Bâtiment

La FFB Oise s'inquiète face à la pénurie de matériaux

Si la crise sanitaire de la Covid-19 semble derrière nous, la crise économique qui en découle est bien là. Le secteur du bâtiment fait face à une pénurie de matériaux de matière première et une hausse des prix sans précédent. La FFB sonne l'alarme : les conséquences pourraient être dramatiques pour les entreprises, pour l'industrie mondiale et pour l'avenir du secteur.

(de g. à dr.) Thierry Décramp, électricien (un salarié), Philipe Morin, président de la FFB Oise et menuisier (18 salariés), Guillaume Gamache, secrétaire général de la FFB Oise et Olivier Gérin, menuisier (34 salariés).
(de g. à dr.) Thierry Décramp, électricien (un salarié), Philipe Morin, président de la FFB Oise et menuisier (18 salariés), Guillaume Gamache, secrétaire général de la FFB Oise et Olivier Gérin, menuisier (34 salariés).

Les prémices de cette crise se faisaient sentir au début du printemps et les premières conséquences sont déjà présentes... et calculées. Car la facture de cette pénurie de matériaux est salée pour les entreprises locales. Le retard causé par la crise sanitaire, cumulé à la pénurie de matériaux et donc la hausse des prix de matière première, engendrent un écart de facturation pour les entreprises locales du BTP, pouvant aller jusqu'à 30 000 euros. Un écart devenu un gouffre pour les entreprises qui signent des contrats de chantier quelques mois voire 18 mois avant le début de l'exécution. « Il manque des matériaux donc il y a un retard de chantier et les entreprises paient des pénalités de retard, constat Philippe Morin, président de la FFB Oise. Les prix augmentent énormément et d'autres produits ne sont pas disponibles tout de suite, ce qui fait que les entreprises font actuellement face à un marché à perte. Avec cette hausse inédite, les entreprises ne peuvent pas suivre, c'est impossible. »

Et la hausse double certains prix, comme le bois de charpente qui a vu son prix doubler entre 2019 et 2021. Même constat pour d'autres matériaux, qui sont souvent utilisés comme matière première, comme le PVC, le cuivre, les tôles quarto, les demi-produits en aluminium ou encore le plastique alvéolaires. « De nombreux composants essentiels sont touchés, explique Guillaume Gamache, secrétaire général de la FFB Oise. Ce qui rend la construction de certains produits impossibles. » Et puis, il y a les matériaux qui, quant eux, manquent. Les panneaux mélaminés, les fenêtres, les vis, la peinture... et la liste s'étend encore. Car si la pénurie existe depuis plusieurs mois, certains délais se rallongent encore. « La majorité des matériaux ne sera pas disponible avant la fin de l'année, au lieu d’avoir des délais de réapprovisionnement chez les fournisseurs de deux à trois semaines, on est plutôt sur trois à quatre mois, voire six mois et plus pour certains matériaux », s'alarme Philippe Morin.

Un avenir en hypothèque

À qui la faute ? Les marchés chinois et les États-Unis ont relancé l'économie plus rapidement et ils se sont approvisionnés en premier. Le porte-conteneurs Ever Given bloqué au Canal de Suez, les récents problèmes électriques en Chine - occasionnant des pertes de production -, la hausse du prix du gaz et de l'énergie et enfin, la hausse de la taxe de l'énergie de l'ordre de 25% ont généré cette crise dans le secteur du bâtiment. Et les conséquences pourraient impacter tout un secteur. « Il y a cet écart de prix que les entreprises locales ne peuvent supporter, les pénalités de retard mais aussi une baisse des commandes enregistrées en cette fin d'année alors que le début de l'année 2021 était bon, résume Guillaume Gamache. Aujourd'hui, en moyenne il y a une hausse de 10% du devis. La hausse est préjudiciable pour l'avenir, les contrats sont stoppés car les prix sont trop hauts et les donneurs d'ordre stoppent les appels d'offre. Tout ceci pourrait engendrer, à terme, une chute de la construction. » La FFB Oise s'inquiète sur la conjoncture actuelle : aujourd'hui, 315 000 logements sont construits par an en France, contre 400 000 en moyenne quand la santé du secteur du bâtiment est bonne.

Alors, pour aider les entreprises locale du BTP à surmonter cette crise, la FFB Oise appelle l’État à aider ces dernières : échelonner davantage les prêts et notamment le PGE, annuler les pénalités de retard et compenser sur les charges. « Nous n'avons pas de prévision sur cette crise, les prix s'envolent, les matériaux n'arrivent pas, rappelle Philippe Morin. Il faut anticiper car nous craignons pour la santé de nos entreprises. »