« LES PETITES ENTREPRISES DOIVENT ÊTRE ÉPAULÉES »

Hervé Ducrocq, responsable Crédits pour la Picardie au sein de la direction régionale d’Amiens de Bpifrance hauts-de-France.
Hervé Ducrocq, responsable Crédits pour la Picardie au sein de la direction régionale d’Amiens de Bpifrance hauts-de-France.

La banque publique d’investissement Bpifrance et le réseau d’accompagnement des jeunes entreprises Initiative France ont renouvelé leur partenariat dans le but de développer les territoires en difficulté. Trois questions à Hervé Ducrocq, responsable Crédits pour la Picardie au sein de la direction régionale d’Amiens de Bpifrance Hauts-de-France.

Le 11 septembre, à Paris, Nicolas Dufourcq, président de Bpifrance, la banque publique d’investissement, et Louis Schweitzer, président d’Initiative France, réseau d’accompagnement et de financement des jeunes entreprises, ont signé le renouvellement de leur partenariat. En s’appuyant sur ce réseau de financement et d’accompagnement à la création d’entreprises, la banque publique d’investissement veut encourager l’entrepreneuriat dans les territoires en difficulté. Le gouvernement a attribué à Bpifrance de nouvelles responsabilités autour du développement économique dans les quartiers Politique de la ville. L’intérêt d’une collaboration avec Initiative France consiste entre autres en l’apport d’un réseau, car les habitants de ces quartiers témoignent que le manque de relations avec des banquiers et d’autres entrepreneurs constitue un handicap.

Picardie La Gazette : Pouvez-vous rappeler la nature du partenariat de Bpifrance et du réseau Initiative France ?

Hervé Ducrocq : Nos actions sont complémentaires, Initiative France accompagne les créateurs et repreneurs d’entreprise dans le montage de leur dossier et projet, avec la possibilité de leur octroyer un certain nombre de dispositifs financiers. Et pour ces prêts d’honneur, Initiative France dispose d’une convention permettant d’adosser une partie du risque des prêts d’honneur et d’octroi au dispositif de garantie Bpifrance. Il s’agit donc d’un mécanisme d’assurance et de sécurisation pour une partie des risques engagés sur ses prêts. Ce dispositif existe depuis longtemps, et s’est progressivement élargi, des prêts à la création aux prêts à la transmission.

P.L.G. : Et aujourd’hui, avec le renouvellement de ce partenariat, c’est un nouveau volet qui s’ouvre. Quelles en sont les incidences ?

H.D. : Initiative France va désormais pouvoir accompagner les entreprises existantes, et plus seulement celles qui se créent, en octroyant des prêts de développement aux entreprises de plus de trois ans ayant besoin de fonds de roulement. C’est là tout l’objet de cette nouvelle convention : on élargit la possibilité pour le réseau Initiative de faire garantir ces prêts par Bpifrance, ce que nous faisons déjà pour des entreprises de taille plus importante. Notre action de financement de biens immatériels vient compléter l’offre bancaire, bien adaptée pour le matériel immobilier, mais parfois plus limitée pour couvrir ces besoins immatériel liés à la croissance. Notre dispositif essentiel dans le domaine de la création, c’est la garantie, une garantie qui porte entre 50 et 70% du risque des projets financés par les banques, et qui est aujourd’hui distribuée en réseau bancaire notamment via une convention de délégation, ce qui permet beaucoup de fluidité, les banques pouvant activer et s’auto octroyer notre garantie de façon automatisée. Sur l’activité globale de la garantie de Bpifrance, les finalités de type créations et transmissions représentent 63% de l’activité, que ce soit au niveau national ou régional, et à plus de 70%, ce sont les TPE qui en bénéficient.

P.L.G. : Cette nouvelle convention fait donc bouger les lignes, en élargissant votre périmètre d’action, puisque Bpifrance va reprendre certaines activités de la Caisse des dépôts.

H.D. : Cette nouvelle organisation effective au 1er janvier prochain, a comme finalité de renforcer l’offre d’accompagnement des entreprises, en particulier dans les quartiers. Une réflexion a été engagée en début d’année pour redéfinir plus précisément la ligne de partage entre les métiers assumés par la Caisse des dépôts et ceux assumés par Bpifrance. L’idée de fond est simple, pour résumer : à Bpifrance les entreprises, la Caisse des dépôts se concentrant elle sur les collectivités locales et les offices publics d’HLM. Une répartition qui était déjà en vigueur, seules quelques activités liées à l’entreprise étaient restées dans le giron de la Caisse des dépôts, notamment ce travail qu’elle menait avec les réseaux d’accompagnement. Dans le cadre de cette redéfinition, ce sont les actions, les métiers d’animation et de co-construction et les activités de financements portées par la Caisse des dépôts qui vont migrer au 1er janvier prochain vers Bpifrance. Ce qui viendra renforcer l’idée que Bpifrance est un outil qui intègre un continuum d’interventions à toutes les étapes de la vie d’une entreprise, quelle que soit sa taille. Nous allons ainsi pouvoir élargir notre spectre d’intervention, toujours en synergie avec les acteurs de terrain accompagnant la création, et toucher plus d’entrepreneurs, notamment dans les territoires en souffrance, et en continuant à travailler sur les accélérateurs. L’accompagnement et la formation des entrepreneurs doivent être renforcés, il ne suffit pas de les financer, nous sommes dans un monde complexe où la performance est nécessaire, et les petites entreprises doivent pour ce faire être épaulées.