Artisanat

Nacre, bois et métal : Éric Fournier magnifie la matière

Installé à Saint-Paul, Eric Fournier est tabletier graveur. Autodidacte, cet ancien contre-maître de production crée des bijoux et des estampes et restaure des objets d’exception.

Éric Fournier présente une estampe d’un arbre de vie réalisée à partir d’une gravure sur laiton (© Aletheia Press / Benoit Delabre)
Éric Fournier présente une estampe d’un arbre de vie réalisée à partir d’une gravure sur laiton (© Aletheia Press / Benoit Delabre)

Dans un monde où tout va de plus en plus vite, il est des moments, où prendre son temps prend tout son sens. En entrant dans l’atelier d’Eric Fournier, à Saint-Paul, on le comprend rapidement. Ancien contre-maître de production dans l’industrie métallurgique, l’homme est aujourd’hui tabletier graveur. L’un des plus anciens métiers du monde, né en même temps que l’écriture.

C’est en 1996, qu’Éric Fournier a été piqué par la passion, à l’occasion de la création du Musée de la nacre et de la tabletterie à Méru. « J’ai proposé au conservateur chargé de la mise en place du musée d’y intégrer un atelier de création et de production et de refaire des objets à partir des outils présentés dans le musée », raconte-t’il. Et depuis 2009, Éric Fournier est à son compte, comme artisan d’art. « L’avantage, maintenant, c’est que je travaille pour moi... C’est plus un plaisir qu’un travail, et ça me permet de rester actif. »

Des bijoux pour les particuliers

Au début, il travaille uniquement la nacre et le bois. Autodidacte, Éric Fournier passe plusieurs années à rencontrer des anciens du métier pour acquérir les bons gestes et le savoir-faire. « Il ne reste plus que quelques spécialistes dans l’industrie du bouton et des dominos, et, malheureusement, plus personne dans le domaine de la fabrication et l’ornementation des objets luxueux vendus sur les places parisiennes. »

Pour se perfectionner, il rejoint aussi l’école Boulle où il suit une formation de gravure ornementale sur métal. L’occasion de parfaire son dessin autant que sa technique de gravure. « La gravure sur métal se fait au burin, tout comme sur la nacre, explique l’artisan. Ce sont les mêmes outils ». De ces travaux sur métal, l’homme tire des estampes numérotées. Maximum 80 exemplaires, tous uniques, puisqu’imprimés sur vélin d’arches.

La gravure au burin est un travail long et minutieux, qui suppose aussi une parfaite maîtrise du dessin. (c)Aletheia Press / Benoit Delabre

Ses créations, faites de patience et de précision, Éric Fournier les expose dans des salons d’art. « En temps normal, j’en fait quatre ou cinq par an, notamment à Compiègne ou à Senlis ». Ses pièces sont achetées par des particuliers qui savent apprécier la beauté d’un bijou en nacre. Ainsi, un pendentif en nacre gravé, sur lequel est posé une monture en argent, est vendu 50 euros pièce. Les papillons, libellules et arbres de vie sont particulièrement prisés.

Un lit de l’époque Ming

Mais surtout, ces salons ont été l’occasion pour Éric Fournier de se faire remarquer des antiquaires. Il réalise ainsi des restaurations d’objets anciens, souvent en nacre et en bois. Ainsi, il travaille actuellement à la restauration d’un lit chinois du XIIIe siècle. 820 pièces en nacre sont à faire pour ce meuble d’exception. Un défi qui n’effraie pas notre artisan qui a déjà travaillé sur un lit datant de l’époque Ming. « Ce sont des pièces qui valent plus d’un million d’euros ! Je n’espérais pas travailler un jour sur des meubles de cette qualité là... » L’aboutissement de beaucoup de travail...