Les Français, prêts pour la sobriété ?

La quasi-totalité des Français jugent la sobriété énergétique nécessaire. Ils y sont prêts, dans leur vie privée et en entreprise. Par ailleurs, ils estiment que l’État a un rôle important à jouer, dévoile un sondage réalisé à l’occasion du Printemps de l’économie.

(c) Daisy Daisy
(c) Daisy Daisy

La sobriété énergétique est une nécessité. C’est ce qu’estiment 88% des Français, d’après un sondage Opinionway, réalisé en septembre pour le Printemps de l’économie (du 18 au 21 octobre) et OMNES Éducation et dont les résultats ont été dévoilés, le 13 octobre. L’étude révèle que les trois quarts de la population estiment que c’est avant tout le changement climatique qui rend cette sobriété indispensable, bien avant la guerre en Ukraine (15%). Pour autant, les Français ne voient pas ce changement structurel comme une catastrophe : près de huit sur 10 jugent que la sobriété est compatible avec l’idée qu’ils se font du bien-être et 19%, qu’elle est « tout à fait » compatible.

Pour gérer la situation, 66% des Français comptent sur l’État. Parmi les thèmes sur lesquels ils attendent majoritairement un engagement public, figurent la rénovation énergétique des logements, en tête (42%), le développement des énergies renouvelables (33%) et la lutte contre l’obsolescence programmée (33%). Suivent la réduction des emballages (29%), le fait de privilégier le fret ferroviaire au transport routier (26%) et le développement de l’énergie nucléaire (25%). En revanche, les Français ne sont que 6 % à citer des thèmes liés à la voiture, comme l’interdiction de vendre des véhicules thermiques neufs avant 2035 et la réduction de la vitesse maximale sur l’autoroute.

Par ailleurs, si les thèmes prioritaires sont assez partagés, les Français apparaissent plus divisés sur les méthodes à adopter pour parvenir à une société plus sobre énergétiquement : 38% jugent adéquates les méthodes incitatives, comme des subventions, pour orienter les comportements, 31% estiment qu’il serait préférable de laisser les acteurs modifier eux-mêmes leurs habitudes et 28% sont partisans de mesures contraignantes, quitte à restreindre certaines libertés...

Des efforts, oui, mais pas n’importe lesquels

Les Français semblent prêts à agir dans leur consommation au quotidien, sur certains sujets. Parmi ceux qu’ils citent en priorité, figure, en tête, le fait de réparer des appareils plutôt que de les changer (86%). Suivent, pour plus de huit Français sur dix, la réduction de sa consommation d’eau pour la vaisselle ou la toilette, ainsi que celle de la consommation d’énergie, obtenue en baissant le chauffage et en éteignant les lumières. Sur ces différents thèmes, les Français évaluent les efforts qu’ils réalisent déjà avec une note qui va de 6,4 à 6,8 sur 10.

Autre constat de l’étude, près des trois quarts des Français considèrent que privilégier le train à la voiture ou l’avion a un impact plus positif que de diminuer sa consommation de viande (58%). « La question de la viande laisse supposer qu’on se heurte à deux freins, la méconnaissance de la complexité de l’industrie des protéines animales et également le fait ‘culturel’ et social, manger de la viande est un marqueur social auquel les Français les plus fragiles ne voudraient pas devoir renoncer », analyse Pierre-Pascal Boulanger, économiste, fondateur du Printemps de l’économie, dans un communiqué.

Au delà de leur vie privée, les Français jugent que certaines mesures pourraient également être prises au sein de leur entreprise, pour aller vers une société plus sobre. Pour plus de quatre salariés sur cinq, trois actions seraient particulièrement efficaces. La première réside dans le fait de privilégier des fournisseurs locaux, la deuxième, dans la relocalisation de la production en France ou au sein de l’Union Européenne et la troisième, dans la limitation des déplacements des dirigeants. En revanche, les salariés sont moins nombreux (deux sur trois) à juger pertinents la réduction du confort par la baisse du chauffage ou la limitation des fournitures de bureau.