Le Grand Amiénois : un pôle métropole en devenir

Oliver Jardé (au centre à g.) et Jérome Grange (au centre à dr.).
Oliver Jardé (au centre à g.) et Jérome Grange (au centre à dr.).

Oliver Jardé (au centre à g.) et Jérome Grange (au centre à dr.).

Lors de la conférence du 16 décembre, les membres de l’Insee et Aduga ont présenté leurs études sur la répartition de l’emploi dans le Grand Amiénois. Oliviers Jardé, conseiller départemental d’Amiens sud-ouest et président de la commission Économie, emploi, formation, éducation du pays du Grand Amiénois et administrateur de l’Aduga, ainsi que Jérôme Grange, directeur de l’Aduga, étaient présents. La conférence s’est déroulée dans les locaux de l’Agence de développement et d’urbanisme du Grand Amiénois à Amiens.

L’étude va alimenter la réflexion sur la métropole du Grand Amiens pour un pôle métropolitain, c’est évident. Cela s’inscrit dans la loi NOTRe, c’est ce que je souhaite pour une population de 353 000 habitants, c’est une étude qui va alimenter une réflexion politique pour organiser le territoire et changer la vie des habitants », affirmait Oliver Jardé en début de réunion. L’étude présentée a permis de cibler l’impact de la crise et de comprendre la répartition de l’emploi sur le territoire du Grand Amiénois. Ces travaux de recherche rentrent dans le cadre du projet “Amiens, un pôle métropolitain”. Comme l’expliquait Jérome Grange : « Le dossier d’intention de candidature pour le pôle métropolitain a été adressé à Xavier Bertrand en décembre (…) il a été signé par les douze présidents des intercommunalités, qui constituent le Grand Amiénois et s’engagent à ce que ce projet existe au plus tard le 31 décembre 2018. » L’étude de L’Insee et de l’Aduga a montré qu’en 2014, le Grand Amiénois et les Communes de la communauté Avre Luce et Moreuil (CCALM) comptaient 122 500 emplois salariés, soit 64% des emplois de la Somme, et 7% des Hautsde-France. Et qu’« Amiens métropoles réunissait les trois-quart de ses emplois. Entre 2008 et 2014, pendant la crise, Amiens a perdu 3 000 emplois, elle a influencé fortement les caractéristiques économiques du territoire ». L’étude met l’accent sur le profil économique singulier de la ville, marquée par la forte présence des services tertiaires et un centre-ville dynamique. Les domaines de l’administration publique, la santé et de la formation sont à la hauteur de 67,9% de l’emploi dans le pays du Grand Amiénois. Alors que l’agriculture ne représente que 1%, le secteur de la construction 5,1%, le commerce, 11,4% et l’industrie 14,6%. « L’emploi tertiaire représente 16% sur le Grand Amiénois alors que la moyenne nationale est de 11% », observait Oliver Jardé. Danièle Lavenseau, chef du service d’études et de diffusion de l’Insee, à soulignait le fait qu’entre 2008-2014, « il y a eu une perte significative de l’emploi, soit -3,3% dans la Somme, chacune des communes ont eu une évolution différentes.» Le département a perdu en tout 4 200 emplois pendant la crise. Il y a eu d’importantes baisses d’effectifs dans le secteur de l’industrie et de la construction. Le commerce du Grand Amiénois a aussi connu une diminution de ses salariés, deux fois plus importante qu’au niveau régional, -3,5% contre 1,8%. Et il faut noter que le bassin de consommation déjà modeste a lui aussi été fragilisé par la crise et par des mutations liées aux comportements des acheteurs. Le rapport de l’Insee et de l’Aduga a montré que certains domaines d’activités n’étaient pas assez développés sur le territoire. « En effet les secteurs les plus en difficulté dans le Grand Amiénois concernent les services des activités financières, de l’information et de la communication, de l’hébergement, des arts et activités récréatives. Ils sont en baisse alors que la tendance régionale et nationale est à l’augmentation, +2,4% », expliquait