Le Sifer réinvente le transport de demain

Équipementiers, fournisseurs, opérateurs, gestionnaires de transport public... plus de 400 exposants de 22 pays sont attendus à Lille Grand-Palais.
Équipementiers, fournisseurs, opérateurs, gestionnaires de transport public... plus de 400 exposants de 22 pays sont attendus à Lille Grand-Palais.

Rendez-vous incontournable de l’industrie ferroviaire en France, le Sifer réunit les fabricants, fournisseurs, sous-traitants, entreprises de services et clusters du secteur durant trois jours. À l’aube de l’usine 2.0, les technologies et le savoir-faire de la filière sont en pleine mutation. Du 21 au 23 mars à Lille, la 10e édition du Salon international du ferroviaire sera l’occasion d’allier nouvelles tendances et stratégies de conquête à l’international.

Héric Manusset, directeur général de l'AIF

Organisé depuis 1999, le Sifer est à l’image de l’évolution du secteur ferroviaire : un marché mondial – estimé à 159,3 milliards d’euros* (contre 35 milliards d’euros en 1994 selon une étude Mercer) –, des investissements opérés notamment en Chine qui font de ce pays un axe majeur de développement et les pertes de parts de marchés des groupes comme Alstom et Bombardier, aux conséquences majeures sur leurs sous-traitants, notamment régionaux. Il ne suffit plus de construire des infrastructures – dans un environnement français totalement saturé –, mais de se positionner entre urbanisation croissante et digitalisation du ferroviaire. Pour les entreprises, l’heure est à la réflexion commune et à la collaboration pour conquérir de nouveaux marchés.

Les Hauts-de-France, terre du ferroviaire

Avec 14 000 emplois et plus de 200 entreprises, la région concentre aujourd’hui 40% de la production ferroviaire française. Si le Valenciennois est bien sûr une terre d’excellence et d’innovation qui concentre 60% de l’activité ferroviaire régionale, notamment grâce à Transalley, technopôle des mobilités innovantes et durables basé à Famars, les soustraitants régionaux participent aussi au développement de la filière. « Des projets repartent, mais dans le ferroviaire les délais sont extrêmement longs. De l’ingénierie au prototype, il se passe environ 18 mois. Il faut donc garder les compétences et essayer de lisser les commandes ou de proposer de la formation pour éviter d’envoyer les salariés au chômage partiel », explique Héric Manusset, directeur général de l’AIF (Association des industries du ferroviaire). À sa création en 1995, l’association fédérait une vingtaine de membres, ils sont plus de 100 aujourd’hui rien qu’en Nord – Pas-de-Calais. « À l’arrivée de Jean-Michel Hiolle à la présidence en 2010, les PME locales travaillaient pour des entreprises locales. Mais le contexte a changé : une entreprise internationale veut avoir affaire à un interlocuteur unique. Nous avons donc mis en place une stratégie sur trois axes : les partenariats entre entreprises, l’export et ce que j’appellerais “les bonnes compétences au bon endroit au bon moment”. À l’arrivée de Sylvain Bele (directeur de site chez ICTDP, ndlr) en 2016, nous avons imaginé sept commissions de travail, portées par le business et l’emploi. Les entreprises ne peuvent pas rester seules si elles veulent accéder au marché international », poursuit-il. Preuve concrète de cette stratégie pro-business, la création du groupe Axelium, fin 2015. « Le morcellement des entreprises devant un service achat d’un grand groupe pèse peu. Les besoins sont de plus en plus globaux. Trois sociétés interviennent dans le groupement d’ingénierie Axelium : Simes, Socomet et Valutec. Notre intérêt ? Œuvrer pour que le ferroviaire continue de se développer à l’export où tout reste à faire, rendre les marchés accessibles aux PME, s’ouvrir aux autres secteurs d’activité. Nous avons pu prendre des commandes sous le nom d’Axelium, que les entreprises, seules, n’auraient pas eu la possibilité de prendre », explique son président, Denis Wautier. « Si les marchés continuent de croître et que cela se construit en Hauts-de-France, dans cinq ans on embauchera à nouveau dans le ferroviaire », espère Héric Manusset , en ajoutant qu’un diplôme, « Stratégie des entreprises du transport », en lien avec l’université de Valenciennes, sera possible dès la rentrée 2017.

Au programme du Sifer 2017

Équipementiers, fournisseurs, opérateurs, gestionnaires de transport public... plus de 400 exposants de 22 pays sont attendus à Lille Grand-Palais.

Tous les deux ans, le Sifer invite l’ensemble des acteurs de la filière à se rencontrer. Au programme cette année trois halls dédiés aux innovations ferroviaires, des démonstrations de produits sur voies ferrées, des conférences, des séminaires, des présentations techniques, mais aussi des remises de prix, des ateliers et visites de sites (Eurotunnel et Delta 3 le jeudi 23 mars). À noter également plusieurs tables rondes : “SNCF réseau & entreprises ferroviaires : vers un nouveau modèle de coopé- ration” (mardi 21, 15h30, forum 2), “Compétitivité mondiale de l’industrie ferroviaire européenne : quel soutien de l’Europe à tous les acteurs de la chaîne ?” par l’Unife (mardi 21, 13h30, forum 2), ou encore “La localisation par satellite au service de la signalisation ferroviaire : quelles avancées ?” par le CNES (jeudi 23 mars, 14h30, forum 1). Sans oublier les Grands Prix des régions de Ville, Rail & Transports, qui récompensent la qualité du service ferroviaire en région, le colloque de la Fédération des industries ferroviaires ou encore la convention européenne B2B sur le ferroviaire. 5 000 visiteurs sont attendus pour cette 10e édition qui se déroulera le mardi 21, le mercredi 22 et le jeudi 23 mars à Lille, au Grand-Palais. Inscription sur www. sifer2017.com

*Selon l’étude de 2016 du cabinet Roland Berger pour l’Unife (Union des industries ferroviaires européennes).