La filière aéronautique des Hauts-de-France reprend des couleurs

Après deux années difficiles, le secteur aéronautique régional profite d’une reprise plus rapide qu’annoncée, et cela malgré les tensions sur les approvisionnements matières. Portés par leur cœur d’activité mais aussi l’amplification de leur stratégie de développement, les industriels recrutent et pensent à l’avenir.

Le secteur aéronautique a des perspectives d’activité jusqu’en 2025. ©Pixabay
Le secteur aéronautique a des perspectives d’activité jusqu’en 2025. ©Pixabay

« Au niveau national les grands donneurs d’ordres et le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas), dont nous sommes membres associés, on parle d’une reprise avec des perspectives jusqu’à l’horizon 2025, malgré une tension sur les approvisionnements en matières qui sont exacerbés par la guerre en Ukraine », explique Sophie Pouillart, déléguée générale et responsable développement industriel d’Altytud, cluster aéronautique régional qui compte plus de 60 adhérents.

« Globalement, cette reprise se ressent également à l’échelle locale », ajoute-t-elle. Outre leur marché cible, les industriels ont aussi amplifié leur stratégie de diversification, une politique mise en place avant le Covid qui commence également à porter ses fruits.

« La période a été très difficile mais les plans de relance et les différentes politiques publiques ont permis aux industriels de faire face, même s’il y a eu des pertes d’emplois », souligne-t-elle.

Une reprise au rendez-vous

Depuis mars 2020, Altytud mène une enquête deux fois par an auprès de ses adhérents pour faire un point de situation. Fin 2020, 50% des répondants – un échantillon de 40 industriels dans lequel ne figure pas de donneur d’ordre- estimait avoir enregistré une baisse de chiffre d’affaires entre 10 et 40%.

« En janvier 2022 la tendance s’est inversée. Ils n’étaient plus que 12% à déclarer avoir subi une baisse de CA. 22% des industriels interrogés parlaient d’un maintien d’activité, 37% annonçaient une hausse entre 10 et 40% et 29% disaient même avoir bénéficié d’une hausse de leur CA de 50% », détaille Sophie Pouillart.

Quant aux perspectives de recrutements, si elles étaient inexistantes en 2020, elles s’envolent en 2022. 68% des industriels consultés par Altytud confirment leur besoin de main d’œuvre, sur des chiffres même supérieurs à ceux de 2019.

« Les métiers qui étaient en tension avant la crise sont de nouveaux en tension aujourd’hui », note Sophie Pouillart, qui, avec le cluster mène régulièrement des actions pour sensibiliser le jeune public mais aussi les personnes en reconversion professionnelle aux métiers de l’aéronautique. « Nous avons besoin d’anticiper les besoins futurs. L’offre de formation existe sur le territoire, tout l’enjeu est de susciter de nouvelles vocations », observe-t-elle.

Se tourner vers l’avenir

Outre la problématique du recrutement, Altytud accompagne ses adhérents sur les grands enjeux d’avenir du secteur comme l’aviation décarbonée. Si chaque industriel a sa propre stratégie, le cluster a créé Altylab, un service support inauguré en décembre 2021 qui combine bureau d’études et R&D mutualisé.

« Nous nous sommes rendu compte que l’innovation n’était pas une tendance naturelle des industriels. Or lorsque l’on parle d’aviation décarbonée, l’innovation est au cœur du processus et elle ne doit pas venir uniquement des donneurs d’ordres », analyse Sophie Pouillart. Concrètement, Altylab, qui compte aujourd’hui deux collaborateurs, et accompagne des industriels sur des projets collaboratifs.

« Nous jouons le rôle de coordinateur et nous ajoutons des briques technologiques si besoin », poursuit-elle. Une initiative qui séduit beaucoup d’acteurs régionaux, qui voient dans Altylab l’occasion de monter en compétences et de s’ouvrir à de nouveaux marchés.