Négocier son contrat d'électricité : pourquoi pas à plusieurs ?

Dans un contexte volatil, outre les nécessaires économies d'énergie, chacun cherche des solutions pour tempérer sa facture d'électricité. À l'invitation de la CCI de l'Oise, Collectif Energie a défendu le principe des achats groupés.

Se regrouper pour négocier (voire déléguer l'achat) devient une option sérieuse pour limiter stress et risques, face à un marché de l'électricité très volatil. (© Aletheia Press / B.Delabre)
Se regrouper pour négocier (voire déléguer l'achat) devient une option sérieuse pour limiter stress et risques, face à un marché de l'électricité très volatil. (© Aletheia Press / B.Delabre)

« Nous ne sommes pas dans une crise de quelques mois, mais bien dans une crise qui va s'installer dans la durée ». Invité à par la CCI de l'Oise à partager son expertise, Antoine Garcin, directeur régional de Collectif Energie, ne ménage pas le suspense. Si tout le monde cherche aujourd'hui des solutions pour une adaptation à court terme, pour répondre à l'urgence, pour lui, la question du coût de l'énergie devient un sujet de préoccupation à prendre à bras-le-corps sur le moyen terme.

Au-delà des aides du moment et des économies d'énergie, il conseille donc de réfléchir dès aujourd'hui aux négociations à mener pour les prochains contrats. Et il préconise fortement d'envisager des regroupements pour se faire. « Lors de la négociation, il y a évidemment une question de taille critique », explique-t-il. D'où l'idée d'un achat groupé, pour atteindre cette taille critique, et aussi pour « bénéficier d'un partage d'expertise » au moment d'entamer la négociation.

Limiter les risques d'à-coups

Une option qui peut notamment permettre de fixer le prix en trois fois sur l'année, et d'entrer dans une stratégie de gestion du risque plutôt que celle du pari. « On peut ainsi séparer la phase de la négociation, qui demande du temps pour être bien menée, de celle de la prise de décision, qui elle demande d'être très rapide », poursuit Antoine Garcin. Cela lisse les achats et limite les risques liés aux à-coups budgétaires.

Tout l'inverse de la négociation classique (l'entreprise fait le tour des fournisseurs) qui ne correspond plus vraiment aux exigences d'un marché très volatil. Les durées de validité des offres sont devenues extrêmement courtes, et ne laissent ni le temps d'en mesurer toutes les conséquences ni de réellement comparer les offres. Surtout lorsqu'on ne connait pas bien les formules de constitution du prix.

Connaître son profil de consommation

Néanmoins, cette option du regroupement est à manipuler avec précaution pour être efficace. En effet, le prix de l'électricité n'est pas seulement fonction du volume consommé mais aussi du type d'activité. Le prix se constitue en effet d'un « base load » calculé sur une consommation moyenne régulière, auquel vient s'ajouter un « peak load » pour les pics de consommation. Et ces derniers peuvent coûter très cher. « Si vous voulez vous regrouper avec d'autres entreprises, choisissez donc des entreprises qui ont le même profil de consommation que la vôtre », résume Antoine Garcin.

Par exemple, une entreprise agroalimentaire a, avec ses zones réfrigérées, une consommation « base load » importante (jusqu'à 95%). Elle n'aura donc pas intérêt à se regrouper avec une entreprise qui a d'importants pics de consommation en journée, mais une consommation presque nulle la nuit. Le gain du regroupement sera bien trop faible par rapport au surcoût engendré par le « peak load » du voisin. « La capacité de négociation d'une entreprise porte potentiellement sur seulement 5% du prix. Cela va porter sur quelques euros par MWh, rappelle Antoine Garcin. Mais un peak load peut peser plusieurs centaines d'euros par MWh dans la facture. » Le poids de la décision peut être lourd...