Le projet Mageo reconnu d’utilité publique

Partie intégrante de la liaison Seine-Escaut, le projet Mageo concerne la mise au gabarit européen de l’Oise, entre Compiègne et Creil. Le point, avec VNF, sur ce chantier isarien.

Mageo concerne 42 kilomètres et 22 communes dans l’Oise. (© VNF)
Mageo concerne 42 kilomètres et 22 communes dans l’Oise. (© VNF)

Projet d’ampleur pour les Hauts-de-France, la liaison Seine-Escaut comporte deux volets. Il y a tout d’abord la construction du canal Seine-Nord Europe, qui doit relier l’Oise au canal Dunkerque-Escaut, de Compiègne à Aubencheul-au-Bac. Dans son prolongement, entre Compiègne et Creil, il s’agira d’effectuer une mise au gabarit européen de l’Oise : c'est le projet Mageo, porté par VNF qui s’étend sur 42 kilomètres et traverse 22 communes isariennes.

Un agrandissement stratégique

« Nous reprenons les berges et draguons l’Oise pour être au gabarit européen 5B, la norme de référence », résume Claire Chabrier Gay, directrice de l’unité opérationnelle de Paris chez VNF. L’enjeu est de permettre le passage de bateaux de 180 mètres de long. « Actuellement, le chenal n’a que trois mètres de mouillage, les bateaux trop chargés ne peuvent pas passer. En termes de gabarit, le maximum est de 110 mètres, plus rarement 135 mètres », complète Benjamin Chamberlin, en charge du projet Mageo à VNF.

Ces navires XXL peuvent transporter 4 400 tonnes, soit deux fois plus que leurs homologues de 110 mètres. « Cela représente l’équivalent de 220 camions, précise Claire Chabrier Gay. On estime que 35 000 camions pourraient ainsi être évités annuellement sur les routes à l’horizon 2030 ». Des chiffres qui illustrent les enjeux environnementaux du transport fluvial. Mais VNF met également en avant les retombées économiques pour le territoire, par exemple grâce au tourisme fluvestre.

Un projet reconnu d’utilité publique

Les travaux doivent se dérouler entre 2024 et 2028 et représentent 341 millions d’euros d’investissement, supporté par VNF (33%), les collectivités et l’Union européenne (40%). Outre les travaux et les acquisitions foncières, autres postes de dépenses, la réalisation d’études. L’enquête publique - concernant la demande de déclaration d'utilité publique du projet et la mise en compatibilité des documents d'urbanisme - s’est déroulée de mars à avril 2021. Elle a été suivie par l’arrêté préfectoral déclarant d'utilité publique du projet, le 22 avril 2022. Une étape essentielle pour avancer concrètement sur le volet foncier. « Par rapport au territoire, c’est également une assise et une crédibilité pour notre projet », ajoute Claire Chabrier Gay. « Cela a aussi dynamisé le débat avec les collectivités qui se sont emparées du sujet » note, pour sa part, Benjamin Chamberlin.

« Nous finalisons la phase projet, qui définit finement le tracé. Ceci nous permettra de caler avec précision les emprises », complète Claire Chabrier Gay. Sur le foncier, l’enquête parcellaire va donc être lancée. L’emprise représente 100 hectares au total, « la moitié est plutôt agricole, 20-30 ha urbain, et 20 ha avec des enjeux environnementaux », précise Benjamin Chamberlin. Concernant l’activité agricole, en lien avec la Safer notamment, des mises en réserve foncière ont déjà été constituées. « En parallèle, nous allons pouvoir déposer, au premier semestre de l’année prochaine, le dossier d’autorisation environnementale qui donnera également lieu à une enquête publique spécifique », rebondit Claire Chabrier Gay. Le projet « avance à bon rythme » malgré des pauses imposées par les étapes administratives et liées le contexte sanitaire.

Si les travaux doivent s’inscrire de façon cohérente avec la date de mise en service du canal Seine-Nord Europe, la concertation reste essentielle pour les responsables de VNF. « Certaines collectivités ont leurs propres projets et ont besoin de connaître le tracé de Mageo, illustre à titre d’exemple Claire Chabrier Gay. Cela peut également concerner des opportunités de développement pour les entreprises ». Des opportunités qui se présenteront dès les appels d’offres. « Nous souhaitons que les entreprises locales aient toute leur place » conclut Chabrier Gay.