un chercheur de l’Aduga. Par ailleurs, Amiens est au coeur d’une ex-Picardie dépendante des entreprises étrangères installées sur le territoire, qui contribuaient aux chiffres d’affaires (2e derrière l’Alsace mais devant l’Île-de-France), elles-mêmes dépendantes des décisions prises par des multinationales. Pour finir, les emplois régionaux amiénois se retrouvent, eux aussi, menacés de délocalisation en raison du groupement des régions. Pendant la crise de 2008-2014 « Amiens et les communes limitrophes ont enregistré des évolutions négatives, mais nous avons dans le sud, vers Albert-Méaulte des évolutions positives »,  expliquait Daniéle Lavenseau. En effet, le Grand Amiénois a connu des croissances d’emploi à contre courant de la dynamique régionale. La création de centres d’appels a apporté 1 300 emplois, soit +2,4%, ce qui a permis de réduire les effets de la crise économique. Le transfert de l’offre hospitalière du nord au sud de l’agglomération amiénoise -dans la commune de Salouël -représente plus 1 500 postes. L’extension du pôle Jules-Verne a stimulé l’emploi à Glisy avec l’ouverture de 900 postes, et 300 à Boves. Le pôle aéronautique de Méaulte a connu lui aussi une croissance importante grâce à la dynamique de développement spécifique de son industrie et de ses marchés, représentant plus de 600 postes. Comme l’affirmait un chercheur de l’Insee : « C’est une tendance qui se confirme à l’échelle nationale, ce sont des secteurs d’activités en pleine mutations, c’est le cas de l’industrie, depuis l’année 2000, il y a des destructions d’emplois qui sont constantes, mais en parallèle, il y a des investissements qui restent importants, c’est un secteur qui essaie de se repositionner sur la modernisation, les appareils productifs. » Olivier Jardé a rappelé l’importance d’observer les modifications des flux de l’emploi : « Avec des zones emplois qui s’ouvrent, comme la zone nord, qui a des répercussions sur la zone de Doullens, des zones d’emplois qui se développent dans l’est, ou la zone du sud bénéficiaire du basculement des quatre structures du CHU, bien étudier les flux de population est tout à fait important et cette possibilité d’appréhender les déplacements est tout à fait majeure. » Olivier Jardé a expliqué les objectifs : « Le Grand Amiénois doit aller jusqu’ Albert, avec un RER toutes les 25 minutes, cela justifie cette jonction entre la vallée industrielle d’Albert-Méaulte et Amiens. L’enjeu majeur des populations est de trouver un travail, avec la sécurité de pouvoir élever leurs enfants et se soigner à proximité. » Selon l’étude de l’Insee, le territoire veut s’engager dans un processus de structuration de filières à fort potentiel d’avenir tel que la santé, le numérique et le stockage de l’énergie. L’ambition est de positionner le territoire autour de l’économie, de la connaissance et de l’innovation, et de consolider la place du Grand Amiénois dans le nouvel espace régional les Hautsde-France. La conférence a aussi mis en avant le fait que le Grand Amiens peut « avoir une position honorable dû à son profil hybride : Amiens a une dominance de l’emploi public comme ses voisines des Hauts-de-France mais elle peut aussi se positionner dans le bassin parisien ». La réunion s’est terminée par la présentation d’une application disponible sur le site Internet de l’Aduga. Elle permet de visualiser une carte du Grand Amiens avec des informations multiples sur les zones d’activités, le type des entreprises, le nombre d’emplois et d’hectares disponibles ou occupés. Comme l’explique un membre de l’Aduga : « C’est un long travail que nous sommes contents de présenter, c’est un outil interactif, que l’on souhaite collaboratif avec des internes qui pourront renseigner les évolutions des entreprises, du foncier économique de leurs activités et de leurs effectifs. »