L’ESPACE RURAL EN PLEINE MUTATION

L’ESPACE RURAL EN PLEINE MUTATION

L’Insee Hauts-de-France a présenté un ensemble de sept études sur l’espace rural en région. L’occasion de revenir sur les disparités démographiques et économiques de la région.

La ruralité, ce n’est pas rien au niveau du territoire et de la démographie », introduit Michel Lalande, préfet de la région Hauts-de-France et préfet du Nord. Avec près de 385 000 habitants, l’espace rural compte pour 6% de la population régionale. Il est réparti sur quatre grands ensembles : le nord-ouest, la couronne autour d’Amiens, ainsi que le nord et le sud de l’Aisne qui concentre 55% de la population rurale. Le tout représente un total de 90 000 emplois, dont une part importante est attribuée à l’agriculture (30%). Malgré sa présence forte, l’emploi agricole décline au profit des métiers de services non marchands, qui constituent près d’un emploi sur deux. « La tertiarisation détruit plus d’emplois qu’elle n’en crée en zone rurale », explique Grégoire Borey, chef de projet d’action régional de l’Insee Hauts-de-France. Le nombre d’exploitations agricoles a, quant à lui, été divisé par deux. Des parcelles sont plus vastes à gérer, ce qui demande un niveau de qualification plus élevé. Le développement des circuits courts et la féminisation du métier ont également modifié le paysage agraire. En 50 ans, la campagne a observé une baisse totale de 7% de l’emploi contre une hausse de 14% en région. L’industrie agroalimentaire et les services maintiennent le taux de chômage de la zone rurale à 13% en 2013. « Les jeunes sont plus souvent orientés vers des formations courtes, plus adaptées par rapport au tissu de l’emploi. » Ainsi, 15% de la population vit sous le seuil de la pauvreté, soit trois points de moins qu’en région, avec une concentration accrue dans le nord-est de l’Aisne.

UN TERRITOIRE ATTRACTIF

« La croissance démographique est plus importante que sur le reste de la région », remarque Grégoire Borey. L’espace rural enregistre une hausse de 11% de sa population contre 6% au niveau régional. Il attire de plus en plus de jeunes couples urbains, avec un ou deux enfants en général. « Les territoires ruraux deviennent un exutoire du monde urbain. » Cet élan marque le développement du parc immobilier, que ce soit dans la construction ou la modernisation de bâtisses déjà existantes. Parmi les territoires, l’Oise remporte la palme de l’attractivité avec une majorité de jeunes couples venus d’Île-de-France pour s’y installer. « Ce sont souvent des professions libérales en temps partagé, des porteurs de projet agricole ou de services, ou du télétravail. »