La sucrerie Sainte Émilie poursuit son travail de décarbonation

En septembre, la sucrerie met en service un sécheur de pulpes de betteraves qui diminuera sa consommation en eau et ses émissions de dioxyde de carbone. Si elle est implantée dans la Somme, elle concerne tous les agriculteurs sur le bassin picard.

Cette  installation va permettre de déshydrater 75 tonnes de pulpe par heure  sans consommation de gaz supplémentaire. (Aletheia Press/DLP)
Cette installation va permettre de déshydrater 75 tonnes de pulpe par heure sans consommation de gaz supplémentaire. (Aletheia Press/DLP)

À Villers-Faucon, dans la Somme, la sucrerie de Sainte Émilie fait évoluer depuis plusieurs années ses pratiques et son outil industriel. Son objectif : réduire son impact environnemental. Après avoir arrêté le fioul au profit du gaz, le site s’est attaqué à sa gestion de l’eau pour atteindre une complète autonomie en 2018. « La betterave est composée à 75% d’eau, la récupération de cette ressource est donc une priorité », souligne Pascal Hamon, directeur industriel de Cristal Union, à l’occasion d’une visite du site.

Jérôme Fourdinier et Thierry Cousson, lors de la visite du site le 23 juin. (Aletheia Press/DLP)
Cette installation va permettre de déshydrater 75 tonnes de pulpe par heure sans consommation de gaz supplémentaire. (Aletheia Press/DLP)

Ainsi, les 600 000 m3 récupérés sont stockés dans des bassins et mis à disposition des agriculteurs pour l’irrigation. Il sert également à nettoyer l’usine. Quant à la terre retirée des betteraves après nettoyage, elle est redéposée dans les champs.

Une unité de séchage de pulpe

« En 2018, nous avons également entrepris des travaux pour mettre en place une nouvelle chaufferie et un nouveau turbo-alternateur, soit un investissement de 45 millions d’euros », pointe Thierry Cousson, directeur de la sucrerie Sainte Émilie. Il évoque également l’arrivée, l’année dernière, d’un nouvel atelier de décalcification. « Tout a été pensé et réalisé pour préparer l’avenir », ajoute-t-il.

Une stratégie qui se poursuit avec la construction d’une unité de séchage indirect de pulpes de betteraves qui devrait entrer en service en septembre prochain. Cet atelier de déshydratation, dont l’investissement se monte à 25 millions d’euros - dont 7 millions de l’Ademe -, va permettre de déshydrater 60% des pulpes de betteraves, divisant par trois le flux des camions.

La vapeur produite par le sécheur sera utilisée pour le process industriel de la sucrerie. (Aletheia Press/DLP)

Cet équipement va également offrir la possibilité de récupérer la chaleur et la vapeur émises par l’opération, entrainant une réduction de 40 000 tonnes de dioxyde de carbone par an et la récupération de 130 000 m3 d’eau supplémentaires. « Ces économies d’énergie se font en complément des autres installations. C’est une organisation complexe qui va nous permettre d’être encore plus efficients », rebondit Thierry Cousson.

Faire face aux difficultés culturales

Une démarche indispensable pour préserver l’environnement mais qui profite aussi indirectement aux 1 200 agriculteurs sur le bassin picard adhérents à la sucrerie. Ceux-ci ont cultivé, en 2022, quelque 21 300 hectares de betteraves. Un record en termes de surface, mais malheureusement pas en termes de rendement. La faute a une forte sécheresse en 2022, mais les perspectives pour la campagne 2023 sont encourageantes. « Nous faisons partie des 13 sites du groupe Cristal Union qui a choisi de s’implanter sur l’ensemble des zones de production de betteraves en France pour répartir les risques et sécuriser ses approvisionnements. Ici, nous avons la chance d’être assez préservés, il y a peu d’accidents climatiques », commente Jérôme Fourdinier, président de la coopérative betteravière de Sainte Émilie.

Mais aux aléas climatiques, s’ajoute l’interdiction des néonicotinoïdes, utilisés dans la lutte contre les pucerons, laquelle a secoué le secteur de la betterave. « Les agriculteurs ont eu de gros doutes quant à l’intérêt de poursuivre la culture de la betterave. C’est pourquoi, nous avons mis en place un réseau social pour alerter sur l’arrivée des pucerons et nous les avons informés sur tous les moyens de lutte à disposition. Pour l’instant, ça fonctionne bien, nous pensons avoir maîtrisé ce risque » explique Jérôme Fourdinier. Le président de la coopérative poursuit en évoquant la hausse de la rémunération en 2023. « Nous sommes actuellement à 45 euros par tonne de betterave contre 43 euros auparavant », conclut-il.