Le maire Fabrice Dalongeville s'engage dans un tourisme rural durable

Fabrice Dalongeville, maire d’Auger-Saint-Vincent, a abordé la question du tourisme rural durable à Cergy, à l’invitation du conseil départemental du Val-d’Oise. Pour lui, de nouveaux récits autour de la ruralité se construisent. 

« Le tourisme durable demande une hybridation des démarches en faisant appel à des compétences connexes liées, par exemple à la production d’énergie » explique Fabrice Dalongeville. (© Aletheia Press/L. Brémont)
« Le tourisme durable demande une hybridation des démarches en faisant appel à des compétences connexes liées, par exemple à la production d’énergie » explique Fabrice Dalongeville. (© Aletheia Press/L. Brémont)

Ce 21 mars à l’Île de Loisirs de Cergy-Pontoise, la journée consacrée à la stratégie touristique du Val-d'Oise a compté un intervenant venu d'un petit village de l'Oise, et pourtant dynamique : Fabrice Dalongeville, maire d’Auger-Saint-Vincent et consultant auprès des territoires sur les questions de transitions.

L’élu est venu parler du tourisme durable, notamment en zone rurale. Un témoignage sans langue de bois. « Ma commune compte 540 habitants, elle se situe dans les franges orientales du Parc naturel régional Oise Pays de France. Quand vous arrivez chez nous, c’est que vous avez perdu votre GPS », introduit, avec humour, Fabrice Dalongeville. Une façon d’exprimer qu’Auger-Saint-Vincent n’appartient pas, à l’origine, à « une ruralité touristique ».

Hybridation et tiers lieu

« Pour qu’un territoire ait une attractivité puissante, il doit posséder une réelle vitalité et une réelle hospitalité », résume l’élu isarien. Et pour cela, à ses yeux, les projets de tourisme rural durable doivent s’appuyer sur la notion d’hybridation qui gagne la société, développée par la chercheuse Gabrielle Halpern. Les usages d’un espace se multiplient, provoquant des décloisonnements, source de rencontres, des coopérations inédites. École, entreprise, lieu de recherche, de culture… les frontières deviennent plus souples. « Il ne s’agit pas forcément de faire plus, mais autrement, quitte à renoncer à certaines missions pour en prendre de nouvelles », relève le maire.

C’est dans cette optique que Fabrice Dalongeville a fait d’Auger-Saint-Vincent « un village tiers-lieu ». Les actions utilisées sont variées : café citoyen, gîte rural communal, journée citoyenne, rendez-vous culturels, accueil d’une troupe de théâtre en résidence… « On constate que, dans une si petite commune, on est capable de faire des choses singulières et innovantes, et ce, dans un esprit durable », résume le maire. D’ailleurs, la commune a été labellisée Fabrique de territoire, un dispositif qui « apporte un certain nombre d’innovations », souligne-t-il.

« De nouveaux récits se construisent »

Pour le consultant, des opportunités sont à saisir. « La crise sanitaire n’a pas provoqué d’exode urbaine. Mais de nouveaux récits autour de la ruralité se construisent, sur le socle de la mise au vert ». Une occasion pour le monde rural de retrouver une identité positive. « En fait, ce sont les néoruraux qui viennent désormais questionner la relation à la terre ». Deux options se présentent, selon les travaux de Valérie Jousseaume, enseignante et chercheuse à l’Institut de géographie et d’aménagement de l’université de Nantes : « l’hypermodernité et l’hypertechnologie ou la réussite des transitions », résume Fabrice Dalongeville. Lequel souligne que tout projet de tourisme durable doit s’interroger sur la voie à privilégier.

Quelle que soit la solution adoptée, certains facteurs sont incontournables pour réussir. Parmi ceux-ci, « la mobilisation des habitants est fondamentale. Mais il faut les engager à faire des choses et ne pas leur promettre la lune », avertit l’élu. Depuis dix ans, les Augerois donnent ainsi une journée par an pour participer à des travaux. « Sur le dernier mandat municipal, l’impact économique de la journée citoyenne a été évalué à 270 000 euros », souligne Fabrice Dalongeville.

Héberger

Autre point essentiel, les hébergements. « Nous avons aujourd’hui 40 lits touristiques et dix sont en prévision », poursuit l’élu. Un point incontournable pour attirer et retenir les visiteurs. « En tant que commune, nous pouvons agir, plutôt qu’attendre que les propriétaires privés agissent ».

Après le gîte, le village mise sur l’acquisition de cabanes pour favoriser le tourisme itinérant s’appuyant sur le vélo, la randonnée... avec, en ligne de mire, les Franciliens voyageant en train. « Pour développer ce volet, les territoires de l’extrême grande couronne de Paris doivent échanger entre eux ». Parmi les initiatives porteuses, Fabrice Dalongeville rappelle la Mad Jacques. Cette course d’aventure à vélo qui s’est déroulée de 2019 à 2022 en Picardie « a permis de capter des visiteurs qui échappent aux prescripteurs traditionnels du secteur touristique ». Créativité, innovation, hybridation… Fabrice Dalongeville appelle le monde rural à évoluer pour construire un avenir plein de promesses.