fusionné au 1er janvier 2019, alors qu’il y a 20 ans, les Hauts-de-France comptaient 15 CCI indépendantes. Aujourd’hui, les sept CCI devenues locales maillent le territoire, au plus proche des entreprises. Depuis le début du mandat, les élus n’ont pas chômé selon Philippe Hourdain. Qu’il s’agisse du lancement d’Hauts-de-France Prévention, conjointement avec le conseil régional afin de prévenir et de traiter les difficultés des entreprises (le fonds est doté de 20 M€, ndlr), de la mise en place de la Team France Export qui réunit les équipes de CCI International et de Business France pour accompagner les exportateurs ou de la dynamique Rev3 qui rassemble aujourd’hui 1 500 entreprises, acteurs et institutions et 16 territoires démonstrateurs en région, la CCI régionale continue d’être le porte-parole des entreprises. Mais avec des moyens en constante baisse : le budget annuel, de l’ordre de 150 millions d’euros reste conséquent mais les ressources fiscales ont fondu (de 110 M€ de ressources en 2012, la CCI est passée à 50 cette année et à 27 prévus en 2022). Des baisses de rentrées fiscales qui devraient être compensées par de nouveaux services marchands, notamment en matière de formation ou de diffusion d’études à caractère économique. « Les CCI ont un avenir à condition de le créer elles-mêmes. La condition de notre survie, c’est d’avoir un avenir autonome. Nous devons nous battre pour rester les interlocuteurs privilégiés des entreprises », avoue avec lucidité Philippe Hourdain.

La formation, un enjeu de taille

La CCI Hauts-de-France est aussi gestionnaire de grandes infrastructures (portuaires, aéroportuaires et zones d’activités), pour un budget de 400 M€. Il a fallu aussi digérer l’échec du projet de la chambre dans la gestion de l’aéroport de Lille : le contrat de délégation de service public a été attribué l’été dernier à Eiffage, en partenariat avec Aéroport Marseille-Provence. « Nous avions fait une très belle offre. Oui, nous sommes très déçus mais nous laissons un aéroport en pleine santé et dès 2020, le nombre de passagers va augmenter », rassure Philippe Hourdain. L’organisme consulaire va aussi mettre les bouchées doubles sur la formation. Juste après l’Éducation nationale, la CCI est le second opérateur de la formation en région avec plus de 30 000 personnes formées chaque année dans 14 organismes (pour un CA de 53 M€). La CCI veut passer à la vitesse supérieure avec la création d’un campus moderne et Rev 3, qui regrouperait les quatre écoles métropolitaines, en partenariat avec Yncréa Hauts-de-France. « Nous espérons annoncer un site à la fin de l’année, avec une ouverture prévue en 2022 », ambitionne David Brusselle, directeur général. Il s’agira de renforcer l’offre existante, notamment dans l’apprentissage et sur des secteurs porteurs (logistique et supply chain, industrie du futur).

Aider les entrepreneurs dans la transmission Au cours des cinq prochaines années, les Hauts-de-France devraient enregistrer plus de 30 600 cessions d’entreprises, concernant plus de 110 000 emplois. 94% de ces entreprises ont entre 0 et 10 salariés. Sur ce point, la CCI régionale devrait suivre l’exemple de sa consœur parisienne, qui possède un service dédié. « Nous travaillons avec la direction de ce service pour pouvoir nous aussi, lancer une équipe dédiée et renforcée », détaille Philippe Hourdain. Chaque année, plus de 1 000 projets de transmission sont accompagnés par les services consulaires.

La mobilité, un problème aussi industriel

Depuis plusieurs années, Philippe Hourdain a pris le problème de la thrombose routière à bras le corps. Même si selon lui, les efforts tardent à se faire sentir : « On a montré qu’on était mobilisés mais cela n’a malheureusement pas beaucoup changé. Il faut que cela soit réellement un sujet de débat. Même si les choses ont changé, on est vraiment en retard sur la mobilité. » Un constat largement partagé par François Lavallée, président de la CCI Littoral : « La problématique des transports est devenue une problématique industrielle. »