Industrie

Mat Friction : des nouvelles lignes de production grâce au Plan de relance

Installé à Noyon, le seul fabriquant de plaquettes de frein français a traversé l'année 2020 sans trop de dommages. Avec les 800 000 euros de subvention du plan France Relance, l'entreprise lauréate pourra investir dès cette année pour se tourner vers un secteur d'avenir, les voitures électriques.


À cette occasion, le sous-préfet de Compiègne, Jean-Paul Vicat, la maire de Noyon, Sandrine Dauchelle et la députée de l'Oise (sixième circonscription), Carole Bureau Bonnard, ont visité l'entreprise.
À cette occasion, le sous-préfet de Compiègne, Jean-Paul Vicat, la maire de Noyon, Sandrine Dauchelle et la députée de l'Oise (sixième circonscription), Carole Bureau Bonnard, ont visité l'entreprise.

C'est le grand défi du Gouvernement : relancer l'économie et la compétitivité des entreprises et des territoires. Parmi la pléthore d'axes de ce plan, l'entreprise isarienne Mat Friction bénéficie du "fonds de soutien aux investissements de modernisation de la filière automobile". Une bonne nouvelle pour l'entreprise industrielle qui a tout de même connu une perte en 2020 : 25% des volumes budgétés n'ont pas été réalisés. Il n'en reste pas moins de grands projets. Tournée vers l'avenir, Mat Friction investit depuis 2015 dans la Recherche et le Développement - en investissant 8 à 10% de son chiffre d'affaires chaque année. « Cette subvention est une aide essentielle pour la R&D et surtout pour évoluer, précise François Augnet, président de Mat Friction. Elle va nous permettre d'aller vers de nouveaux marchés notamment l'électrique, mais aussi de pérenniser l'activité et de conserver des emplois sur le territoire. » Depuis 2015 également, Mat Friction renouvelle ses machines pour rénover l'offre... car elle fabrique elle-même ses produits.

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Le responsable de la production (au centre) et François Augnet (à dr.) présentant les plaquettes de frein moulées.

Une aubaine également pour le secteur de l'automobile : l'entreprise isarienne fabrique en moyenne des plaquettes de frein pour 4 à 5 millions de voitures par an, et pour les plus grands groupes automobiles (580 millions de plaquettes de frein sont produites et commercialisées dans le monde chaque année). « Nous nous évertuons à proposer des produits de très haute qualité, continue le président de l'entreprise. Le système de freinage est un élément crucial lorsqu’il s’agit de préserver la sécurité des automobilistes, et l’entreprise s’efforce de ce fait de proposer des produits qui ne présenteront jamais de dysfonctionnement ».

Des nouvelles lignes

Les grands projets d'avenir sont tournés vers les voitures électriques et les véhicules utilitaires légers (fabrication de matériaux spécifiques). Concrètement, le grand objectif vise à industrialiser une nouvelle gamme très innovante de plaquettes pour véhicules électriques à l’export. Au programme des investissements : achat de nouveaux équipements pour parfaire les lecteurs de plaquettes électroniques, une nouvelle ligne d'encollage et une nouvelle ligne de finition (qui sera en service l'année prochaine). Des investissements qui en disent long sur l'avenir de l'automobile : la nouvelle ligne d'encollage permettra d'utiliser une colle à base d'eau (pour supprimer la colle à base de solvant actuellement utilisée). « La préparation du mélange et le moulage sont au cœur de notre métier, note Mr Braem, responsable de la production de Mat Friction. Nous faisons du moulage 100% à chaud, c'est notre spécialité. » Parce que l'entreprise se différencie de ces différents acteurs par les produits qu’elle propose : elle réalise des dosages différents en termes de matériaux rendant notamment leurs plaquettes plus abrasives que celles des concurrents permettant ainsi d'éviter une rouille rapide. Ce sont aussi, de fait, des plaquettes adaptées aux véhicules électriques. « Nous proposons un service industriel. La force de notre groupe est notre force logistique », note François Augnet.

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De nouvelles lignes de production viendront remplacer celles existantes.

Des investissements qui serviront également à une performance industrielle constante : Mat Friction possède un atelier pilote pour la production d’échantillons, un laboratoire d’analyse des matériaux et d’essais physique et un système d’évaluation du bruit, des vibrations et de la dureté, notamment utilisé pour réaliser des contrôles climatiques. Une prouesse saluée par le sous-préfet de Compiègne, Jean-Paul Vicat, venu visiter l'entreprise le 11 février : « Je suis heureux de constater que la France ait encore des entreprises performantes, encore plus sur notre territoire. »

La robotisation : un tremplin pour la production

Ce qui est marquant dans cette entreprise, c'est l'automatisation de la fabrication. En dix ans, de nombreuses machines ont fait leur apparition aidant à une fabrication plus large. Par exemple, grâce au robot, le moulage est automatisé à 100% et 900 plaquettes sont moulées par heure. Les supports encollés, quant à eux, sont aussi quasiment automatisés en totalité. « Nous sommes dans l’optique de développer des systèmes de freinage sur-mesure adaptés aux besoins de chaque client », affirme le responsable de la production, précisant que le contrôle de la qualité est primordiale car « quand on fabrique une plaquette de frein, on n'a pas le droit à l'erreur ».

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Les lignes sont robotisées.


C'est donc de belles perspectives d'évolution qui s'ouvrent pour cette entreprise mais aussi pour l'avenir du secteur de l'automobile. « Je salue cette détermination de ce fleuron industriel du territoire, exprime Sandrine Dauchelle, maire de Noyon. Nous savons tous que le secteur de l'automobile a été fortement impacté par la crise et c'est une belle avancée ».


Mat Friction en quelques mots

Créée en 1971 et basée à Noyon, elle a été fondée sous le nom d’Abex et ayant appartenu pendant plusieurs années au groupe Federal Mogul. La société picarde a été rachetée en 2015 par le groupe américain MAT, qui fabrique et distribue des équipements principalement pour le secteur de l’automobile, et qui compte aujourd’hui 17 600 employés dans le monde, dont 10 500 sont dédiés à l’automobile, répartis sur 39 sites en Amérique, Europe et Asie. À l’heure actuelle, le site de Noyon emploie quant à lui 195 collaborateurs et a réalisé en 2019 un chiffre d’affaires de 37,9 millions d'euros.


Le fonds de soutien aux investissements de modernisation de la filière automobile

Il est doté de 200 millions d’euros en 2020, et de 600 millions d’euros sur trois ans. Dans les Hauts-de-France, 21 projets lauréats représentant un investissement productif de plus de 50,5 millions d’euros bénéficieront d’un soutien de plus de 23 millions d’euros au titre des fonds de modernisation automobile et aéronautique.