Le canal reliant Condé-sur-l’Escaut à Pommeroeul attire les bateaux à grand gabarit

Le 30 novembre, le canal reliant Condé-sur-l’Escaut à Pommeroeul en Belgique a réouvert à la navigation à grand gabarit. Le tronçon de onze kilomètres était fermé depuis les années 1992.C'est aussi un projet global : la liaison Seine-Escaut.

Pour décarboner le transport de marchandises, les politiques se tournent vers le fluvial. (© Aletheia Press / L.Péron)
Pour décarboner le transport de marchandises, les politiques se tournent vers le fluvial. (© Aletheia Press / L.Péron)

C'est une avancée majeure pour le transport fluvial de marchandises annoncée ce 30 novembre. Fermé depuis 1992, le canal qui relie Condé-sur-l’Escaut à Pommeroeul, en Belgique, réouvre à la navigation à grand gabarit. De ce fait, d’ici la fin du mois de décembre, des bateaux allant jusqu’à 3 000 tonnes à charge seront visibles sur le tronçon de onze kilomètres. « Pour réouvrir ce canal, nous avons procédé en trois étapes. Nous avons commencé par le désenvaser, puis par l’élargir, avant d’aménager ses berges » introduit Manuel Philippe, maître d’œuvre travaux fluviaux et environnementaux au sein de Voies navigables de France (VNF).

Au total, c’est un million de mètres cubes de sédiments qui a été dragué sur six kilomètres (l’équivalent de 400 piscines olympiques) et 450 000 m3 de terre qui ont été terrassés sur les onze kilomètres. « Auparavant, le canal faisait 21 mètres de large, nous avons atteint 34 mètres » précise Manuel Philippe. Quant aux berges, elles ont été aménagées avec soin. « Ce sont des berges végétales. C’est comme si nous n’y avions pas touché » ajoute le maître d’œuvre travaux fluviaux et environnementaux chez VNF.

116 millions d’euros d’investissement

Ces onzes kilomètres s’inscrivent dans le projet de liaison Seine-Escaut, qui doit relier le bassin de la Seine, les ports de la façade maritime des Hauts-de-France et l’Europe du Nord-Ouest. (© Aletheia Press / L.Péron)

La réouverture à la navigation à grand gabarit du canal est une opération franco-belge. En effet, pour draguer, élargir et aménager les berges, c’est la France qui a investi 80 millions d’euros. En revanche, pour rénover et réhabiliter les écluses et leurs abords, c’est la Wallonie qui a déboursé 36 millions d’euros. « Nous avons établi une gouvernance exemplaire. Nous disposons à présent d’un poste de commande flambant neuf à Hensies. Nous avons mis au gabarit et modernisé l’écluse, entre autres » souligne Étienne Willame, directeur général du service public de Wallonie mobilité et infrastructures. De nombreux acteurs ont tenu à financer ce projet. L’Europe a ainsi accordé 34,8 millions d’euros, la Région Hauts-de-France 21 millions et l’État 14 millions d’euros.

Un projet global : la liaison Seine-Escaut

La réouverture de ce canal permet aux embarcations, jusqu’à 3 000 tonnes à charge, de gagner une demi-journée de navigation en évitant un détour de trente kilomètres. Elle permet également de décarboner le transport de marchandises. « Selon nos calculs, la réouverture du canal peut permettre de retirer 300 000 camions sur les routes. » chiffre Manuel Philippe. Les perspectives du trafic à l’horizon 2030 s’élèvent à 6,5 millions de tonnes, notamment avec l’arrivée du Canal Seine-Nord-Europe.

Clément Beaune - ministre délégué auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires chargé des transports a fait le déplacement ce 30 novembre. (© Aletheia Press / L.Péron)

En effet, ces onze kilomètres s’inscrivent au cœur d’un projet global, celui de la liaison Seine-Escaut (1 110 kilomètres au total). « Je suis ravi de participer, ce 30 novembre, à la réouverture à la  navigation à grand gabarit de ce canal. Pour les Hauts-de-France et la  Wallonie, ce tronçon est un atout économique et u écologique, à l’heure dchangement climatique et du transport massifié », a prononcé Clément Beaune, ministre délégué auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires chargé  des  transports. « Les autres territoires doivent s’inspirer de ce que vous venez de réaliser. » L’objectif est clair : développer les moyens logistiques fluviaux au service de la compétitivité des entreprises et du changement climatique.

Seine-Escaut, un réseau majeur pour le fluvial européen

Grâce à la modernisation et la régénération de canaux existants et à la construction d’une nouvelle liaison fluviale de 107 km – le Canal Seine-Nord Europe (CSNE) – entre les bassins de la Seine et de l’Escaut, L'Alliance Seine-Escaut constituera, d’ici à 2030, le premier réseau de transport fluvial à grand gabarit d’Europe, avec 1 100 km de voies navigables adaptées au passage de bateaux transportant jusqu’à 4 400 tonnes de marchandises (soit l’équivalent de 220 camions).

Facteur de cohésion entre les territoires, Seine-Escaut contribue directement à la réalisation des objectifs de décarbonation des transports fixés par le Pacte vert Européen. Il reliera cinq ports maritimes, 60 ports intérieurs, 90 ports de plaisance et 360 communes implantées à proximité de la voie d’eau. Il desservira un territoire de 40 millions d’habitants, entre la France, la Belgique et les Pays-Bas.

L’enjeu est d’accroître le report modal vers le transport fluvial dans un contexte de hausse des échanges et des trafics. Le réseau Seine-Escaut doit répondre à cet enjeu. C’est la pièce maîtresse du corridor Mer du Nord-Méditerranée, l’un des 9 corridors multimodaux qui doivent permettre de développer un réseau central transeuropéen de transport multimodal à l’horizon 2030.

Virginie Kubatko