Chez Plastic Omnium, la filière automobile s'engage pour l'avenir

Au centre technique mondial de R&D Alphatech de Plastic Omnium, situé à Compiègne, La Plateforme automobile (PFA) a rejoint officiellement la Communauté française des entreprises engagées pour une société inclusive et un monde durable, en présence du ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion, Olivier Dussopt. Une avancée majeure pour la filière, en pleine mutation.

Olivier Dussopt, à sa droitec, DG de Plastic Omnium, et Luc Chatel ont visité le centre Alphatech de Plastic Omnium (c)VK
Olivier Dussopt, à sa droitec, DG de Plastic Omnium, et Luc Chatel ont visité le centre Alphatech de Plastic Omnium (c)VK

C'est un moment fort pour la filière automobile, alors qu'elle fait face à des transformations sans précédent. Avec un objectif de vente de véhicules 100% électriques à partir de 2035, le secteur doit entreprendre un profond changement. « C'est une révolution qu'est en train de vivre la filière automobile », exprime Luc Chatel, président de La Plateforme automobile (PFA).

Pour accompagner cette révolution, PFA a officiellement rejoint le groupement d'intérêt public (GIP) "Les entreprises s'engagent" – initié par le Président de la République en 2018 – en signant une convention avec le ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion, Olivier Dussopt et Thibaut Guilluy, Haut-commissaire à l'emploi et à l'engagement des entreprises, sur le site Alphatech de Plastic Omnium à Compiègne, le 20 octobre. In fine, ce partenariat renforcera leur coopération dans le domaine du développement des compétences pour aider la filière automobile à atteindre ses objectifs.

Thibaut Guilluy, Haut-commissaire à l'emploi et à l'engagement des entreprises, Olivier Dussopt, minitre Travail, du Plein emploi et de l'Insertion et Luc Chatel, président de PFA, ont signé la convention "Les entreprises s'engagent", sur le site de Plastic Omnium, à Compiègne. (c)VK

Si dans l'Oise, déjà 192 entreprises sont engagées dans cette démarche, cette convention embarque toute la filière, dont l'inclusivité et la durabilité se positionnent au centre des actions. Concrètement, le groupement "Les entreprises s'engagent" rassemble les entreprises de toutes tailles, les services de l'État et l'ensemble des parties prenantes de l'engagement des entreprises. L'objectif est de fédérer sur l’ensemble du territoire, les entreprises – ainsi que les grands réseaux d’entreprises et partenaires – qui œuvrent pour une société inclusive et un monde durable, impulsés par des "clubs départementaux". C'est surtout un espace de coopération entre le gouvernement et ces entreprises engagées pour accompagner le passage à l’action en offrant les outils et les moyens permettant à chacun d'agir à son échelle. « Aujourd'hui, cette signature a une valeur d'exemple car toute une filière s'engage », félicite Olivier Dussopt. La Communauté est animée depuis avril 2022 par un groupement d’intérêt public co-créé par le ministère du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion, Pôle emploi et une association d’entreprises engagées.

Transformation de la filière

Accompagner la filière automobile dans l'objectif d'abandonner le thermique, c'est avant tout investir pour la rendre compétitive. Si l’État investira 600 milliards d'euros d'ici 2027, les véhicules électriques représentent pour l'heure 30% du marché. Mais « en cinq ans, dix fois plus de voitures se sont vendues, assure Luc Chatel. Nous avons un effort considérable à faire. » Dans ce grand chantier, toute la chaîne est concernée, des constructeurs aux équipementiers, des PME aux fabricants. « 1,3 milliards d'euros ont été investis dans la sous-traitance », note encore le président de PFA.

La Région Hauts-de-France est un bel exemple de cet avenir automobile car elle regroupe de nombreuses forces vives de la filière. À l'instar de Plactic Omnium, leader mondial de la mobilité décarbonée. Le groupe fabrique 17 millions de réservoirs par an, sur les 80 millions vendus. Plastic Omnium a d'ailleurs bénéficié du plan France 2030 : une enveloppe de 74 millions d'euros pour l'aider à construire la plus grande usine de réservoirs à hydrogène d'Europe d'ici 2025. « L’État accompagne et va accompagner sur la nécessaire transformation technologique des entreprises », affirme Olivier Dussopt.

Si la filière automobile s'apprête à prendre l'un des virages les plus serrés de son histoire, les professionnels demandent une aide précieuse de l’État. « Changer de modèle, oui, mais il faut être accompagner de façon pérenne. Il faut que la France soit compétitive », prévient Luc Chatel. La question de l'accessibilité des véhicules neufs demeure une question essentielle car pour le moment, un véhicule électrique coûte en moyenne 50% plus cher qu'un véhicule thermique. Mais la filière reste positive : malgré une perte de 70 000 emplois en dix ans, 80 000 offres d'emploi sont aujourd'hui publiées, démontrant que la filière automobile continue d'être dynamique... l'objectif est de garder ce cap d'ici 2035.

La nécessaire mutation des métiers

D'ici là, le ministre a annoncé un chantier à 360° pour ne laisser personne sur le bord de la route. Déjà en route, le chantier sectoriel concerne des Fonds automobiles, mais aussi une transition collective. Cette dernière construit, par exemple, des giga factories, comme dans le Nord, où une Vallée de la Batterie se profile. Le dernier exemple en date est à Dunkerque : Verkor, start-up française, prévoit l'installation d'une gigafactory de batteries et a annoncé avoir réuni plus de deux milliards d'euros de financements privés et publics pour l'implantation de son futur site d'ici 2025.

Dans cette transformation du marché automobile, il y a la transformation technique et technologique mais il y a aussi la transformation des métiers, donc des compétences. Le pacte signé entre PFA et l’État, à travers le groupement "Les entreprises s'engagent", portera surtout sur le développement des compétences. Parce que travailler sur un moteur thermique ne correspond pas tout à fait à travailler sur un moteur électrique. Accompagner les salariés en place pour acquérir de nouvelles compétences, mais aussi les demandeurs d'emploi, les jeunes et les seniors pour créer une filière automobile forte, ce pacte fort veut « accompagner les métiers de demain », explique Olivier Dussoprt. « Il faut tester certaines mutations, poursuit-t-il. Cette convention affirme notre volonté d'inclusion des salariés. Il faut aider les femmes et les hommes. »

La formation demeure le socle. Initialement destiné aux entreprises dont l'activité était impactée par le Covid-19, le FNE-Formation perdure en 2023 pour financer la formation des salariés des entreprises touchées par les transitions actuelles dont ceux qui connaissent ou connaîtront des destructions d'emploi. Un FNE-Formation utile pour la filière automobile, étant confrontée aux pertes d'emploi mais aussi à la création de nouvelles compétences. En ce sens, de nouvelles formations apparaîtront : en 2023, l’École de la batterie, première école en réseau, a été lancée, dans le but d'accompagner l'industrie vers l'électrique.

La filière automobile avance donc à grands pas pour atteindre ce défi du 100% électrique d'ici 2035. « Un défi considérable mais exaltant », confie Luc Chatel. Un défi devenu par ailleurs nécessaire. « Nous sommes à l'avant garde du défi climatique », précise-t-il. Un grand défi social, sociétal et climatique.