Le Crocq : écoconçue, la salle des fêtes sort de terre

Attendue de longue date, la salle polyvalente du Crocq sera opérationnelle en 2023. Un projet d'importance pour la commune qui a misé sur des matériaux biosourcés et locaux.

L'architecte Xavier Simonneaux (à dr.) et les élus Marie-Laurence Baumer (adjointe au maire) et Jean-Pierre Grévin (maire), à l'issue d'une réunion de chantier le 6 septembre. (© Aletheia Press / B.Delabre)
L'architecte Xavier Simonneaux (à dr.) et les élus Marie-Laurence Baumer (adjointe au maire) et Jean-Pierre Grévin (maire), à l'issue d'une réunion de chantier le 6 septembre. (© Aletheia Press / B.Delabre)

« Pour l'instant, les délais sont respectés. » Jean-Pierre Grévin est un maire satisfait. Après de nombreuses années pour en arriver là, il voit la salle polyvalente du Crocq sortir peu à peu de terre, pour son quatrième mandat. Un bâtiment de 216 m², flanqué d'un parking et situé dans la zone artisanale de l'église, qui pourra accueillir une centaine de personnes pour amener de la vie et des activités dans la commune.

Le projet est d'envergure pour Le Crocq, mais la municipalité n'a toutefois pas souhaité faire les choses à moitié. À quelques mètres du panneau de circulation customisé « Attention aux Canards », la collectivité a en effet souhaité construire un bâtiment le plus écologique possible. « On est très environnement ici. On habite à la campagne. C'est important pour nous », commente l'élu.

Du bois, de la paille et de la terre

Le choix s'est donc porté sur un bâtiment en écomatériaux. L'ossature sera ainsi en bois, et les murs extérieurs seront en paille compressée, un excellent isolant qui peut se trouver facilement en Picardie. Un choix porté par l'architecte Xavier Simonneaux, en réponse à la demande de la mairie. « Cela fait dix ans que je travaille avec des matériaux biosourcés, insiste-t-il. Nous sommes dans une région où il y a beaucoup de bois. La paille ne manque pas. On peut faire un bâtiment où tous les produits qui constituent les éléments structurels sont issus des Hauts-de-France. »

Pour pousser la logique jusqu'au bout, l'architecte et la mairie envisagent même un bout de mûr en terre crue allégée, qui pourrait être monté avec la terre de la commune, riche en argile. Un chantier école, qui devra être encadré par des formateurs spécialisés, est envisagé pour la construction de ce mur.

Un projet de 800 000 euros

Voilà pour l'idéal. Reste que tout n'est pas si simple à mettre en œuvre. Le bois de peuplier, essence locale généralement choisie pour le bâtiment, se fait rare. Une partie des bois de construction sera donc en sapin. Pour la paille, l'approvisionnement ne devrait pas poser de problème, même si pour l'heure rien n'est acté. Et pour le mur en terre, il faudra utiliser de la paille de chanvre, plutôt que du lin local, réglementation oblige. Ces petits aléas ne remettent toutefois pas en cause la démarche globale, qui répond à la fois à une tendance générale à la sobriété, à la réglementation et notamment à la norme RE2020, et à la politique de Région qui pousse à l'utilisation de ressources régionales.

Néanmoins, « construire en bois est pour l'instant plus cher qu'un élément maçonné », rappelle Xavier Simonneaux. D'ailleurs la commune du Crocq a sollicité des soutiens financiers dans ce projet, dont le coût total, intégrant la salle et les accès, est d'environ 800 000 € (HT). La commune s'est vue attribuer une aide de plus de 326 000 € de la part du Conseil départemental, et de 90 000 € de la part de l’État. La municipalité est aussi dans l'attente (non sans une pointe d'impatience) d'un soutien de la Région, afin de boucler le montage financier.