La rentabilité se conjugue au féminin

Résilientes, productives, impactantes... les chiffres le montrent : les entreprises dirigées par des femmes seraient mieux managées que par leurs homologues masculins. Et pourtant, elles ne représentent qu'un tiers des créations d'entreprise.

© Viacheslav Yakobchuk
© Viacheslav Yakobchuk

Les femmes s'emparent de plus en plus de la création d'entreprise même si elles sont encore loin d'être majoritaires dans le domaine. En Hauts-de-France, seules 30% des entreprises sont dirigées par des femmes, un chiffre qui se rapproche de la moyenne nationale : 32,3%. La région suit de près les Bretons – champions en titre – avec 36,3% et les Normands (35,5% des entrepreneurs, chiffres 2023). Les femmes sont donc de plus en plus séduites par l'entrepreneuriat, en revanche, dans la tech, elles ne sont que 6% à faire partie du classement French Tech 120 qui récompense les entreprises en forte croissance dans le secteur de la tech.

Des déficits sur le financement

C'est évidemment encore trop peu et le constat est encore plus parlant côté financement : 84% des levées de fonds sont 100% masculines et... 3% sont 100% féminines : «Il y a un vrai déficit sur l'entrepreneuriat au féminin. Mais surtout, si on parle du financement, les chances d'accéder à des fonds sont vraiment inégales» déplore Yann Orpin, président du Medef Lille Métropole.

Un constat partagé par Justine Soudier, directrice EDHEC Entrepreneurs (Lille, Paris, Sofia-Antipolis) : «Les codes des levées de fonds restent très masculins, même si des efforts sont faits et que les effectifs dans les fonds d'investissement se féminisent de plus en plus». Si les dirigeantes lèvent moins de fonds, c'est aussi parce qu'elles entreprennent dans des secteurs moins consommateurs de capitaux – elles ne sont que 17% à entreprendre dans la tech – mais aussi parce que leur gestion semble plus mesurée que celle de leurs homologues masculins : «Les dirigeantes veulent se tourner vers la rentabilité et c'est une excellente façon de procéder dans des périodes économiquement difficiles» poursuit-elle. Parmi les secteurs privilégiées des projets féminins incubés, l'économie sociale et solidaire, l'inclusion l'habillement et la restauration.

Les incubateurs de l'EDHEC comptent 40% de projets co-fondés par une femme explique Justine Soudier, directrice EDHEC Entrepreneurs.

Dans les grandes entreprises, le plafond de verre reste une réalité : seulement 2,5% de femmes sont à la tête de sociétés du CAC 40. «Les stéréotypes restent encore très marqués. C'est un peu le 'syndrome de l'imposteur' : manque de confiance en soi, difficultés à concilier vie professionnelle et vie familiale, etc.» complète Justine Soudier.

Un observatoire régional sur l'entrepreneuriat au féminin

Meilleures dans les études, les femmes le sont aussi dans la gestion d'une entreprise, même si elles ne sont que 12% à diriger une PME ou une ETI et seulement 6% côté grands groupes. «Selon les chiffres de l'OIT (Organisation Internationale du Travail), une entreprise dirigée par une femme est 10 fois plus rentable et les résultats d'une entreprise sont doublement meilleurs lorsqu'il y a une femme au board» complète Yann Orpin. Raison de plus pour que les femmes s'emparent de l'entrepreneuriat !

Le Medef Lille Métropole – et c'est une première en France – va prochainement mettre en place un observatoire régional sur le financement des entreprises tenues par des dirigeantes. Car même si des efforts sont faits, il reste encore quelques marches à franchir pour hisser les femmes à la première place des entrepreneurs sur le territoire national.