Lionine, concept écolo inédit

Lionel Deneux, à la tête de Lionine depuis 2013,  peine à séduire une clientèle locale.
Lionel Deneux, à la tête de Lionine depuis 2013, peine à séduire une clientèle locale.

Lionel Deneux, à la tête de Lionine depuis 2013, peine à séduire une clientèle locale.

C’est en sillonnant les routes d’Europe du Nord à bord de son poids lourd que Lionel Deneux a eu l’idée de créer son entreprise, Lionine. Il met dans ce projet toute une vie d’économies, construit seul le bâtiment attenant à sa maison de Wiry-au-Mont d’où il développe un procédé inédit, et en cours de brevetage : la fabrication de granulés biomasse naturels pour le chauffage.

Assis derrière son bureau, Lionel Deneux revient sur la genèse de son projet, né de l’observation des bords de routes scandinaves, « où l’on trouve malheureusement beaucoup de déchets », explique l’ancien routier. Si le traitement des déchets ne relève pas de son domaine de compétences, il décide pourtant de se lancer, en octobre 2013. Lionine est spécialisée dans le traitement des déchets – sauf ceux provenant de la tonte de gazon –, jusque-là rien de bien original, sauf que Lionel Deneux a l’idée d’extraire la lignite de bois, utilisée pour le chauffage, en séparant le cabium (l’écorce) du liber (la fibre faisant circuler la sève vers les feuilles de l’arbre), nocifs pour la combustion et augmentant le taux de cendres. « Avec mon concept, assure Lionel Deneux, le coût pour les collectivités est divisé par deux, d’autant que je privilégie les circuits courts. » Un concept économique donc – 15 kilos de ces granulés assurent 4 heures 10 de chauffage contre 2 heures 48 pour les granulés classiques –, qui aurait dû séduire les municipalités, mais le chef d’entreprise, qui a été lauréat en 2012 du concours Eclosia, peine depuis la création de Lionine à se forger une clientèle. « Je travaille avec une seule commune du canton, les autres n’ont pas donné suite alors que c’est un procédé inédit et de surcroît picard, personne en France comme en Europe ne produit des granulés sans lignite. Mais je n’ai pas vraiment été accompagné dans le développement de mon projet, c’est un secteur où le poids des gros producteurs et distributeurs ne laisse pas forcément de place aux indépendants alors que les discours fleurissent sur l’écologie et l’économie circulaire… », regrette Lionel Deneux, qui propose en plus de la fabrication de granulés d’autres services aux particuliers et professionnels, comme l’installation de poêles et chaudières ou la valorisation des branchages.
Circuit global Pourtant, selon les estimations du dirigeant, avec son concept, un centre de traitement de déchets verts pourrait être installé tous les 50 kilomètres, « soit 11 000 centres de valorisation en France, qui produiraient au total 1,1 million de tonnes de granulés, et permettraient de faire travailler cinq personnes dans chaque centre ». Si Lionel Deneux peine à convaincre dans les Hauts-de-France, il a noué des contacts dans d’autres régions, « prêtes à financer tout ou une partie de l’installation, je suis également en discussion avec une société suédoise, mon concept est exportable dans le monde entier », expliquet-il. Déterminé, Lionel Deneux voit plus loin que la seule fabrication des granulés : « Mon objectif, c’est de développer le traitement des déchets, produire sur place et restituer l’énergie en local, avec une structure dédiée à l’installation du chauffage, pour mettre sur pied un circuit global sans intermédiaire pour le client et non soumis à la dictature de l’énergie. Huit mille tonnes de granulés pourraient ainsi être produites dans la région. »

 

Amélie PÉROZ