Les Français face à la réduction des déchets

Portés par leurs préoccupations environnementales et incités par les conditions économiques actuelles, les Français s’investissent de plus en plus dans la réduction des déchets. Cependant, ils ne sont pas tous disposés à modifier leurs habitudes. À l'heure de l'obligation, depuis le 1er janvier 2024, de trier les biodéchets, il y a encore une marge de progression.

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Une majorité de Français (88%) prennent des mesures au quotidien pour limiter leurs déchets, mais seuls 36% s’impliquent systématiquement dans cette démarche. Ce constat relève d’une étude réalisée par le groupe Suez et l’institut de sondages Odoxa, à l’occasion de la semaine européenne de la réduction des déchets, qui s’est tenue du 18 au 26 novembre 2023. Le baromètre, rendu public le 20 novembre, relate des disparités entre les différents groupes de population et leur cadre de vie, avec un engagement plus fort en milieu rural, dans les petites villes et chez les seniors.

Quelque 57% des Français considèrent que le tri est nécessaire, mais jugent qu’il demeure insuffisant : il faut également consommer moins pour réduire la quantité de déchets produite, en particulier pour les jeunes (65%) et les cadres (68%). En 2022, cette conviction n’était partagée que par 53% des Français.

Une prise de conscience croissante

De plus en plus soucieux de la préservation de l’environnement, les Français sont plus nombreux à renoncer aux produits jetables (67%, +4 points par rapport à 2022) et à éviter les équipements et objets en plastique (78%, +3 points). Cette attitude se traduit aussi par davantage de consommateurs privilégiant l’eau du robinet plutôt que l’eau en bouteille, à 73% (+1%). Malgré cette vigilance, l’achat en vrac, quant à lui, ne connaît pas un grand engouement : seuls 50% des citoyens le pratiquent au moins occasionnellement, en recul de trois points comparativement à 2022.

Les éco-gestes en lien avec la durabilité gagnent en revanche du terrain, mais de manière plus modérée. Ainsi, 81% des Français font davantage d’efforts pour réparer leurs objets et équipements, afin de prolonger leur durée de vie (+1 point), tandis que 70% optent pour la revente sur des plateformes de seconde main de vêtements et d’équipements d’occasion qu’ils auraient autrefois jetés (+1 point). Ces comportements sont aussi favorisés par la crise économique, poussant les Français à consommer de manière plus responsable.

Entre confiance et réticence

L’entrée en vigueur du tri des biodéchets (déchets verts et alimentaires) pour les particuliers depuis le 1er janvier 2024, en vue de leur valorisation, prévue par la loi Agec (Anti-gaspi) de 2020, est connue par 63% des Français. Cette mesure est moins familière aux jeunes (46%) qu’aux seniors (65 ans et plus, 75%). Jugeant positivement l’engagement des collectivités dans la gestion des déchets, près de 70% des Français leur accordent leur confiance pour favoriser des solutions efficaces en matière de tri des biodéchets et 66% sont satisfaits de leur accompagnement. Une confiance partagée par tous, qu’ils vivent en petites villes (69%), en communes rurales (67%) ou en métropoles (66%).

Déjà, 56% des sondés ont eu l’occasion de mettre en pratique le recyclage des biodéchets. Et 23% envisagent de le faire au début de l’année prochaine, tandis que 21% se montrent réticents. Ces «réfractaires» sont plus nombreux en Ile-de-France (28%), en PACA (28%) et chez les personnes vivant en appartement (31%). Leur refus repose sur les difficultés logistiques et financières (76%), ainsi que sur les nuisances que cette action pourrait générer (66%). Quant à la pratique du compostage, elle est plus répandue en milieu rural (71%), en petites villes (62%) et chez les personnes habitant en maison (67%).

Des défis persistants

Si le tri des déchets est désormais une pratique courante en France, des efforts restent cependant à faire pour améliorer son déploiement. Un tiers des Français considèrent que réduire ses déchets dans son foyer est difficile. En cause : la crainte d’une perturbation du quotidien (77%), comme le fait de devoir changer les habitudes de consommation et d’organisation. Cette inquiétude est encore plus forte chez les moins de 35 ans, les cadres et les habitants de grandes agglomérations. Côté engagement des entreprises, seulement 54% des salariés estiment bénéficier d’un soutien adéquat de leurs employeurs pour limiter les déchets (49 % dans le secteur public).

Par ailleurs, les comportements incivils liés aux déchets constituent un autre souci : près de la moitié des interrogés estiment que les gens ne font pas suffisamment attention à les limiter.

A.B et B.L