Le sud de l'Oise se rassemble pour reconquérir l'industrie locale

Elles sont six communautés de communes à s'être rassemblées autour du dispositif de l’État « Territoires d'industrie » dont l'enjeu est d'accélérer le développement industriel à l'échelle d'un territoire, grâce à un travail collaboratif et des crédits de France Relance. Le 28 mars, à la Faïencerie de Creil, a eu lieu la première rencontre avec les différents présidents des collectivités impliquées ainsi que les centres de formation, des laboratoires de recherche et de nombreux industriels. L'objectif est d'établir un plan d'actions commun d'ici la fin de l'année.

La première rencontre Territoires d'industrie a eu lieu le 28 mars à Creil.
La première rencontre Territoires d'industrie a eu lieu le 28 mars à Creil.

Creil Sud Oise, l'Aire Cantilienne, les Pays d'Oise et d'Halatte, le Pays du Valois, le Liancourtois, Senlis Sud Oise et bientôt le Clermontois... ces collectivités se sont réunies pour créer un véritable cercle vertueux industriel local. Entourées des industriels du territoire, du Groupement des entreprises de la région Creil Sud Oise (GERC) et de Manoëlle Martin, vice-présidente des Hauts-de-France, les communautés de communes ont énoncé un état des lieux lors de la première rencontre de Territoires d'industrie.

Ce programme est actuellement co-piloté par un binôme élu/ industriel composé de Jean-Claude Villemain, président de Creil sud Oise et maire de Creil, et de Fabrice Bertrand, administrateur du Gerc et président chez TICN Tuyauterie et Chaudronnerie à Villers-Saint-Paul. Ce grand rassemblement est remarquable car, à l'origine, seule Creil Sud Oise avait été retenue dans ce dispositif gouvernemental. « Mais il me semblait important de réunir nos forces avec les six autres intercommunalités, explique Jean-Claude Villemain. Nous avons sur tout le sud de l'Oise des atouts industriels. La tâche est immense mais notre volonté et notre capacité de résistance montre que nous sommes aguerris et fermement déterminés. »

Durant cette année, d'autres rencontres seront organisées, l'enjeu est de réunir le plus d'industriels du territoire possible afin de co-construire un projet. Car l'objectif de l'année 2022 est d'établir un plan d'action pour les cinq années à venir. Grâce à Territoires d'industrie, les collectivités et les entreprises auront un accès prioritaire à des aides de l’État et aussi des opérateurs associés (BPI France, Action Logement, Banque des Territoires, etc.), tant sur le plan financier que celui de l'ingénierie.

Un programme local

Avec Territoires d'industrie, l'idée est de recréer une dynamique industrielle en co-construisant un projet entre tout le monde économique local... l'enjeu étant aussi d'écouter les besoins des industriels. Volet innovation, recrutement ou encore mutualisation des compétences, tout projet commun doit faire fusionner les forces actives présentes et créer des synergies communes. Réindustrialiser le territoire est l'ambition affichée. « L'enjeu est de produire localement », énonce encore Jean-Claude Villemain, qui a rappelé plus tard dans la soirée que « produire localement, c'est aussi produire des produits manufacturés. »

Cette reconquête industrielle territoriale va passer par un comité de pilotage stratégique local. Les industriels peuvent soumettre leurs problèmes ou leurs idées à ce comité, basé dans le creillois, pour entamer un travail commun. Par exemple, une innovation peut-être mise au point pour plusieurs professionnels ou encore une formation créée pour recruter des profils sur le territoire. In fine, pour Arnaud Dumontier, président de la Communauté du Pays de Valois, Territoires d'industrie va permettre « de créer des emplois, d'attirer les investisseurs et de créer une meilleure synergie entre industriels et collectivités. »

Dans le sud de l'Oise, la disponibilité foncière a été déjà évoquée comme une piste tout comme l'accès plus facile à l'emploi. Et le challenge est grand : le sud de l'Oise regroupe 200 entreprises industrielles représentant plus de 10 000 emplois dans des secteurs très variés. « C'est un moteur pour un tissu économique large, composé aussi d'acteurs du transport et de la logistique, des services aux entreprises, de la construction, de l'ingénierie... », rappelle Jean-Claude Villemain.

Le recrutement, un problème persistant

Cette première rencontre a évoqué essentiellement le recrutement. Ce problème n'est pas nouveau et les industriels s'accordent tous sur la difficulté à recruter soit des profils de techniciens soit des profils qualifiés et cadres, surtout sur le territoire. Trouver « les pépites locales » sera l'enjeu de demain. Jean-Claude Villemain a émis une idée : créer une école de production, à l'instar de celle de Compiègne O'Tech Oise, portée par trois industriels.

L'autre axe envisagé est d'aller rencontrer les lycéens mais surtout les élèves en classe de troisième et quatrième. Dans la salle, Proméo a témoigné du manque de candidats, jeunes ou demandeurs d'emploi, dans les formations, à tel point que certaines formations ferment. Sur le sujet de la formation, le point est complexe. Le travail entre jeunes, Éducation nationale, État, organismes de formation et demandeurs d'emploi ne peut ne pas être efficace tant les métiers de l'industrie sont particuliers et tous différents. Chaque industriel a besoin d'un profil type... et le sur-mesure n'existe pas. Mais l'éternel problème de la mauvaise image des métiers a été mentionné. « C'est un virage dans la formation, témoigne Manoëlle Martin, vice-présidente des Hauts-de-France. La mise en avant de la filière technique est un enjeu à venir pour mettre en avant les métiers de l'industrie. »

Le sujet de l'emploi, quant à lui, est déjà pris en compte avec la convention de co-financement pour la plate-forme régionale Proch'emploi et Job-SudOise.fr. « Il faut continuer ce travail en recensant les métiers et les formations du territoire pour être en conformité avec les besoins du territoire », propose l'élue régionale.

Cette première rencontre a donc posé les bases de la reconquête industrielle dans le sud de l'Oise... le travail sera long mais envisage de changer profondément l'industrie locale et mettre en avant un savoir-faire unique.