Littoral des Hauts-de-France : une économie tournée vers la mer

Une étude de l’Insee confirme que l’économie du littoral des Hauts-de-France est une économie fortement tournée vers la mer. Zoom sur les chiffres avec les acteurs de ce territoire.

Entre industrie et tourisme, le littoral conforte son activité économique en s'ouvrant sur la mer. © altitudedrone
Entre industrie et tourisme, le littoral conforte son activité économique en s'ouvrant sur la mer. © altitudedrone

Le littoral des Hauts-de-France est un territoire qui s’étend de la Bresle à la Flandre maritime. Plus précisément, ce territoire est délimité par les villes du Tréport, à l’interface de la Somme et de la Seine-Maritime, et de Dunkerque, proche de la frontière belge. Sur cette zone des Hauts-de-France, on compte pas moins de 1 069 800 habitants, répartis dans 751 communes, dont l'économie dépend fortement de la mer. L'Insee vient en effet de publier une étude, basée sur les chiffres de 2018, qui confirme, finalement sans grande surprise, cette forte dépendance économique du territoire aux activités maritimes.

Les ports, première source d’emplois

En effet, lorsque l’on observe les chiffres, les ports de Boulogne-sur-Mer, Dunkerque et Calais sont les trois principaux réservoirs d’emplois du territoire. Selon les chiffres de l’Insee, le port de Calais, qui est une structure orientée vers le transport maritime et la gestion des infrastructures, emploie 41 600 personnes. Celui de Boulogne-sur-Mer, qui se distingue par ses activités liées à la pêche et à la transformation des produits aquatiques, comptabilise 44 300 salariés. Dunkerque, considéré comme le premier port industriel et le premier site pour le fret ferroviaire national, emploie, quant à lui, 82 600 salariés. Au total, les trois ports comptabilisent près de 168 500 postes.

Ces ports aux activités complémentaires sont en bonne forme et ne cessent d’innover pour maintenir leurs rendements et leurs emplois. Pour preuve, «à Calais, nous avons décidé, dès 2015, d’investir 860 millions d’euros (dont 270 millions d’euros de financement public), pour changer de dimension, avec la construction notamment de trois nouveaux postes daccostage afin daccueillir des ferries de plus de 200 mètres de long. L’objectif étant de pouvoir gérer davantage de trafic. Nous devons rester compétitif dans notre domaine», annonçait l’ancien président du port, Jean-Marc Puissesseau, lors de l’inauguration de celui-ci.

À Dunkerque, on s’agrandit aussi. «Nous avons fait un terminal ferry supplémentaire sur le quai de la Lorraine. Nous y avons construit une zone de stockage pour les remorques et tracé des files d’attente. On est en train de travailler sur le port pour doubler notre capacité d’accueil au niveau des ferries. Le marché du conteneur s’est grandement développé», précise Franck Gonsse, qui dirige le syndicat des dockers de Dunkerque. A Boulogne-sur-Mer, les entreprises qui transforment le poisson innovent aussi , comme le groupe Unipêche qui a lancé son application WhatFish.

Le tourisme face à de nombreux postes vacants

Mais, toujours selon l’étude réalisée par l’Insee, il n’y a pas que les ports qui sont source d’emplois sur le littoral. Les hôtels, restaurants et autres bistrots de campagne sont plus de 15 000 entre Dunkerque et la Somme. Près d’un emploi touristique sur trois de la région des Hauts-de-France est localisé dans les territoires littoraux. Et le secteur a le vent en poupe, surtout depuis la crise sanitaire et particulièrement cet été avec un taux d’ensoleillement inédit pour la région. Si la fréquentation augmente tous les ans, juillet 2022 a battu des records : on comptabilise pas moins de 6,22 milliards d’euros de consommation pour l'ensemble de la région Hauts-de-France à cette période.

Dans les Hauts-de-France, un emploi touristique sur trois est localisé sur le littoral. © Aletheia Press/M.Railane

Le secteur recrute donc. Mais les candidats, eux, manquent à l’appel. «Pour donner un exemple, sur le Calaisis, 600 postes restent encore à pouvoir et pourtant aucun candidat ne postule, témoigne Pierre Nouchi, président de l’UMIH des Hauts-de-France. Certains restaurants sont contraints de réduire leurs horaires ou leurs jours d’ouverture, afin d’octroyer du repos à leurs salariés.» Pourtant les lycées hôteliers, nombreux sur le littoral, tentent à travers leur communication d’attirer de nouvelles recrues.

L’UMIH a également passé un partenariat avec Pôle emploi pour que les personnes sans diplôme, en reconversion ou éloignées de l’emploi puissent suivre une formation et rejoindre les équipes de ces structures touristiques. Le président de l’UMIH ne perd cependant pas espoir : «Le tourisme dépend de nos structures. Nous devons rester ouverts si nous voulons que les touristes continuent de venir en vacances sur le littoral. J’ai espoir que des jeunes passionnés reprennent le flambeau et que petit à petit les postes vacants soient comblés.»

L’industrie vecteur d’emplois

Dernier secteur porteur d’emploi : l’industrie. Lorsque l’on se base sur l’étude de l’Insee, dont les chiffres datent de 2018, le littoral compte près de 67 000 emplois industriels, soit 17% des emplois du territoire. Une manne économique importante. Ce sont en particulier les secteurs de la métallurgie et de l’agroalimentaire qui sortent du lot. Des chiffres concrets : le secteur de la fabrication de produits métalliques regroupe 13 500 salariés dont près de 4 000 pour ArcelorMittal à Grande-Synthe ; l'agroalimentaire totalise 14 000 emplois, avec pour principal employeur Herta (1 000 salariés), à Saint-Pol-sur-Ternoise.

L'industrie agroalimentaire est très présente sur le littoral, notamment en lien avec les activités de pêche. © Aletheia Press/M.Railane

Mais dernièrement, les entreprises des Hauts-de-France doivent aussi faire face aux difficultés d’approvisionnement et aux coûts élevés de l’énergie, ce qui pourrait à terme impacter les entreprises et donc l'emploi. «Les taux de difficulté des entreprises augmentent fortement», confirme Philippe Hourdain, le président de la CCI Hauts-de-France, qui liste les hausses auxquelles sont confrontées les entreprises : +51% sur les matières premières, +42% sur le transport et +40% sur l’énergie... De quoi inquiéter un secteur industriel pourtant en plein essor ces derniers mois... et qui doit lui aussi faire face à la pénurie de main-d’oeuvre.