Les Hauts-de-France, 3e région consommatrice de gaz en France

Les Hauts-de-France, 3e région consommatrice de gaz en France

L’opérateur du réseau de transport de gaz GRTgaz a présenté, mi février à Lille, la huitième et dernière étape du tour de France qu’il a engagé pour la première fois cette année, son “Bilan gaz 2016 – Hauts-de-France”, qui a particulièrement mis en exergue une consommation en hausse de 11,4%, une production d’électricité en hausse de 156%, une première place en matière d’investissement à 111,4 millions d’euros et en capacités d’injection de biométhane installées.

Grâce à ses points d’entrée que sont Loon-Plage, Pitgam et Taisnières-sur-Hon, les Hauts-de-France voient transiter quelque 60% du gaz consommé en France, pourcentage qui, à considérer la totalité du territoire Nord-Est dont Thierry Daniel est le délégué territorial pour le compte de l’opérateur du réseau de transport de gaz GRTgaz, monte à 80%. Pour ne pas avoir un nom forcément très connu du grand public, GRTgaz, dont le capital est détenu à 75% par Engie et à 25% par la Société d’infrastructures gazières, joue un rôle essentiel dans l’approvisionnement gazier des Français, puisqu’il lui revient de garantir la continuité d’alimentation des consommateurs. « GRTgaz est une entreprise de service public dont la première mission est d’alerter pour la sécurité d’approvisionnement gaz, puisqu’elle a la vision globale de ce qui se passe sur le réseau de transport et de distribution. Elle est aussi en charge d’acheminer le gaz pour le compte d’expéditeurs, de raccorder et de livrer en gaz les consommateurs, qu’ils soient distributeurs et clients industriels, de faciliter l’accès au marché de manière transparence, sans oublier son implication dans la transition énergétique par le développement de nouvelles filières ayant recours au gaz naturel. »

Consommation :

+11,4% Si au niveau français la consommation de gaz a progressé en 2016 de 9,9% par rapport à 2015, à 463,5 TWh, il en a été de même en Hauts-de-France mais à un niveau supérieur, à +11,4%, soit la quatrième progression régionale derrière PACA (+26,75%), Grand-Est (+14,2%) et Pays de Loire (+11,6%). La région est ainsi la troisième région consommatrice de gaz derrière l’Île-deFrance (81,0 TWh) et Grand-Est (74,6 TWh).

Thierry Daniel relève deux éléments marquants pour expliquer cette forte progression : la hausse de la consommation dans l’industrie (+19,6%), elle-même portée une très forte demande de gaz pour la production d’électricité (+156%). Il est vrai que sur les 13 centrales thermiques à “cycle combiné gaz” (CCG), trois sont implantées dans la région (Pont-sur-Sambre, DK6 à Dunkerque et Bouchain). Pour Thierry Daniel, cet intérêt pour le gaz a pour explications « une conjoncture économique favorable, la prise de conscience de son intérêt environnemental (-50% d’émissions de CO2 par rapport au charbon et -35% par rapport au fuel) et la moindre disponibilité des tranches nucléaires en fin d’année. L’atout du cycle combiné gaz, c’est sa souplesse et sa puissance. Ces trois usines représentent une puissance installée de deux tranches de Gravelines, soit 1 800 MW. Elles peuvent atteindre toute leur puissance en 30 minutes ». Hors production d’électricité, la consommation de gaz par le secteur industriel (151 clients dans la région sur 670 en France) est « plutôt en baisse », la plus grande performance des chaudières justifiant les gains de consommation.

Quant à la consommation des distributions publiques qui alimentent principalement les clients résidentiels et tertiaires, elle est aussi en augmentation, de 5,2%, à 37,1 TWh, sous l’effet d’une météo globalement plus froide, principalement en mars, novembre et décembre.

