Bâtiment

La Fédératon du Bâtiment de l'Oise alerte sur une seconde crise du secteur

Même si les entreprises du bâtiment ont repris leur activité depuis le 4 mai 2020 sans jamais s'interrompre, elles subissent de nouvelles conséquences économiques de la pandémie. D'un côté les surcoûts des matériaux, de l'autre leur pénurie auxquelles risque de s'ajouter des pénalités de retard... la situation impacte sur toute la filière et en premier lieu, les entreprises. La Fédération française du bâtiment (FFB) de l'Oise alerte sur la situation et anticipe sur des conséquences dramatiques.

Philipe Morin, président de la FFB Oise (à g.) et Guillaume Gamache, secrétaire général, alertent sur une seconde crise que subit le secteur du bâtiment dans le département.
Philipe Morin, président de la FFB Oise (à g.) et Guillaume Gamache, secrétaire général, alertent sur une seconde crise que subit le secteur du bâtiment dans le département.

C'est un nouveau choc pour le secteur du bâtiment alors que l'activité a repris bon an mal. Le secteur enregistre une perte de 15% en moyenne en 2020, directement liée à l'arrêt brutal des chantiers durant les deux premiers mois du confinement pour ensuite subir une lente reprise qu'a engendré le contexte sanitaire. Même si les Prêts garantis par l’État (PGE) et le décalage des cotisations sociales ont permis de soutenir les entreprises, le secteur fait face à une nouvelle crise « non anticipable » directement liée à la Covid-19 alors même que l'activité n'a pas retrouvé sa vitesse de croisière. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : entre février 2020 et février 2021, la FFB Hauts-de-France constate une baisse de 15% en moyenne de la mise en chantier (8,4% en France), une baisse de 18% en moyenne pour les permis et une baisse de 38% des surfaces autorisées pour les bâtiments non résidentiels neufs.

Ce contexte déjà instable est ébranlé par deux autres problèmes qui touchent maintenant la matière première : le surcoût et la pénurie des matériaux. « Les entreprises subissent une hausse importante des matériaux de mise en œuvre comme l'acier, le cuivre, le bois, le pvc... allant jusqu'à une hausse de 50% des prix, explique Philippe Morin, président de la FFB Oise. Ce choc de la pandémie se manifeste clairement dans les coûts des matériaux depuis la fin 2020. » En même temps, une pénurie des matériaux s'ajoute. « Par exemple, la pénurie du bois s'explique par un approvisionnement massif des États-Unis en Europe car Donald Trump a taxé le bois canadien ou encore la Chine pour les autres matériaux, continue d'expliquer Philippe Morin. Il va y avoir également une pénurie de peinture blanche car il y a une pénurie d'un élément plastique qui permet sa fabrication. » Ces deux constats impactent directement les entreprises du secteur : la hausse des prix empiète sur la marge des entreprises et la pénurie engendre des délais plus longs des chantiers. « En 2020, on a enregistré des délais qui étaient deux fois plus longs que d'habitude, en 2021 ce chiffre monte à quatre fois à cause de la pénurie des matériaux. Actuellement, des entreprises ne peuvent recevoir leurs marchandises que dans 6 ou 12 semaines, s'alarme le président de la FFB Oise. Et puis, les entreprises vont devoir supporter une hausse exponentielle du coût des matériaux sur des marges déjà faibles qui sont en moyenne de 2%. Si on rajoute les pénalités à cause des retards des chantiers, c'est à la destruction massive d'entreprises à laquelle il faudra faire face et donc, à une destruction d'emplois. »

Une lettre ouverte

Hausse des prix et pénurie des matériaux, pénalités... le FFB Oise alerte : si rien est fait, 2021 et 2022 risquent d'être des années très compliquées pour les entreprises du bâtiment qui, à court terme, pourraient même connaître des arrêts de chantiers. Selon la fédération, les entreprises peinent déjà à chiffrer des opérations « faute de visibilité sur les délais de livraisons » et les prix à appliquer. Une autre question se pose : « Les PGE ont permis de sauver les entreprises sur le moment, mais il faudra les rembourser... Comment peut-on les rembourser ? Il faut plus de chantiers à marge », préconise Philippe Morin. 

Pour alerter sur le problème et protéger les entreprises, la FFB de l'Oise a envoyé une lettre ouverte à l'ensemble des acteurs économiques et politiques du département. La fédération de l'Oise demande aussi au Gouvernement une ordonnance identique à celle du 25 mars 2020 (qui a été effective jusqu'en juin 2020) permettant de stopper les pénalités des retards des chantiers publics et privés. Elle propose aussi une indexation des prix et une clause d'actualisation et de révision des marchés à venir compte tenu du caractère exceptionnel du contexte. « Nous ne voulons pas d'aides financières mais nous voulons alerter et surtout intervenir le plus rapidement possible pour protéger les entreprises et les salariés, précise encore Philippe Morin. Nous appelons donc aux donneurs d'ordres pour rester ouverts aux demandes de négociations des entreprises du bâtiment. »