Le Medef régional réclame plus de lisibilité à l’État

Les chefs d'entreprise sont loin de baisser les bras et font preuve de pragmatisme mais ils demandent plus de lisibilité et de visibilité à l’État. Ils sont deux tiers à garder en trésorerie les sommes demandées au titre des PGE, attendant l'évolution de la situation.

De gauche à droite : Yann Orpin, président du Medef Lille Métropole, Patrice Pennel, président du Medef Hauts-de-France et Fabrice Le Saché, vice-président, porte-parole du Medef national.
De gauche à droite : Yann Orpin, président du Medef Lille Métropole, Patrice Pennel, président du Medef Hauts-de-France et Fabrice Le Saché, vice-président, porte-parole du Medef national.

Ils sont prêts à redémarrer mais fustigent le manque de cohérence : « Ce qui nous importe est de savoir comment seront affectés les projets. Mais aujourd’hui, les entreprises ne savent pas où elles doivent déposer leurs dossiers : par quel guichet d’entrée ? Sur quels critères ? Nous ne sommes pas du tout dans la simplicité », regrette Fabrice Le Saché, porte parole national du Medef, venu en renfort à Marcq-en-Barœul (59) pour la rentrée économique du premier syndicat patronal de la région, fin septembre. Même si les entreprises régionales ont bénéficié d’accompagnements de l’ordre de près de 10 milliards d’euros (chômage partiel pour 1 milliard d’euros, report de charges pour 1,7 milliard d’euros et PGE pour 7 milliards d’euros) et que l’activité est revenue pour la majorité des secteurs, il sera difficile de rattraper le retard accumulé pendant le confinement. « La France a connu une baisse brutale de l’activité, plus importante que chez nos voisins, avec une chute jusqu’à 50% pour certains secteurs et un impact sur le PIB de l’ordre de -9%. C’est du jamais vu depuis la Seconde guerre mondiale », détaille Fabrice Le Saché.

L’organisation patronale se félicite tout de même des mesures gouvernementales en ce qui concerne la baisse de 10 milliards d’euros des impôts de production, la prime de 8 000 euros pour les alternants, la poursuite du chômage partiel… Si le Medef a tout à fait conscience du coût économique d’un confinement généralisé – et se réjouit des 10 000 accords sociaux signés pendant cette période –, il appelle l’État à indemniser totalement les entreprises qui subissent les interdictions d’exercer. Et pousse les entreprises à miser sur l’international. « Cela peut paraître contre intuitif mais l’international a une vertu défensive. La plupart des entreprises diversifiées ont été moins touchées », assure Fabrice Le Saché.

C’est dans ce cadre que le club Stratexio vient d’être lancé à l’échelle nationale et repris en région : au programme de ce “MBA de la formation continue”, un club de huit à douze chefs d’entreprise qui échangeront sur leurs bonnes pratiques avec des experts. Déjà créé en ex-Picardie avec neuf entreprises, ce club sera dupliqué en Nord-Pas-de-Calais avec une première réunion qui a eu lieu début octobre.

Soutenir la demande et la consommation locale

« 77% des entreprises nationales considèrent que leur trésorerie n’est pas trop tendue », se félicite Yann Orpin, président du Medef Lille Métropole, fort de 2 000 adhérents. Il prône une accélération du digital et un accompagnement accru en ressources humaines. Et demande à l’État un soutien accru aux commerçants, en complément des 10 millions d’euros du plan de relance voté par la MEL alloués à ce secteur (sur un total de 80 millions d’euros). Les 80 milliards d’euros des PGE nationaux, encore au chaud dans les trésoreries des entreprises, restent malgré tout des sommes à rembourser. « Seul un tiers des PGE a été activé alors que 95% de l’activité était restaurée à fin août », complète Patrice Pennel, président du Medef Hauts-de-France, rejoint par Fabrice Le Saché : « Le mur de la dette sera infranchissable pour certaines entreprises. La situation nécessite une capacité de réaction au plus près des territoires. »