Investissements : 111,4 millions d’euros

« Avec 111,4 millions d’euros investis dans la région, sur un total en France de 600 millions d’euros, les Hautsde-France ont été la première région d’investissements pour GRTgaz en 2016 », s’est félicité Thierry Daniel. Ces investissements ont principalement porté sur la fluidification du transport de gaz et sur la modernisation du réseau, liée notamment aux évolutions réglementaires environnementales et à la sécurisation de l’approvisionnement. C’est ainsi que GRTgaz a inauguré en mai 2016 l’artère des Flandres – gazoduc qui relie Pitgam à Hondschoote et permet d’exporter vers la Belgique (86 millions d’euros investis, dont 13,5 millions d’euros de retombées locales) – et mis en service commercial en fin d’année l’artère du Santerre entre Ressons-sur-Matz dans l’Oise et Chilly dans la Somme, pour contribuer à assurer la sécurité d’approvisionnement du nord de la France (56 millions d’euros investis, dont 6,1 millions d’euros de retombées locales). Ce niveau d’investissement 2016, qui s’inscrit encore à un haut niveau, est en quelque sorte “la queue” des grands projets d’infrastructures liés au raccordement du terminal méthanier de Dunkerque, opérationnel depuis le 1er janvier dernier. Au total, depuis 2012 GRTgaz a investi plus d’1 million d’euros pour raccorder cette installation et renforcer son réseau.

À l’actif de l’année 2016, GRTgaz a aussi inscrit 1,4 million de tonnes de CO2 évitées grâce aux conversions fioul/gaz engagées sur son réseau depuis 2012, soit la contribution de 8 000 éoliennes, ainsi que le raccordement à son réseau du cycle combiné gaz d’EDF à Bouchain, qui représente la consommation électrique de 680 000 foyers avec, à la clef, un rendement record mondial de 62,22%.

Première région biométhane

Si en matière d’approvisionnement en “gaz vert”, l’ambition nationale est d’atteindre les 10% à l’horizon 2030, à 0,03% aujourd’hui on en est encore loin. Et pourtant « c’est une filière qui décolle, on est sur une dynamique positive très forte », assure Thierry Daniel qui se réjouit que la région soit la première en termes de capacités d’injection de biométhane installées en France, avec 108 GWh/an. Et d’insister sur le nombre de projets d’injection autorisés depuis 2011 – 26 – et actuellement enregistrés – 35, dont 4 à des stades d’études avancées pour injection dans le réseau transport de GRTgaz –, pour une perspective à 241 projets d’ici 2020-2022. Le projet de technocentre méthanisation porté par la Région et auquel participe GRTgaz répond à cet objectif de développement de la filière méthanisation via trois volets que sont l’installation d’unités, la R&D et l’emploi. Un appel à projets devrait d’ailleurs être lancé prochainement.

Perspectives 2017

GRTgaz entend poursuivre avec le Comité d’orientation régional biométhane injecté (Corbi) le travail engagé pour faire émerger, développer et accompagner les projets d’injection de biométhane, et avec la communauté d’agglomération du Douaisis son partenariat sur la mobilité gaz. L’opérateur fait d’ailleurs le constat d’une forte dynamique au niveau de la mobilité gaz, notamment sur le segment des poids lourds ou des flottes de bus dans les collectivités. C’est pour promouvoir les gaz verts et la mobilité gaz qu’il lance un Trophée GRTgaz bioGNV et un “energy lab” dans le cadre du Challenge Educ’Eco 2017 qui aura lieu du 19 au 20 mai à Valenciennes et verra s’affronter des prototypes de véhicules à la sobriété énergétique record développés par des lycéens et étudiants venus de tous horizons.

Pour la partie investissements, il s’agira essentiellement pour GRTgaz de poursuivre la modernisation et le développement de son réseau avec, notamment, 22 millions d’euros dédiés aux ouvrages, la mise en service du raccordement de la sucrerie Cristal union, de Sainte-Emilie dans l’Oise, étant programmée pour la campagne 2017.