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Les chefs d’entreprise toujours en mal de recrutement

D’après une récente étude de la CPME sur l’emploi, les dirigeants de TPE-PME sont toujours désemparés face aux difficultés de recrutement et aux refus de CDI. Revue de ses principaux enseignements.

(c)Adobestock
(c)Adobestock

Alors que plus de la moitié (53%) des patrons de PME cherchent actuellement à recruter, 91% d’entre eux disent éprouver des difficultés à trouver le bon profil. C’est ce que met en avant la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) dans sa dernière enquête sur l’emploi*. Ainsi, le président de la CPME, François Asselin, estime que 300 000 à 400 000 emplois « pourraient être pourvus, dès aujourd’hui, par des personnes qui sont en recherche d’emploi ».

Première raison évoquée pour expliquer ces difficultés ? Le nombre insuffisant de candidats (79%), l’inadéquation des profils (69%) et les prétentions inadaptées des candidats qui se présentent (salaires, etc) pour 59% des dirigeants. Une difficulté de taille pour les PME qui s’ajoute aux problématiques de l’énergie. Ces difficultés de recrutement ont une conséquence directe sur l’activité de l’entreprise puisqu’un tiers des dirigeants (33%) déclarent refuser des commandes ou des ventes en raison du manque de salariés.

Augmentation de salaires

Pour pallier ces difficultés de recrutement, près des deux tiers des dirigeants (67%) souhaitant recruter ont revu à la hausse le salaire à l’embauche. Ils sont même 78% dans le secteur de l’hôtellerie-restauration. Autre enjeu de taille, la fidélisation des salariés en place. Pour les aider à faire face à l’inflation, un dirigeant sur deux (50%) ayant au moins un salarié prévoit ainsi une augmentation des salaires dans l’entreprise au 1er janvier 2023. Une hausse qui sera, dans plus de la moitié des cas (55%), au moins égale à 3 %. En outre, près d’un dirigeant sur deux (44 %) envisage le versement d’une prime de partage de la valeur (PPV), d’ici la fin de l’année.

S’ils projettent donc d’améliorer la rémunération de leurs salariés, en revanche, les chefs d’entreprise restent perplexes sur le projet du gouvernement de mettre en place un dividende salarié. 68% des dirigeants interrogés par la CPME se déclarent ainsi défavorables à l’instauration d’un tel dispositif qui imposerait systématiquement le versement d’un dividende aux salariés, en cas de versement aux actionnaires.

Refus de CDI

En termes de contrat de travail, l’organisation patronale note que le contrat à durée indéterminée (CDI) n’est plus considéré comme « un graal » par les salariés et constate « une véritable évolution » des mentalités. Ainsi, parmi les entreprises ayant au moins un salarié, trois dirigeants sur dix (31 %) se sont déjà vu opposer un refus à leur proposition de CDI, après un CDD. 11% des dirigeants constatent même que les salariés qu’ils recrutent ont une préférence pour un CDD, plutôt que pour un CDI. Ils sont même 26% dans le secteur de l’hôtellerie-restauration. « Difficile, dans ces conditions, de ne pas se poser de questions sur le bonus/malus sur les contrats courts mis en place par le gouvernement »,relève la CPME. Une mesure qui vient pourtant d’être prolongée jusqu’au 31 août 2024.

Réforme de l’assurance-chômage

En ce qui concerne les réformes en cours, dont la réforme de l’assurance-chômage adoptée il y a quelques jours (le 17 novembre), par le Parlement, les chefs d’entreprise, exaspérés de ne pas parvenir à recruter alors que le taux de chômage dépasse les 7%, plébiscitent à 81% une réduction de la durée d’indemnisation des demandeurs d’emploi. Sur ce sujet, les partenaires sociaux ont annoncé le 21 novembre, à l'issue d'une réunion au ministère du Travail, que la durée d'indemnisation des demandeurs d'emploi ouvrant des droits à partir du 1er février 2023 sera réduite de 25%, avec un plancher minimal de six mois. Pour rappel, la durée maximale est fixée aujourd’hui à 24 mois et jusque 36 mois pour les 55 ans ou plus. Une réforme que la CPME, convaincue que « pour inciter davantage à la recherche d’emploi il faut réduire la durée d’indemnisation », salue dans son dernier communiqué : « Les quatre premiers mois sont essentiels, au-delà, il y a un risque important de basculer dans le chômage de longue durée », indique-t-elle.

Enfin, concernant la réforme du système de retraite actuel, 84 % des chefs d’entreprise interrogés jugent nécessaire ou utile le lancement d’une telle réforme. Ils sont même 24% à alerter sur le caractère urgent de son lancement.

*Résultats de l’enquête CPME sur la situation de l’emploi et des salaires dans les TPE/PME, réalisée en ligne entre le 6 octobre et le 10 novembre 2022, auprès de 2 566 entreprises dont 2 330 employant au moins un salarié.