Les jeunes privilégient les entreprises locales et engagées

La 3eme édition du Baromètre « Jeunes et entreprise » de la Macif et de la Fondation Jean-Jaurès, réalisé avec BVA, permet d’observer le rapport au travail de cette génération, notamment dans l’entreprise. Focus sur les principaux résultats de cette étude.

27% des jeunes souhaitent que les entreprises s’emparent du sujet de la lutte contre les inégalités femmes/hommes. © Jadon B-peopleimages.com
27% des jeunes souhaitent que les entreprises s’emparent du sujet de la lutte contre les inégalités femmes/hommes. © Jadon B-peopleimages.com

Près d’un jeune sur deux rêverait de rejoindre « une entreprise française » ou locale plutôt qu'une entreprise étrangère ou un groupe du CAC 40. « Cet élément confirme qu’il y a, en ce moment, un levier d’attractivité chez les entreprises assumant leur caractère ’patriotique’ et enraciné, contrairement aux entreprises étrangères, perçues comme ‘entreprises idéales’ par seulement 10% des jeunes », relève Jérémie Peltier, co-directeur général de la Fondation Jean-Jaurès.

L’étude met également en avant que 61% des 18-24 ans se disent davantage en recherche de sens et d'engagement dans leur travail ou leurs études. Ils plébiscitent ainsi des entreprises impliquées dans les sujets politiques et sociétaux. L’engagement pour la préservation de l’environnement demeurant une priorité pour la jeune génération depuis trois ans : près d’un tiers d’entre eux considèrent que les entreprises doivent s’y engager. Pour un tiers, cet engagement passe par leur refus de travailler avec des fournisseurs qui ne respectent pas cette démarche en question, plus que par des prises de position dans les médias ou encore de l’argent réservé tous les ans pour des causes.

Pour eux, l’un des rôles principaux de l’entreprise est également d’être utile à la société. En effet, ils sont désormais 41% à considérer cela comme une priorité (contre 37% en 2021), devant le rôle d’épanouissement professionnel. 27% des jeunes (dont 34% de femmes) souhaitent que les entreprises s’emparent notamment du sujet de la lutte contre les inégalités femmes/ hommes. Pour rappel, ils étaient 23% en 2021.

Parmi les axes d’amélioration des entreprises, les jeunes regrettent davantage qu’en 2022 l’absence de cohérence entre les valeurs de l’entreprise et leur quotidien au travail, « preuve supplémentaire d’une demande croissante d’authenticité et de sincérité chez les jeunes dans l’ensemble des domaines de leur vie, à commencer par le travail », signale Jérémie Peltier. Ils saluent en outre « une place accordée à la parole et à la participation des salariés », « un management basé sur la confiance et l’autonomie » (30%), et « la prise en compte des singularités des individus » (25%).

En termes de management, ils souhaitent enfin être accompagnés au quotidien par un manager capable de créer un cadre de travail épanouissant (31%) et de reconnaître le travail accompli (27%), un manager « qui fait progresser », « encourage » et « donne confiance ».

Liberté, stabilité…

Bonne nouvelle, près de la moitié des jeunes travaillant dans le cadre de leurs études ou étant déjà dans la vie active sont plus motivés qu’avant la crise sanitaire (soit 7 points de plus qu’en 2022). Cela se ressent sur leur moral : 69 % indiquent que celui-ci est bon (+ 3 points par rapport à 2022), et plus de sept sur 10 se disent optimistes quant à leur avenir, soit une hausse de 10 points, par rapport à 2022. Près de la moitié parviennent à se projeter dans les cinq prochaines années. « Les effets de la crise sanitaire s’estompent moralement comme professionnellement », note Jérémie Peltier.

Leur principale attente quant à leur travail ? Avoir un emploi leur permettant d’avoir du temps libre pour leur vie personnelle (35%, soit + 5 points par rapport à 2021 et 2022). La « pause professionnelle » est également très recherchée : 65% souhaiteraient avoir la possibilité de libérer du temps pour s’engager ou faire autre chose, tout en étant rémunérés. Ainsi, plus d’un sur deux (56%) se sent prêt à s'investir dans au moins une organisation dans le futur, soit 11 points de plus qu'en 2022, notamment dans une association (32%).

Dans le monde du travail, ils recherchent avant tout de la stabilité. En effet, 29% d’entre eux se voient rester dans la même entreprise autant que possible et un tiers envisagent d’exercer le même métier toute leur vie. Néanmoins, 43% déclarent vouloir changer au cours de leur carrière et 63% accéder à des formations. Stabilité rime ainsi néanmoins avec mobilité pour ces jeunes générations. En termes d’organisation du travail, plus de la moitié des 18-24 ans (52%) estiment que le modèle hybride est la forme de travail idéale et souhaiteraient avoir la possibilité de pratiquer du télétravail partiel (+ 8 points). A contrario, très peu de jeunes plébiscitent les modèles comme les tiers-lieux de travail (19 %), les espaces de coworking (18 %) ou encore le flex office (16 %). A noter que le « 100% télétravail » est cité par uniquement 12% de cette génération.

…Et salaire

Au-delà des préoccupations de valeur, d’engagement et d’organisation du travail, les questions d’argent, « élément rassurant pour se projeter dans l’avenir » demeurent centrales. Pour 43% des jeunes interrogés – un score qui ne bouge pas depuis trois ans –, avoir un poste bien payé constitue ainsi leur principale attente vis-à-vis de leur emploi. La priorité pour près d’un quart d’entre eux est de bien gagner leur vie, afin d’avoir une vie de famille épanouie, « symbole d’une vie réussie » (un tiers d’entre eux).

Sans doute à cause de l’inflation, un jeune sur deux exprime la crainte de ne pas gagner assez d’argent dans son travail (+ 4 points, en un an), loin devant l’idée de s’y ennuyer (36 %) ou de ne pas être intéressés par leur activité (34 %). A noter que 64% de la jeune génération pense souvent à l’argent qu’elle souhaite mettre de côté pour constituer une épargne, que ce soit pour devenir propriétaire de leur logement (60%) ou construire une maison (35%).

Pour y parvenir, l’expérience s’avère primordiale dans leur parcours professionnel. Pour plus de la moitié d’entre eux, le premier emploi sert à gagner de l’expérience, avant même de subvenir à leurs besoins (41%). Le manque d’expérience est le premier obstacle que 48% citent lorsqu’ils veulent obtenir un emploi, bien avant les discriminations (seulement 14% d’entre eux). De fait, les stages en entreprise sont vus de manière très positive : 74% indiquent qu’ils ont été « utiles dans leur vie et dans leur parcours », 67 % dans « leur compréhension du monde de l’entreprise » et la même proportion qu’ils leur ont « permis de préciser leurs attentes par rapport à l’entreprise ».

* Enquête d’opinion, menée entre octobre et novembre 2023, auprès de 1 000 Français âgés de 18 à 24 ans