L’avenir économique de la Picardie passe aussi par ses infrastructures

Organisée par la chambre de commerce et d’industrie de Picardie, la table ronde autour de la question des infrastructures a réuni l’ensemble des élus de la région. Tous sont mobilisés pour faire de la Picardie un réseau central incontournable.

Ludovic Vaillant, Marc Amoudry, Stéphane Bugat, Jacques Tardy.
Ludovic Vaillant, Marc Amoudry, Stéphane Bugat, Jacques Tardy.
Ludovic Vaillant, Marc Amoudry, Stéphane Bugat, Jacques Tardy.

Ludovic Vaillant, Marc Amoudry, Stéphane Bugat, Jacques Tardy.

Il y a vingt-cinqans,on apprenait que le TGV tant espéré ne passerait pas par la capitale picarde. Pour préparer au mieux l’avenir de la région et éviter une nouvelledéconvenue, Jacky Lebrun, président de la CCI Picardie, a initié un débat autour d’une question simple : “Quelles infrastructures demain en Picardie ?”.
Pour répondre aux interrogations des différents élus et organismes présents, Marc Amoudry, directeur de l’aéroport de Beauvais, Ludovic Vaillant, directeur d’études au CETE (Centre d’études techniques de l’équipement) Nord Picardie, Jacques Tardy, président de la Confédération internationale de travaux publics, et Jacques Gounon, président d’Eurotunnel, ont animé la table ronde.
Au programme des débats : le canal Seine-Nord Europe, les différents projets de lignes TGV, la nouvelle ligne à grande vitesse, et surtout la question du développement économique autour de ces infrastructures.

Un réseau d’avenir
Avec l’engorgement de Paris et Lille, la décentralisation et même la mise en place du Grand-Paris,la Picardie a la possibilité d’étendre son maillage et devenir une région incontournable. Le moment est venu de lancer des paris audacieux.
L’aéroport de Beauvais-Tillé fait partie de ces paris risqués. Après des débuts difficiles, la plate-forme aéroportuaire a multiplié les destinations “business” vers toute l’Europe et a accueilli Ryanair, une compagnie lowcost. Depuis,l’aéroport de Beauvais-Tillé est la septième plate-forme aéroportuaire de France avec 4 millions de voyageurs transportés en 2011 (source Oise tourisme).
Côté rail, la mobilisation est forte. Quelques jours avant la tenue de la table ronde, Caroline Cayeux, maire de Beauvais, et Philippe Enjolras, président de la CCIT de l’Oise, ont lancé une pétition pour la création d’une ligne TGV Paris- Beauvais-Amiens-Londres. Ce tracé concurrencerait le projet TGV Roissy-Picardie passant par Creil. Marc Amoudry, a évoqué à cette occasion l’idée de relier l’aéroport de Beauvais à la ligne à grande vitesse, une liaison « logique » selon lui. Toute la question est de figurer sur un axe qui reliera le quartier de La Défense, coeur économique français,à la City de Londres, capitale européenne de la finance. Réseau ferré de France,à qui revient la décision finale, poursuit pour l’instant les études techniques. L’arrivée du TGV est prévue à l’horizon 2020.

Aménagement et répartition
Autre inquiétude, la mise en danger du projet du canal Seine-Nord Europe. Avec la saturation des autoroutes, la hausse des prix du carburant, le transport fluvial est pourtant un mode de transport alternatif à l’avenir prometteur. Ce projet européen hors normes s’étendra en Picardie sur 82 km, avec des étapes dans le Compiégnois, le Noyonnais, le secteur de Péronne et de Nesle. Le canal viendra renforcer le pôle Industrie et Agro-Ressources mais sera également à la base de la création de trois platesformes multimodales et d’une zone d’activités de 200 ha. Si le projet n’est pas abandonné, le canal devrait être mis en service courant 2017. Jacques Gounon et Ludovic Vaillant ont cependant rappelé que l’infrastructure ne se suffisait pas à elle-même. Si la construction de ces équipements est une base solide au développement financier de la région, elle ne résout pas entièrement l’équation. Le déploiement d’une zone économique génératrice d’emplois dépend en grande partie d’un aménagement du territoire conséquent. Au-delà de cette problématique, il faut également penser à l’irrigation et la répartition des richesses sur l’ensemble du territoire picard. La concentration sur une métropole entraînerait une dangereuse désertification du reste du territoire. Pour éviter cela, la mise en place d’un véritable réseau par les collectivités territoriales semble indispensable.